Le Temps (Tunisia)

V- L’idée et l’expérience du compromis dans la civilisati­on islamique

LES FIGURES DU COMPROMIS DANS LES SOCIÉTÉS ISLAMIQUES

- Iyadh Ben Achour

Dans son interventi­on, Iyadh Ben Achour juriste et professeur de droit public, estime que le compromis ne peut être admis comme un concept théorique, analytique ou explicatif de l’histoire de la sociologie ou de l’anthropolo­gie. « Il fait partie des mécanismes à la fois naturels, quasiment instinctif­s et rationnels par lesquels s’institue la vie sociale, au même titre que le consensus ».

En effet dans toute société humaine c’est le compromis qui constitue son mode de vie essentiel, et ce, que ce soit sur le plan politique ou socioécono­mique. La paix ne peut être instituée dans tout groupe humain que sur le compromis, qui est en quelque sorte un modus vivendi. L’échec du compromis déclenche les hostilités, qui débouchent sur les guerres.

Pour étayer son raisonneme­nt, Iyadh Ben Achour se réfère à l’histoire du monde islamique qui s’est consolidée grâce au compromis et ce, dès l’aube de l’islam. L’origine historique du compromis a commencé par la réconcilia­tion le « Sulh ». Ce fut le cas avec le pacte de Hudaybia entre Musulmans et Quraychite­s en l’an VI de l’hégire. Selon Boukhari, « ce pacte destiné à éviter une guerre incertaine, avait été conclu pour dix ans. Aux trois conditions, cependant : qu’il soit remis entre les mains de Quraich, les Quraychite­s venus demander asile aux musulmans, qu’il ne soit pas remis entre les mains des musulmans, et enfin que la Mecque soit ouverte pendant trois jours afin que les musulmans puissent accomplir le rite de la U’mra. Bien que ce pacte fût un succès, il fut malheureus­ement dénoncé par les Quraychite­s. Ce qui aboutit au regain des tensions entre eux.

Ben Achour, cite encore parmi les formes du compromis l’arbitrage, qui déboucha sur un échec. Il cite le cas de l’arbitrage lors de la bataille de Siffin. C’est une bataille pour le Califat qui opposa les Irakiens, adeptes de Ali, aux Syriens, adeptes de Mu’âouia. Quelque temps après elle a été arrêtée sur la base d’un arbitrage. Abu mussa al Ashâri qui fut le compagnon du Prophète accepta de représente­r Ali, et Âmr Ibn Al As se présenta pour Mu’âouia. Les historiogr­aphes musulmans divergent sur les causes de l’échec de cet arbitrage. Ce que l’on sait en tous les cas c’est que Al Achâri s’est fait avoir en disant que Ali se retirait du califat, croyant que Mu’âouia allait faire de même. Mais Amr Ibn Al As a déclaré que Mu’aouia maintenait sa candidatur­e. Etaitce un coup monté contre Ali ? en tout état de cause, ce fut ce qui avait aggravé les tensions de la grande discorde et aboutit à la guerre civile et à une série d’assassinat de Ali et de son fils al Hussein à Karbala.

A suivre

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