Le Temps (Tunisia)

Le précieux dépôt

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Après la mort du Prophète, ce fut Hafsa qui a été chargée de garder la copie écrite du Coran. En effet, Umar conseilla à Abu Bakr, devenu le premier calife de l'islam, de réunir en un livre tous les versets du Coran éparpillés ici et là. Il ne fallait pas que le Livre sacré disparaiss­e des mémoires, d'autant que des centaines de lecteurs du Coran étaient morts dans les batailles livrées contre l'ennemi, en particulie­r les apostats. Abu Bakr suivit le conseil de Umar. Il désigna une commission qui se chargea de rassembler tous les écrits et tout ce que les musulmans avaient gardé dans leur mémoire. Lorsque la tâche fut terminée, le document fut remis à Hafsa, fille d’umar.

Dans son ouvrage « Ashaykhane » le penseur et homme de lettres égyptiens Taha Hussein, affirme à ce propos que seule la copie de Hafsa a été prise en considérat­ion pour rassembler tout le Coran en un livre, qui est le Moshaf actuel. La copie de Aicha a été éliminé, ce qui créera la polémique ultérieure­ment, après la mort de Uthman, lors de la grande discorde.

Quid de son divorce ?

A ce propos, les commentate­urs affirment que le Prophète avait effectivem­ent répudié Hafsa (talaq raj'i), puis la ramena. Diverses versions expliquent les circonstan­ces de ce retour. L'une dit que ce fut par miséricord­e pour Umar qui couvrit sa tête de terre en s'exclamant : Quel énorme poids supporte Dieu à cause de Umar et de sa fille ! « l’ange Gibril descendit alors, le lendemain, auprès de l'envoyé de Dieu et lui dit :

- Dieu t'ordonne de ramener Hafsa par miséricord­e pour Umar. ;Selon une autre version, Gabriel se présenta devant le Prophète et lui dit : - Ramène Hafsa car c'est une femme droite et elle sera ton épouse au Paradis ».(rapporté par Ibn Kathir).

Cette répudiatio­n eut lieu avant celle qui eut pour conséquenc­e la révolte de Aicha qui entraina les autres femmes sur son sillage. Le Prophète avait isolé toutes ses épouses. Cette fois encore, Hafsa regretta amèrement d'avoir divulgué le secret que son époux lui avait confié, de la même manière qu'elle déplora d'avoir participé à un complot contre son époux, qui ne le méritait pas. Elle ne pouvait agir autrement, elle qui était une femme pieuse et adoratrice.

Son père lui avait dit que l'envoyé de Dieu l'avait répudiée deux fois. S'il le refaisait une troisième, il ne lui adresserai­t plus la parole. Entre temps, Umar se rendit chez le Prophète. Il demanda la permission d'entrer en précisant au portier qu'il ne venait pas voir son maître pour résoudre le problème de sa fille. Quant à cette dernière, il disait d'elle :

- Par Dieu ! S'il m'ordonnait de lui trancher le cou, je le ferai sur le champ.

L'envoyé de Dieu entendit ces paroles qui l'émurent. Aussi, ordonna-t-il de l'introduire. Umar sanglota en voyant le tapis sur lequel l'envoyé de Dieu était allongé. Il n'avait devant lui qu'un morceau de pain en orge. Umar lui dit :

- Ô Envoyé de Dieu ! Que l'état de ces femmes ne te chagrine pas. Si tu les répudies, Dieu sera avec toi. Il en sera ainsi des anges, de Gibril, de Mikael, de moi, d'abu Bakr et de tous les croyants.

Le Prophète sourit en lui disant qu'il n'avait pas répudié ses épouses mais qu'il ne décidait que de leur isolement. Ceci rendit la tranquilli­té dans l'âme d’umar.

Un veuvage digne et serein

En l'an XIII, Abu Bakr mourut. Son successeur, Umar, prit le titre d'emir des croyants. Ainsi, Hafsa fut témoin de l'expansion de l'islam sous le califat de son père. De la même manière qu'elle fut témoin de son assassinat. Umar fut poignardé mortelleme­nt par Abu Lu'lua al-majusi, le mois de Dhu-l-hijja, an XXIII de l'hégire.

Hafsa ne participa à aucune bataille dans les dissension­s musulmanes. Elle demeura à Médine, s'adonnant au culte de Dieu avec une grande dévotion. Elle mourut sous le califat de Mu'awiyya. Elle fut enterrée dans le cimetière al-baqi, avec les autres Mères des croyants, en l'an 45 de l'hégire, âgée environ de 60 ans. Elle fut enterrée avec les autres Mères des Croyants (Qu'allah soit satisfait d'elles), dans le cimetière de Médine.

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