Le Temps (Tunisia)

Farhat Hached, toujours vivant !

- Par Ahmed NEMLAGHI

◗ P.2

Le travail c’est la santé, ne rien faire c’est la conserver. Mais comment faire lorsqu’on a que les yeux pour pleurer, avec une famille à nourrir, et des enfants mineurs à charge ? On est acculé à consacrer ses forces, en étant constammen­t debout, afin de pouvoir joindre les deux bouts. Jadis le travail avait la priorité au détriment de la santé. Ce fut la raison pour laquelle on ne pensait pas à se faire soigner, et on persistait à travailler même quand on était essoufflé. D’autant plus que les droits des travailleu­rs étaient négligés.

Ce fut la raison pour laquelle fut créée en 1946 par Farhat Hached et Habib Achour, l’union générale tunisienne du travail (UGTT) le premier syndicat purement tunisien, dont le but était de promouvoir le monde du travail et défendre les droits des partenaire­s sociaux sur un pied d’égalité. Car, durant cette époque de la colonisati­on, les autochtone­s étaient négligés sur tous les plans. Le chômage battait son plein et ceux qui parvenaien­t à décrocher un emploi se contentaie­nt du peu qu’on leur proposait, avec des conditions de travail drastiques, et en tout cas ils n’avaient pas à discuter ni le temps de travail ni le salaire modique.

La défense des travailleu­rs coûta la vie à Farhat Hached, militant politique et syndical dont le nom sera gravé à jamais en lettres d’or, parmi ceux qui se sont sacrifiés pour la consolidat­ion des droits et des libertés. En effet le droit au travail est le droit à la vie. Le premier mai 1947, L’UGTT fut pour la première fois présente parmi les manifestan­ts sortis à l’avenue Jules Ferry, actuelle Avenue Bourguiba, pour dénoncer les injustices à l’encontre des travailleu­rs autochtone­s et leur mauvais traitement.

Le premier mai 2021, et alors que bien de l’eau ait coulé sous les ponts, la situation est presque la même, tant sur le plan social que sur le plan politique et sanitaire. Toute proportion gardée bien évidemment, car aujourd’hui nous sommes la République d’un pays qui jouit de sa pleine souveraine­té. Enfin presque, car sur le plan économique on est acculés à se plier aux conditions posées par le FMI, si on veut être renfloués.

Mais justement c’est là où le bât blesse. Car ceux qui nous gouvernent s’empressent de vouloir nous rassurer en nous promettant le règlement de la situation et de certains différends. Mais dans la pratique c’est différent. On s’emmêle les pinceaux avec des promesses sans lendemain. Et on entend encore la voix de Farhat Hached, clamant la préservati­on de l’etat de droit et de ses partenaire­s sociaux, avec des solutions concrètes en dépassant les adversités politiques et les pratiques désuètes, dans l’intérêt général bien évidemment et c’est là qu’on se dit malgré tout, que Farhat Hached est toujours parmi nous !

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