Répression à outrance, arrestations abusives et Kaïs Saïed sollicité
Le nombre de mouvements de protestations enregistrés tout au long des 24 premiers jours du mois en cours dépasse 1183 mouvements.
Le nombre de mouvements de protestations enregistrés tout au long des 24 premiers jours du mois en cours dépasse 1183 mouvements. C’est dire que, du 1er au 23 février 2020, la Tunisie observe quotidiennement 50 mouvements de protestation dont au moins 90% de nature anarchique. Ces données ont été communiquées, hier, par le Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux (FTDES).
Les mouvements de protestation observés, tout au long du mois de février, se sont traduits majoritairement sous forme de sit-in. Chiffres à l’appui. D’après le FTDES, l’ensemble des sit-ins observés à travers le pays accumule 944 jours de sit-in, représentant environ 80% de l’ensemble de protestations.
Une demande de grâce
La répartition géographique des mouvements fait apparaître une concentration dans le Centre-ouest de la Tunisie avec 544 mouvements de protestation alors que le Nord et le Sud-est connaissent respectivement 304 et 244 mouvements de protestation. Face à la crise sociale, le gouvernement préfère le recours à la répression policière. Le ministère public est ainsi mobilisé pour poursuivre les manifestants en Justice. Les arrestations se font de plus fréquentes de telles sortes que le nombre des personnes arrêtées (arbitrairement parfois abusivement), dans la foulée des protestations sociales, dépasse 1960 dont la majorité sont des mineurs.
Ces jeunes risquent des peines allant vers 12 mois d’emprisonnement pour la simple raison qu’elles ont été filmés par les services de la police technique durant les manifestations. Entretemps, Nabil Karoui, chef du parti Qalb Tounes, accusé de blanchiment d’argent se trouve libéré sous caution de 10 millions de dinars. La justice ne fait pas pareil vis-à-vis les manifestants.
Raison pour laquelle, le collectif de soutien aux mouvements sociaux en Tunisie, a sollicité le Président de la République pour une éventuelle grâce en vue de la libération des jeunes détenus.
C’est à travers une lettre envoyée au Président que le collectif a demandé à Kaïs Saïed d’user de son droit de grâce en faveur de la jeunesse des quartiers populaire condamnés pour participation aux mouvements sociaux.
«Depuis le 14 janvier dernier, une vague d’arrestations sans précédent a eu lieu suite aux mouvements sociaux et de protestation légitimes de la jeunesse. Des arrestations arbitraires et abusives ont touché de nombreux jeunes dont environ 300 mineurs des quartiers populaires et marginalisés, mais aussi des militants de la société civile», indique-t-on dans la lettre qui adressée encore à Kaïs Saïed ; « Vous ne pouvez accepter que des jeunes soient condamnés à la suite de procédures judiciaires illégales. Beaucoup ont été arrêtés chez eux, brutalisés et torturés, sans avoir accès à un avocat, et condamnés sur la base de dossiers quasi-vides, sans éléments probants».
La migration irrégulière en vogue
D’après les données, communiqués, aussi, par le FTDES, le nombre des Tunisiens débarquant sur les côtes italiennes (depuis le 1 janvier 2020) d’une façon irrégulière avoisine 558 migrants irréguliers. Un nombre assez élevé en comparaison à la même période une année avant, dont le nombre ne dépassait pas 94 migrants. Même constat, pour les tentatives de migration empêchées par les autorités Tunisienne. Ainsi, 1051 migrants ont été interceptés par les services de la Garde Nationale, suite à l’empêchement de 64 opérations de migration irrégulière. La Tunisie devient officiellement garde côte de l’europe dans le cadre d’un accord bilatéral. À ce propos, le FTDES, à travers son responsable-média, Romdhane Ben Amor, évoque la présence des dispositifs techniques israéliens sur les frontières. Des dispositifs alloués, normalement, au contrôle de l’immigration irrégulière.