Nous avons toutes « Les raisons d’espérer »

L’immigration clandestine, ses fantasmes irraisonnés, ses brutales désillusions, voici un sujet puissant où l’humain aurait toute sa place et c’est l’objet de ce spectacle signé Sihem Belkhouja, donné à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la dance. « Les raisons d’espérer », une chorégraphie pour quatorze danseurs, où quatorze héros désenchantés tracent des trajectoires distinctes d’une danse qui relate ces inconnus tentant de passer vers l’autre rive, tendant vers un ailleurs sublimé. Malgré la rudesse du sujet, le message d’espoir est là nous rappelant, un tant soit peu, que nous avons toutes les « raisons d’espérer. »…

L’immigration clandestine, ses fantasmes irraisonnés, ses brutales désillusions, voici un sujet puissant où l’humain aurait toute sa place et c’est l’objet de ce spectacle signé Sihem Belkhouja, donné à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la dance. « Les raisons d’espérer », une chorégraphie pour quatorze danseurs, où quatorze héros désenchantés tracent des trajectoires distinctes d’une danse qui relate ces inconnus tentant de passer vers l’autre rive, tendant vers un ailleurs sublimé. Malgré la rudesse du sujet, le message d’espoir est là nous rappelant, un tant soit peu, que nous avons toutes les « raisons d’espérer. »… Bouleversant d’humanité.

Une profonde humanité inonde ce spectacle de danse contemporaine présenté mercredi à la Cité de la culture, lors de la manifestation ‘’ Digital Dance Days’’ qui célèbre la Journée mondiale de la danse, du 25 au 30 avril. Le spectacle reflète des scènes en pleine mer de personnes qui traversent la mer, menées de leurs uniques objets ; des bouées de sauvetage, barques de la fortune, qui les amèneraient vers l’eldorado sur les rythmes de ces sons stridents de voix qui rappellent ces aventures en pleine mer…

Sur scène, des corps complètement habités par la musique … dansent notamment sur les airs de ‘’Babbour Zammer’’, passage phare de la chanson engagée qui décrit avec puissance le sort de ces condamnés à l’errance. La chanson des années 70, toujours d’actualité, nous met face à notre réalité d’humains et nous rappellent que les choses n’ont pas changé depuis, et que la situation des immigrés clandestins va de mal en pis. Un peu comme dans notre monde nous avons à lutter contre la politique, qui est devenue la farce de notre époque, et qu’en même temps se perpétuent aussi, simultanément, un sens de la beauté, de l’humanité…

De rive en rive, de dérive en dérive…mais…

Les danseurs, sur une scène obscure, multipliant les performances en solo, en duo et en groupes sont à la frontière de la théâtralité qui reflète toutes ces douleurs lancinantes qui tourmentent et happent les esprits. Ce spectacle de danse est une plongée dans l’histoire de tous les immigrés confrontés au cynisme des gouvernants et des politiques migratoires mais qui se retrouvent obligés de survivre. Un spectacle de l’exil et de l’espoir qui illustre le stoïcisme de ceux qui iront quoi qu’il arrive au bout de leurs forces pour gagner une dignité.

Des corps s’agitent, s’entrelacent, relatant plusieurs destinées naviguant sur le large, rament de rive en rive, de dérive en dérive vers une terre fantasmée. Mais à mesure que les clandestins avancent, l’eldorado recule telle une promesse irréalisable. Une chimère. Les regards hagards des clandestins passant en arrière-plan des tableaux de danse, nous fixent dans les yeux, nous disant que la mort suit cette jeunesse qui lutte avec acharnement pour fuir leur réalité… C’est aussi une fuite de soi, de ce que l’on est insidieusement. Le happening est à lui seul un message d’espoir. Les danseurs sur scène construisent une barque qui se détacherait des courants d’eau tumultueux et arriverait peut-être bien à destinée.

L’immigration clandestine

au-delà des chiffres

« Stagnation », « Résistance » et « Raisons d’espérer », les trois temps de ce spectacle permettent d’appréhender le fléau de l’immigration clandestine cette fois-ci, non pas comme un chiffre abstrait ou de vulgaires statistiques mais à travers une oeuvre artistique mortellement ancrée dans la volonté de vivre. Nous avons toutes « Les raisons d’espérer ».