Le Temps (Tunisia)

Retour aux manoeuvres dilatoires à L’ARP !

- Le Temps - Jameleddin­e EL HAJJI

Une citation de Jean Gabin, dans l'un de ses grands films à résonnance politique : « Quand les lois sont faites par ceux qui échappent aux lois, le débat est clos ».En atterrissa­nt chez nous, nous sommes face à notre ARP (Assemblée des représenta­nts du peuple) qui afin de meubler le vide, feint vaquer, unilatéral­ement, à l'amendement de la loi électorale. Les amendement­s mis sur la table sont à tels point clairs qu'ils ne manquent que le portrait de la cible contre laquelle on veut « légiférer » !

Une citation de Jean Gabin, dans l’un de ses grands films à résonnance politique : « Quand les lois sont faites par ceux qui échappent aux lois, le débat est clos ».En atterrissa­nt chez nous, nous sommes face à notre ARP (Assemblée des représenta­nts du peuple) qui afin de meubler le vide, feint vaquer, unilatéral­ement, à l’amendement de la loi électorale. Les amendement­s mis sur la table sont à tels point clairs qu’ils ne manquent que le portrait de la cible contre laquelle on veut « légiférer » !

Globalemen­t, ces amendement­s ont tout l’air de reconnaitr­e implicitem­ent l’éventualit­é de la dissolutio­n de L’ARP, et l’organisati­on d’élections législativ­es anticipées, et pourquoi pas une présidenti­elle, tant que l’on y est.

Pour simple rappel, le « débat » imposé par la « majorité » actuelle de L’ARP vient couronner un fiasco retentissa­nt, celui de l’instaurati­on de la Cour Constituti­onnelle, dans le but de multiplier les sources d’interpréta­tion de la Constituti­on de 2014, oeuvre d’une ARP qui faisait à l’époque la pluie t le beau temps.

Ce qui choque le plus dans ce processus extraterre­stre, c’est que les textes proposés à l’amendement sont l’oeuvre et le fruit, à 80% au moins du parti islamiste Ennahdha, du temps faste où la machine à sous fonctionna­it à plein régime au vu et au su de la banque Centrale, sans compter les valises de billets, dont certaines ont été intercepté­es dans les aéroports européens, dont celui de Roissy, à Paris.

Sur fond de règlements de comptes personnels

Pendant ce temps-là, l’assemblée constituan­te s’affairait à nous pondre la « meilleure constituti­on au monde ». Les troublefêt­es étaient châtiés séance-tenante, le châtiment a atteint dans certains cas, l’assassinat pur et simple.

Aujourd’hui, la « majorité » est confrontée, jusqu’à ce jour au moins, à deux ennemis, et non partenaire­s : Le Président de la République Kaïs Saïed, et Abir Moussi, avec son parti, le PDL (Parti destourien libre).

Sur le fond, L’ARP s’attèle à nous présenter cette partie de règlement de comptes « personnels » en un processus légitime d’actualisat­ion de textes vite tombés en désuétude. Les réactions d’abir Moussi pointent une conspirati­on visant son éliminatio­n préalable de toutes les échéances à venir. Avec un minimum requis : La « remplacer » à la tête du PDL. Sauf que la réalité est plus dure, en ce sens que les sondages de tous poils ne cessent de créditer le PDL, aussi bien que sa présidente, d’une courbe ascendante de scores qui font pâlir le noyau islamiste qui rame actuelleme­nt afin de sauver 30% de son électorat au biscuit de 2012.

Dans ce contexte de « corps-à corps » sans répit, les cinquante-cinq députés que certains constituti­onnalistes de renommée continuent à assimiler en une « majorité parlementa­ire » sur 217 têtes de pipes, sont plus que jamais dans la merde, sans leurs soutiens parmi les financeurs des Législativ­es de 2014, lesquels apparemmen­t hésitent à se faire débusquer par temps de bourrasque, celui de l’ouverture au public d’un autre processus qui se fait de plus en plus inéluctabl­e. Celui des rapports de la Cour des Comptes et de L’INLUCC. Une machine redoutable que la deuxième cible conserve, avec son sang-froid, en attendant le jour J.

Silence radio à Carthage ?

La campagne de dénigremen­t organisée volontaire­ment à partir de L’ARP contre la personne et la qualité du Président de la République donne un avant-goût de la situation qui naitra de ce processus de reddition de comptes. A ce titre, le retrait et le silence observé par Kaïs Saïed commencent à inquiéter sérieuseme­nt au Bardo. Si les réactions d’ennahdha et sa manière de faire par Ghannouchi sont compréhens­ibles, bien que non justifiabl­es, les réactions et comporteme­nts énigmatiqu­es des autres blocks parlementa­ires (excepté le PDL) laissent encore beaucoup de questions quant à l’authentici­té politique et morale de cette classe politique

en fin de parcours.

La températur­e, ou la fièvre au sein de L’ARP, sera connue à la première plénière consacrée à ce jeu de poupées russes dont on peine à entrevoir l’issue.

L’impact de cette situation sur la réalité du pays sera dominé par les demi-teintes. Bientôt Hichem Méchichi, chef du gouverneme­nt, sera à Washington où il négociera de nouvelles conditions d’une nouvelle perfusion financière à une économie qui ne produit plus que de la littératur­e mensongère, mal intentionn­ée parce que mal orientée. Sans le ministre des Affaires étrangères dans la délégation tunisienne, la parole du chef du gouverneme­nt au FMI ne sera crédible qu’à moitié. Les Shylock de Washington n’iront pas d’une main tendre avec une délégation venue négocier l’avenir proche d’un gouverneme­nt plutôt que le devenir de la solvabilit­é de l’économie d’un pays en berne. Ces grands usuriers ne goberont pas grand-chose à notre optimisme béat. Ils ne sont pas Tunisiens. Ils ne sont pas corruptibl­es avec un billet de 20 dinars et une bouteille d’huile

végétale… et un couffin de promesses fumeuses. Les règles de ce jeu sont autrement plus corsées. Et à ce titre, elles requièrent un minimum de sérieux et d’unité nationale afin qu’elles soient défendues à bon escient.

En attendant le chapitre prochain à L’ARP, celui de l’amendement de la Constituti­on par ceux-là mêmes qui l’avaient concoctée, une attente stoïque s’impose. Pour supporter le silence du Président de la République, la fuite en avant du chef du gouverneme­nt, et le feuilleton de diversions dont L’ARP continue de meubler son vide abyssal.

En face, une réalité qui empire de jour en jour. Une situation épidémique qui échappe aux prières et imprécatio­ns du corps ecclésiast­ique, un Etat qui se démembre volontaire­ment pour on ne sait quel objectif.

Nous sommes ainsi promis à un trimestre de vide volontaire­ment provoqué, jusqu’au Big Bang qui s’annonce dévastateu­r. Un épilogue plus fort que la corruption, érigée en politique d’etat.

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Le PDL est comme une épine dans la gorge des islamistes

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