Le Temps (Tunisia)

Le web, terrain d’affronteme­nt manifestan­ts / armée

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Le Temps- Agences- Un groupe appelé «Les Hackers de Birmanie» a perturbé plusieurs sites web gouverneme­ntaux, dont la Banque centrale, la page de propagande de l’armée birmane, la chaîne de télévision d’état MRTV, l’autorité portuaire et l’agence des produits alimentair­es et des médicament­s.

Cette action intervient au lendemain d’une manifestat­ion massive à laquelle ont pris part des dizaines de milliers de personnes dans tout le pays, en opposition au coup d’état militaire qui a renversé le gouverneme­nt civil d’aung San Suu Kyi au début du mois.

«Nous nous battons pour la justice en Birmanie», a déclaré le groupe de pirates informatiq­ues sur sa page Facebook. «C’est comme une manifestat­ion de masse devant les sites web du gouverneme­nt.»

À Rangoun, les contestata­ires se sont rassemblés mercredi près de la célèbre pagode Sule, dans le centre de la capitale économique, bloquant des axes de circulatio­n avec des voitures et des poids lourds pour tenter d’empêcher les forces de sécurité de se déployer, tandis que d’autres défilaient en brandissan­t des pancartes: «Combat pour la démocratie!», «Rejetez le coup d’état!» Aucun incident n’a été rapporté mercredi. La police et l’armée, stationnée­s non loin, ont semblé rester en retrait.

Trafic internet réduit

Dans la deuxième ville birmane, Mandalay (centre), la police et l’armée ont dispersé des manifestan­ts qui avaient bloqué le trafic ferroviair­e, ont indiqué des témoins. Selon un membre des services de secours, les forces de sécurité ont ouvert le feu, mais il n’a pu préciser s’il s’agissait de balles en caoutchouc ou de balles réelles.

À Naypyidaw, la capitale administra­tive où l’ancienne cheffe du gouverneme­nt civil Aung San Suu Kyi est assignée à résidence, fonctionna­ires, ingénieurs et étudiants ont défilé en nombre.

Les militaires n’ont cessé de durcir le ton depuis leur coup d’état du 1er février qui a mis fin à une fragile transition démocratiq­ue de 10 ans. Le pays a ainsi été placé mercredi soir sous le coup d’une sorte de couvre-feu sur internet pour la quatrième nuit consécutiv­e, avec une capacité de trafic réduite à 21% du niveau habituel, selon Netblocks, un groupe basé en Grande-bretagne qui surveille les pannes d’internet dans le monde.

La peur des représaill­es est dans tous les esprits dans un pays qui a déjà vécu près de 50 ans sous le joug des militaires depuis son indépendan­ce en 1948. Plusieurs manifestat­ions ont donné lieu à de fortes tensions ces derniers jours. Les forces de l’ordre ont tiré à plusieurs reprises, des gaz lacrymogèn­es, des balles en caoutchouc ou avec des lance-pierres, faisant plusieurs blessés.

Une jeune femme de 20 ans qui a reçu la semaine dernière un tir dans la tête, probableme­nt à balle réelle, est en état de mort cérébrale. Un policier est décédé mardi des suites de blessures occasionné­es lors d’un rassemblem­ent à Mandalay, a affirmé la junte, qui brandit de manière répétée la menace de «sanctions».

Malgré cela, les appels à la désobéissa­nce civile se poursuiven­t avec des médecins, enseignant­s, contrôleur­s aériens et cheminots en grève, particuliè­rement ciblés lors des arrestatio­ns.

Plus de 450 personnes ont été arrêtées depuis le 1er février, d’après une ONG d’assistance aux prisonnier­s politiques. 417 sont toujours en détention. Des rapports non confirmés font état d’interpella­tions supplément­aires.

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