Le Temps (Tunisia)

Engagement à contenir la masse salariale autour de 15% du PIB en 2022

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Les autorités tunisienne­s s’engagent, dans le cadre d’un plan de réformes présenté au FMI, à mettre en oeuvre un ensemble de mesures, qui, en plus du gel des augmentati­ons de salaires en 2021, devraient permettre de contenir la masse salariale autour de 15 % du PIB en 2022, contre 17,4% du PIB en 2020.

La réforme de la masse salariale est, par ailleurs, l’une des composante­s essentiell­es de ce plan, présenté par la délégation gouverneme­ntale tunisienne au bailleur de fonds internatio­nal, lors de sa visite de 5 jours, à Washington, entamée le 3 mai 2021 (du 3 au 8 mai 2021). Le gouverneme­nt actuel reconnait, par ailleurs, dans le « document des autorités relatifs aux réformes à mettre en oeuvre dans le cadre du nouveau programme avec le FMI », « qu’en l’absence de réformes profondes et innovantes, la trajectoir­e tendanciel­le de la masse salariale sera préjudicia­ble aux équilibres budgétaire­s".

Un programme de départs volontaire­s des fonctionna­ires

Les autorités proposent, à cet effet, des axes de réforme visant l’allègement de la masse salariale, dont essentiell­ement, la mise en place d’un programme de départs volontaire­s permettant aux fonctionna­ires de conserver 25% des salaires nets (plus les cotisation­s sociales) pour se consacrer à une autre occupation y compris une activité rémunérée (autre que dans le secteur public et les entreprise­s publiques).

Elles envisagent aussi, d’adopter un nouveau programme de départs anticipés à la retraite avec une prise en charge par l’état du différenti­el de pension payé à l’âge légal de la retraite et l’incitation au travail partiel à 50% du temps du travail ou 1 jour par semaine contre une partie équivalent­e du salaire.

« Ces mesures favorisero­nt la baisse des effectifs et auront un impact immédiat sur la masse salariale sans remise en cause des droits et des avantages des fonctionna­ires », estiment les autorités. Le plan de réformes prévoit également, l’encouragem­ent à l’entreprene­uriat en octroyant aux fonctionna­ires la possibilit­é de bénéficier d’un congé pour création d’entreprise d'une durée de 5 ans renouvelab­le avec système déclaratif et avec possibilit­é de réintégrer la fonction publique conditionn­ée à l’envoi d'une notificati­on d’au moins 6 mois avant la date du retour.

Repenser le système de rémunérati­on en concertati­on avec les partenaire­s sociaux

Le gouverneme­nt reconnait qu’il est primordial de repenser le système de rémunérati­on en concertati­on avec les partenaire­s sociaux à travers la mise en place d’une règle d’ajustement des salaires et des primes qui intègre les performanc­es de croissance et de productivi­té et l’évolution de l’inflation, l’allongemen­t de 6 mois à 2 ans de la durée de progressio­n automatiqu­e à l’échelon supérieur et le plafonneme­nt du nombre de promotions par corps ou par ministères. Dans ce plan de réformes, les autorités tunisienne­s s’engagent à remobilise­r la fonction publique à travers le passage de la gestion des ressources humaines, à la gestion des compétence­s par le biais de plans de formation et de programmes de mobilité, afin d’encourager le redéploiem­ent de l’effectif.

Elles envisagent, dans ce cadre, de favoriser la mobilité entre l’administra­tion centrale et les collectivi­tés locales, en maintenant la rémunérati­on versée par l’état et en accordant une prime supplément­aire versée par la collectivi­té locale comme incitation aux agents publics.

« Ceci doit permettre de renforcer la fonction publique territoria­le, afin de rendre un service plus efficient aux usagers et combler les administra­tions qui sont en manque d’effectif, la mise en place d’une fiche de poste avec les objectifs à atteindre, ce qui permettrai­t de généralise­r l’évaluation individuel­le et de rendre plus efficace le travail des agents publics".

Les autorités tunisienne­s envisagent également, d’instaurer un système de rémunérati­on indexé en partie sur la performanc­e pour la haute administra­tion, ce qui permettrai­t de mieux reconnaîtr­e les mérites individuel­s. Elles prévoient pour le pilotage de ces mesures, de fusionner trois instances, en l’occurrence, la Direction générale (DG) des services administra­tifs et de la fonction publique, la DG de la formation et du développem­ent des compétence­s et la DG de l'organisati­on des services publics en une seule : l’instance générale de la fonction publique.

En Tunisie, la masse salariale a été estimée à 19 030 MDT en 2020, soit l’équivalent de 60,6 % des ressources budgétaire­s (hors dons et emprunts) contre une moyenne de 52,2 % durant la période 2010-2019.

Les autorités tunisienne­s évoquent, dans ce contexte, « une situation critique des finances publiques », qui requiert une attention particuliè­re, afin d’éviter une dérive de la trajectoir­e de la masse salariale avec des conséquenc­es néfastes sur la soutenabil­ité de la dette publique. Les mesures adoptées durant le second programme avec le FMI pour maîtriser la masse salariale (départs volontaire­s, départs anticipés, gel des recrutemen­ts, …), « n’ont pas suffi », ont reconnu les autorités tunisienne­s, dans le document précité.

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