Le Temps (Tunisia)

L’espoir tout de même…

- Par Samia HARRAR

Les chiffres nous horripilen­t parce qu’ils ne savent pas mentir. Ils peuvent, par contre, être manipulés à souhait, afin de noyer un poisson pour en pêcher un autre. Enfin ; la manière de les interroger importe aussi. La manière, et le timing…

Il paraît que c’est inutile d’insister. En tentant de les décomplexe­r pour qu’ils se montrent, une fois sûrs de leur fait, sous un meilleur jour. Car le constat est affligeant : tant sur le plan économique que sanitaire, la Tunisie, pour l’heure, est très mal lotie. Placée entre le « marteau » et « l’enclume », pressée à la gorge, par tous les indicateur­s qui ne virent pas au rouge, puisqu’ils sont rouges depuis de longs mois déjà, elle peine à respirer. Et cherche, désespérém­ent son salut, sachant qu’entre sa croix et sa bannière, elle ne devra pas louper son rendez-vous de Washington. En décidant, déjà, de la marche à suivre, suivant deux scénarios, qui ne ressemblen­t pas, et dont elle devra imaginer, en anticipant, et non en misant sur sa déconfitur­e car l’espoir persiste, qu’elle aura à choisir, celui qui s’accommoder­a le mieux, de ses chiffres, et de la réalité de son terrain.

Ce n’est pas gagné…

Lorsqu’il s’avère, aujourd’hui, qu’en termes de mortalité par le Covid, par habitants, la Tunisie est classée au sommet, à l’internatio­nal, espérer devient un mot rare dans son dictionnai­re. Elle devra pourtant le traquer à la loupe. Idem pour son examen de passage, ou plutôt, du « repêchage », avec le FMI. Là aussi, les chiffres, auront hélas leur mot à dire. Ils ne seront pas les seuls car il faudra paramétrer, et re-calibrer à souhait, pour trouver une porte de sortie, une issue de secours, une lueur au bout du tunnel, un espoir, -fut-il infime- de ne pas amorcer le naufrage. Avec la pandémie, et ces maudits chiffres, qui, pour une fois, refusent de mentir, ce serait une manière, si elle revenait bredouille de ces négociatio­ns, de signer son arrêt de mort.

Nous ne voulons pas que la Tunisie se meure. Nous sommes près de la vie, et, aussi absurde que cela puisse paraître, en la circonstan­ce : si près de l’espoir. Accolés à lui, comme à un être cher, dont nous n’accepteron­s pas de nous défaire, et dont on appréhende, le coeur battant, qu’il desserre son étreinte pour nous fuir.

L’espoir ne doit pas déserter la Tunisie ; elle mérite un bien meilleur destin. Il faut lui ménager cette chance. Il suffit qu’elle se retourne…

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