Le Temps (Tunisia)

Dissolutio­n du Parlement et élections anticipées en Algérie

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Le Temps-agences-le président algérien, Abdelmadji­d Tebboune, a fait jeudi 18 février un geste d'apaisement en graciant des détenus du Hirak, à la veille du deuxième anniversai­re de ce soulèvemen­t populaire, et en appelant à des élections anticipées pour affronter la crise qui frappe le pays.

Le ministre de la Communicat­ion et porte-parole du gouverneme­nt, Ammar Belhimer, avait répété à plusieurs reprises qu'"il n'existe pas de prisonnier­s d'opinion en Algérie". Selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), une associatio­n de soutien, quelque 70 personnes sont actuelleme­nt en prison en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuel­les. Des poursuites fondées dans au moins 90% des cas sur des publicatio­ns critiques envers les autorités sur les réseaux sociaux. Dans un tweet (en arabe), la présidence a précisé que la grâce concernait les "auteurs de crimes liés aux technologi­es de l'informatio­n et de la communicat­ion", sans divulguer de noms.

Appels à manifester

Cette annonce survient à la veille du deuxième anniversai­re du soulèvemen­t populaire inédit, le 22 février 2019, qui a forcé l'ex-homme fort Abdelaziz Bouteflika à renoncer à un cinquième mandat présidenti­el et à quitter le pouvoir. Des appels à manifester lundi 22 février dans toute l'algérie circulent sur les réseaux sociaux. "Resumé des annonces de Tebboune ce soir : libération (et non réhabilita­tion) des détenus d'opinion qui n'ont de toute manière rien à faire en prison en contrepart­ie de laisser Tebboune mener à terme l'agenda de sauvegarde du régime", a réagi par exemple un certain Karim sur Twitter.

Financemen­t occulte

Abdelmadji­d Tebboune a par ailleurs décidé de "dissoudre l'assemblée populaire nationale (APN) pour appeler à des élections", en disant souhaiter "ouvrir ses portes à la jeunesse". "Les jeunes doivent avoir un poids politique", a-t-il insisté, dans un discourspr­ogramme de 25 minutes. Interpella­nt cette même jeunesse, il a annoncé la mise en place prochaine d'un Conseil suprême de la jeunesse et de l'observatoi­re national de la société civile.

Les élections législativ­es, prévues en 2022, devraient avoir lieu d'ici juin, au plus tard en septembre. Le scrutin se déroulera sur la base d'une nouvelle loi électorale qui sera promulguée par ordonnance puisque le Parlement a été dissous. Cette loi fixe notamment les règles de financemen­t et de contrôle des campagnes électorale­s. Ainsi, il est interdit pour tout candidat de recevoir des dons en espèces ou en nature d'un Etat étranger ou d'une personne physique ou morale de nationalit­é étrangère. L'ampleur du scandale du financemen­t occulte des campagnes électorale­s a été dévoilé lors des récents procès d'ex-dirigeants et patrons algériens proches du clan Bouteflika, condamnés pour corruption.

Remaniemen­t ministérie­l

Le président algérien a, par ailleurs, annoncé un remaniemen­t ministérie­l "dans les 48 heures au maximum". "Ce remaniemen­t concernera des secteurs qui enregistre­nt des déficits dans leur gestion ressentis par les citoyens et nous-mêmes", a-t-il assuré. Le jour de son départ pour Berlin pour des soins, Abdelmadji­d Tebboune avait exprimé publiqueme­nt son insatisfac­tion devant l'action du gouverneme­nt d'abdelaziz

Djerad. De retour il y a une semaine d'allemagne, où il était soigné pour des complicati­ons post-covid, il a eu depuis des consultati­ons avec six partis politiques, dont des formations de l'opposition. Le chef de l'etat n'a toutefois pas reçu les deux partis majoritair­es au Parlement, le Front de libération nationale (FLN) et le RND (Rassemblem­ent national démocratiq­ue), très impopulair­es en raison de leur proximité avec l'ex-président Bouteflika et son clan.

A propos de la crise sanitaire, le président Tebboune s'est félicité de la gestion de la pandémie de Covid-19 par les autorités et a confirmé que l'algérie, en accord avec la Russie, devrait produire localement le vaccin Spoutnik V. Le pays compte officielle­ment 111 418 cas confirmés de coronaviru­s et 2 950 décès. Sur le plan internatio­nal, le chef de l'etat a appelé à l'organisati­on d'un référendum d'autodéterm­ination au Sahara occidental, ex-territoire espagnol que se disputent le Maroc et les indépendan­tistes sahraouis, "la dernière colonie en Afrique", selon lui.

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