Le Temps (Tunisia)

La palme de la bonne humeur…

- Par Samia HARRAR

Et de la résilience.

Nos médecins ont du talent. Et ils n'ont plus rien à prouver en matière de courage, du sens du sacrifice et de l'abnégation. Ce qu'ils font, au quotidien, compte tenu de la conjonctur­e, est, à proprement parler, miraculeux. Ils ne filent pas le parfait bonheur, sous nos cieux surchargés d'orage. Ils résistent pourtant et se surpassent, en opposant, à toutes les difficulté­s d'un secteur, autrement sinistré, une résistance surhumaine. La pandémie ne les pas épargnés, et la « Grande Faucheuse », hélas, a essaimé parmi leur rang, sans que le corps médical et paramédica­l ne laisse tomber les gants, dans une lutte pour la survie qui est menée, chaque seconde, chaque jour qui passe, par cette armée en « blouses blanches », pourtant éreintée par des conditions de travail, astreignan­tes et dures, qui auraient, sous d'autres latitudes, découragée­s plus d'un.

Ce n'est pourtant pas le cas, toutes proportion­s gardées, sous nos cieux, où, de jeunes médecins, interniste­s ou autres, se vouent, stoïquemen­t, à l'accompliss­ement du métier le plus noble qui soit, et qui est devenu leur sacerdoce, et non pas une sinécure, comme pourrait le penser ceux qui n'ont pas eu l'occasion de les voir à l'oeuvre, dans des hôpitaux publics, délabrés et vétustes, où le minimum requis vient à manquer, quand bien même dix mille promesses ont été faites, ces dix dernières années, pour y pourvoir. Évidemment, rien n'a été fait. Alors, plutôt que de monter en mayonnaise, ce qui est devenu « l'affaire » de l'hôpital régional de Béja, il faudrait penser à décerner à cette jeune, et dynamique équipe, la palme de la joie de vivre et de la bonne humeur. Une joie de vivre, et une exubérance, qui doivent être reçues comme un cadeau, par les malades, et par tous ceux qui ont pu avoir accès à une vidéo, où il n'y a pas mort d'homme à ce que l'on sache.

Voilà de jeunes médecins, qui, après en avoir obtenue l'autorisati­on par la première concernée: à savoir une maman qui vient d'accoucher par césarienne, et qui est très heureuse que son enfant soit né en bonne santé, se sont filmés en train de chanter ou de danser, dans une liesse, qui donne du baume au coeur, vu les circonstan­ces qui ne sont pas optimales, loin s'en faut… Où est le crime de lèse machin-truc ? Je ne vois pas. Ce que l'on constate, par contre, après toute cette injuste, levée des boucliers, c'est que dans ce pays, l'on en est arrivé à pénaliser de jeunes médecins parce qu'ils ont su faire preuve de résilience. Et qu'ils ont voulu, partager, comme un cadeau qui ne se refuse pas, lorsque la bonne humeur partout, fait défaut, ce moment, toujours hors du temps, où un petit « bout'd'chou » apparaît parmi nous, pour semer du bonheur à la pelle. Cette jeune équipe, moi je lui décernerai la palme du courage. Et de la générosité sans partage. Bravo !

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