Le Temps (Tunisia)

Jeux faussés d'avance…

- Par Faouzi SNOUSSI

Le constat est là. Depuis les premières élections « libres, indépendan­tes et démocratiq­ues » de 2011, les Tunisiens ont été menés en bateau, par des slogans creux faisant les louanges de la Révolution, des acquis démocratiq­ues et plein de promesses pour l'avenir. Mais, le réveil est des plus durs, tout le monde se sent leurré et, même pas douze ans après son sursaut qui aurait dû être salvateur, le peuple tunisien s'est enfoncé dans les abysses de l'incertitud­e, et commence à maudire le jour où il avait osé se révolter contre la dictature.

On nous avait promis monts et merveilles dans une démocratie qui sera un exemple, dans le monde arabe. Mais, le résultat est tout à fait aux antipodes des attentes. Le bilan est loin d'être reluisant et on ne peut pas miser un millime sur un avenir meilleur. De même qu'il n'est pas besoin d'énumérer les déboires avec la succession de pas moins de neuf gouverneme­nts dont chacun a fait pire que ses prédécesse­urs, en l'absence de programmes clairs pour le développem­ent du pays, la création d'emplois et autres acquis d'une révolution payée par le sang des Tunisiens.

Les jeux étaient faussés d'avance et, aujourd'hui, tout le pays se débat dans les problèmes économique­s, sociaux et politiques. Tout marche de travers. Sur le plan politique, l'assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) qui aurait dû apporter des solutions est devenue, elle-même, un problème majeur, surtout depuis qu'on a mis à sa tête le président du mouvement islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, et on continue à admirer le spectacle qui est fourni aux Tunisiens et même à l'opinion internatio­nale, à chaque réunion. Mieux encore, cette ARP est devenue l'antre de tous les dérapages.

Sur le plan économique et financier, il n'y a pas photo et fait miroiter que le recours au FMI est une opération salvatrice, alors que c'est, totalement, le contraire, avec ce qui nous est préparé et dont on ne connait que les grandes lignes, jusqu'à maintenant, surtout que le gouverneme­nt n'a pas cru bon de nous édifier sur ce qui se trame.

Ce recours au FMI ne peut pas nous faire éviter la faillite, mais il ne fera que la retarder, avec les contrainte­s qui vont être imposées à un gouverneme­nt boiteux qui ne bénéficie plus d'aucun soutien clair et dont la durée de vie, de l'avis des analystes, dépend des accords qui pourraient être conclus, dans les jours à venir.

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