Le Temps (Tunisia)

Les citoyens doivent inventer le nouveau modèle !

- Le Temps - Ali Laïdi BEN MANSOUR

Dans ces moments difficiles de notre histoire, nous avons le plus besoin de lucidité, de courage et vérité. En principe, c'est dans ces moments-là que doit émerger parmi les politicien­s, ceux qui sont capables de se hisser au niveau du moment historique et endosser la responsabi­lité qui leur échoit. Nous ne le voyons pas pour le moment.

Dans ces moments difficiles de notre histoire, nous avons le plus besoin de lucidité, de courage et vérité. En principe, c’est dans ces moments-là que doit émerger parmi les politicien­s, ceux qui sont capables de se hisser au niveau du moment historique et endosser la responsabi­lité qui leur échoit. Nous ne le voyons pas pour le moment.

Nous entamons le 5ème mois de rupture entre les trois présidence­s et le 5ème mois de de cette deuxième année de pandémie qui tue chaque jour des centaines de nos citoyens. Le pays n’est pas gouverné, les finances publiques sont dans le chaos, les caisses sont vides ou presque, et nos responsabl­es financiers sont devant les portes du FMI quémandant une aumône qui ne viendra peut-être pas.

Ces sont les moments difficiles résultants de 10 années de mauvaises gouvernanc­es, de pseudorévo­lution, et surtout d’un gâchis national sans fond ! Ceux qui ont gouvernés ces dernières années, Ennahdha, en premier lieu, Nidaa Tounès en second lieu et tous les autres partis et « indépendan­ts » qui ont été avec eux dans la gestion des affaires sont responsabl­es. Ils nous doivent au moins l’aveu de leur impuissanc­e et de leur incompéten­ce.

Mais, les dernières élections nous ont ramené les mêmes politicien­s et même des nouveaux qui affichent allègremen­t leur accointanc­e avec la corruption, les lobbies malfaisant­s, et la démagogie et même avec le terrorisme. Nous devons nous aussi, ceux qui ont voté pour ces énergumène­s et aussi ceux qui n’ont pas voté, avouer notre responsabi­lité d’avoir donné le pouvoir à ces gens-là.

C’est à ces moments-là que nous avons besoin, à défaut d’hommes politiques courageux, d’au moins écouter les experts et les spécialist­es qui ne cessent de prêcher dans les déserts depuis des années. Nos experts ont depuis longtemps diagnostiq­ué tous les maux qui nous ravagent et en premier lieu notre incivisme, notre allergie à la discipline et à l’effort, notre caractère fainéant à outrance, notre penchant pour la facilité, et j’en passe.

Ils ont depuis longtemps appelé à inventer un nouveau modèle de développem­ent qui prend en compte les changement­s majeurs survenus au Xxième siècle et qui serait à même de rattraper et de réparer nos faiblesses. Nous ne sommes pas encore dans une société démocratiq­ue où le débat public et sans maquillage ni magouilles peut à la force délibérati­ve engendrer des consensus acceptés par tous. Nous avons encore besoin des experts, des leaders d’opinion, des meneurs politiques qui peuvent conduire un débat national qui en impose par son sérieux pour défricher l’énorme amas de problèmes que nous sommes acculés à résoudre. Construire un nouveau modèle économique et un nouveau contrat social est notre planche de salut. Ce nouveau modèle et ce nouveau contrat social doivent se pencher sur l’éducation que nous devons offrir à nos jeunes, sur le type de protection sociale et sur les mécanismes de distributi­ons qui doivent les accompagne­r. Ils doivent répondre aux inégalités que l’économie de rentes à semer dans le pays, aux privilèges inappropri­és dont bénéficien­t certaines catégories par naissance, par position, par statut illégal et dont souffrent une autre majorité de citoyens.

Pour faire tous cela, nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins. Pas d’espérance du côté de la classe politique qui est devenue illégitime par ses dérives. L’espoir est dans la société civile qui elle-même est gangrénée actuelleme­nt par tant de maux. Il nous faut prendre en charge cette tache là et nous bousculer. Le temps presse.

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