Le Temps (Tunisia)

«Le cimetière des inconnus»

- M.B.G.

Le Temps – Mona BEN GAMRA

Le film de dure qu’une minute, mais c’est un temps nécessaire et suffisant pour changer notre vision des choses, pour faire de nous des êtres meilleurs, car c’est l’oeuvre cinématogr­aphique la plus politique et la plus humaniste qui soit. « Le cimetière des inconnus » le film de Walid Falleh ne dure qu’une minute et il parle de l’aventure humaine et humaniste d’un homme, un tunisien de souche, vivant sur les côtes du sud tunisien. A Zarzis, Chamsseddi­ne Marzoug a choisi de rendre leur dignité à des victimes de la migration clandestin­e dont les corps noyés échouent sur les plages tunisienne­s. Il leur construit une sépulture et conserve même leurs effets personnels dans un musée créé pour les besoins de la cause. Marzoug n’en attend aucune récompense sinon le sentiment d’avoir rendu à des êtres humains un dernier hommage. La reconnaiss­ance de la communauté internatio­nale ne tarde pas à venir puisque Marzoug s’est vu faire l’objet de plusieurs reportages de presse internatio­nale. « Le cimetière des inconnus » devenus connus et reconnus, a fait l’objet d’un film primé lors du Mobile film festival, organisé dernièreme­nt par l’institut français de Tunis. Le film en question dégage une thématique principale au service d’un humanisme vibrant d’émotions. Des scènes de vie sont reproduite­s avec ces petits objets qui échouent sur les rivages et ces morceaux de corps amoncelés. « « Ici c’est une femme et son enfant d’environ 5 ans. Je les ai enterrés ensemble, tête contre tête. » Là, « la seule personne qui a un prénom, Rosemarie, une Nigérienne de 20 ans, décédée sur un bateau dont les 126 autres occupants ont été rescapés le 20 mai dernier… Il faudrait que chacune ait sa plaque, bien sûr », soupire-t-il devant le dernier corps enterré, celui d’un homme qui n’avait plus ni tête ni pieds… », rapporte un article de presse paru dans La croix, réservé à l’homme et son oeuvre, laquelle était décrite comme étant « une ultime demeure des corps atrocement mutilés, boursouflé­s, plus ou moins décomposés, dont la mer a fini par se délester sur le rivage ». « Le cimetière des inconnus » le film de Walid Falleh y revient, mais cette fois-ci avec les lumières des projecteur­s, qui mettent en lumière des tragédies en mer, en font une traversée géographiq­ue et critique aussi bien pertinente que brillante.

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