Les trésors cachés de la Manouba
Le Temps-hatem BOURIAL Plusieurs monuments classés ainsi que des sites archéologiques et historiques sont éparpillés dans le gouvernorat de la Manouba. Inventaire d'un patrimoine qui attend d'être mis en mouvement.
Dans le grand Tunis, le gouvernorat de la Manouba fait figure de parent pauvre des flux touristiques et des investissements culturels. Pourtant, cette région regorge de monuments et de sites à découvrir. Certains éléments du patrimoine local sont d'ailleurs classés depuis la fin du dix-neuvième siècle comme Henchir Messadine où se trouve un caveau funéraire antique protégé depuis mars 1899.
Sites antiques et beylicaux
C'est de ce site que provient la fameuse mosaïque de Daniel dans la fosse aux lions qui compte parmi les pièces maîtresses du musée du Bardo. De fait, les sites antiques ne manquent pas à la Manouba. La ville de Tebourba qui fut la Thuburbo minus du passé possède un amphithéâtre romain. À Oued Ellil, on peut encore voir les arcades de l'aqueduc d'hadrien alors qu'une basilique chrétienne se trouve à Henchir Messadine.
Plusieurs autres monuments de la région remontent au dix-neuvième siècle. C'est le cas du palais de Mourad Bey ou de Kobbet Ennhass ou encore du palais Khereddine. Le palais Hamouda Pacha fait lui aussi partie de ces monuments historiques dont certains ont été classés au cours de la dernière décennie du vingtième siècle grâce aux efforts de l'institut national du patrimoine.
De Tebourba et Jedeida à El Battan
Plusieurs édifices religieux se trouvent à Tebourba et ont été classés à l'instar de la zaouia de Sidi Ben Aissa et celle de Sidi Ali Azzouz. L'ancienne église devenue une bibliothèque publique a pour sa part été classée en septembre 2000. Enfin, deux ouvrages hydrauliques doivent être mentionnés. Il s'agit du pont d'el Battan et du sbil Hamouda Pacha qui se trouve à la Manouba, cité des vergers et des villégiatures bucoliques.
L'association Manouba pour les monuments et la culture (AMMC) fait de grands efforts pour dynamiser ce patrimoine en prenant appui sur le palais de la Rose qui abrite actuellement le Musée militaire. En synergie avec les services culturels de la région et les structures du gouvernorat, cette association tente tant bien que mal d'attirer l'attention du public sur un patrimoine singulier et spécifique à la région. Plusieurs gisements existent du côté d'el Battan, Borj el Amri ou Jedeida qui n'attendent que leur restauration. Ne manquant pas d'attrait, toute la région mérite une meilleure mise en valeur patrimoniale.
Déséquilibres flagrants pour le tourisme et la culture
C'est en effet un cruel paradoxe de constater que cette ville qui compte l'un des campus les plus importants du pays, reste sousequipée au niveau culturel. De plus, l'existence d'une immense oliveraie et de moulins traditionnels pour la pression de l'huile invite à des découvertes aux saveurs d'ėglogue. Comme les gouvernorats de Ben Arous et de l'ariana, plusieurs atouts existent à la Manouba mais sont laissés en friche. Le grand Tunis en subit un déséquilibre flagrant en termes de tourisme et culture.
Les municipalités seront-elles le vecteur d'un renouveau qui se fait toujours attendre? Rien ne le laisse présager dans des régions riches patrimonialement mais restées en marge des flux majeurs.