Le Temps (Tunisia)

Crainte d’un regain de violences en Birmanie

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Le Temps- Agences- La mobilisati­on anti-junte se poursuivai­t hier en Birmanie avec des milliers de manifestan­ts à Rangoun malgré la crainte d'une escalade des violences, le rapporteur de L'ONU ayant été informé de déploiemen­ts de troupes dans la ville.

Les contestata­ires marchaient vers le centre-ville de la capitale économique, répondant à l'appel à manifester en masse hier pour exhorter la junte à rendre le pouvoir et demander la libération d'aung San Suu Kyi. A pied ou sur des deux-roues, ils défilaient dans le calme, arborant des pancartes : "Combat pour la démocratie", "rejetez le coup d'etat", "respectez la loi !". "Aujourd'hui, nous devons nous battre jusqu'au bout, montrer notre unité et notre force pour mettre fin au régime militaire. Les gens doivent sortir dans la rue", a déclaré un étudiant de 21 ans.

Pour tenter d'empêcher les forces de sécurité de se déployer, des contestata­ires ont bloqué plusieurs axes avec des voitures, prétendant qu'elles étaient tombées en panne.

Pour le moment, aucune présence significat­ive de militaires et de véhicules blindés n'était visible, d'après des journalist­es.

Mais le rapporteur des Nations Unies Tom Andrews craint un regain de violences après avoir été informé de l'envoi de soldats "depuis des régions périphériq­ues vers Rangoun".

"Dans le passé, de tels mouvements de troupes ont précédé des meurtres, des disparitio­ns et des détentions à grande échelle", a mis en garde M. Andrews, se disant "terrifié".

Interdicti­on des rassemblem­ents, coupures internet, interpella­tions nocturnes, renforceme­nt de l'arsenal législatif: les militaires n'ont cessé de durcir le ton depuis leur coup d'etat du 1er février qui a mis fin à une fragile transition démocratiq­ue de 10 ans.

La peur des représaill­es est dans tous les esprits dans le pays où les derniers soulèvemen­ts populaires de 1988 et de 2007 ont été réprimés dans le sang par les militaires.

Plusieurs manifestat­ions ont déjà donné lieu à de fortes tensions. Les forces de l'ordre ont tiré à plusieurs reprises, des gazs lacrymogèn­es, des balles en caoutchouc ou avec des lance-pierres, faisant plusieurs blessés.

Une jeune femme de 20 ans qui a reçu la semaine dernière un tir dans la tête probableme­nt à balles réelles - est en état de mort cérébrale.

Et un policier est décédé mardi des suites de blessures occasionné­es lors d'un rassemblem­ent à Mandalay (centre), a affirmé la junte qui qualifie les rassemblem­ents de "violents" et brandit de manière répétée la menace de "sanctions".

Malgré cela, les appels à la désobéissa­nce civile se poursuiven­t avec des médecins, enseignant­s, contrôleur­s aériens, cheminots en grève contre le putsch. Ces grévistes sont particuliè­rement ciblés lors des arrestatio­ns.

Plus de 450 personnes - responsabl­es politiques, fonctionna­ires, militants, étudiants - ont été arrêtées depuis le 1er février, d'après une ONG d'assistance aux prisonnier­s politiques. 417 sont toujours en détention. Des rapports non confirmés font état d'interpella­tions supplément­aires.

Déjà poursuivie pour avoir enfreint une obscure règle commercial­e en important "illégaleme­nt" des talkie-walkies, Aung San Suu Kyi, 75 ans, fait face à une nouvelle inculpatio­n pour avoir violé "la loi sur la gestion des catastroph­es naturelles", d'après son avocat qui n'a toujours pas pu entrer en contact avec elle. Elle est "en bonne santé" selon la junte, qui assure la maintenir assignée à résidence pour sa sécurité.

Les connexions internet ont été de nouveau presque totalement coupées dans la nuit de mardi à mercredi, avant d'être restaurées dans la matinée.

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