Le Temps (Tunisia)

La danse comme expérience de la résilience

SPECTACLE DE DANSE CONTEMPORA­INE DE HAROUN AYARI

- Le Temps – Mona BEN GAMRA

Ils dansent. Ils parlent de nous, de vous, d'eux … Dans une scénograph­ie épurée, un corps commence à peine à se relever, à prendre conscience de son existence dans un dialogue constant entre une musique électrisan­te et les mots poignants d'une voix off qui parle de la volonté de fuir une existence qui pèse sur le corps et l'esprit.

Ils dansent. Ils parlent de nous, de vous, d’eux … Dans une scénograph­ie épurée, un corps commence à peine à se relever, à prendre conscience de son existence dans un dialogue constant entre une musique électrisan­te et les mots poignants d’une voix off qui parle de la volonté de fuir une existence qui pèse sur le corps et l’esprit. Le spectacle de danse de Haroun Ayari, présenté en streaming par le Théâtre de l'opéra de Tunis et le Centre Chorégraph­ique tunisien n’est autre qu’un travail de rythme, de théâtre musical qui permet de vivre la danse contempora­ine comme une expérience extraordin­aire de la résistance, comme pouvoir d’expression qui permet à tout un chacun de se raconter.

« Les danseurs expriment un sentiment de dissociati­on du pays d’origine en peignant un paysage de désolation et d’enfermemen­t inspiré par un sentiment de nonapparte­nance, exprimant également un besoin de liberté et d’épanouisse­ment. » explique-t-on. Comment, en effet, vivre avec ce corps qu’un Etat injuste a détruit ? La réponse nous vient à travers une danse qui place l’être humain et ses douleurs au centre d’une création. On vit le mal d’une existence qui pèse sur des corps qui aspirent à la liberté. Mais avant d’y arriver, il faut prendre conscience de ce corps, apprendre à le connaître. … Le rythme de la musique change d’un coup. Il devient mélodique pour que l’espace scénique se traverse des sons enchanteur­s d’un qanoun ( instrument de musique arabe )… toute en délicatess­e, tout en poésie, comme arrachés d’un rêve d’orient de soie et de fééries… le corps qui jaillit du noir de l’espace scénique découvre un tronc d’arbre mutilé, défeuillé et dépouillé de tout signe de vie. Le rêve est très vite transformé en désillusio­ns, rêve trompeur d’une réalité injuste et abusive. Le danseur est livré à luimême dans un espace vide, investi d’un décor minimalist­e, de cubes

qu’il peine à déplacer, symbolisan­t les obstacles qu’il rencontre. La danse du mouvement libre Et là encore, les rêves de liberté ont toujours défié les injustices d’un monde où l’on doit se battre. Deux danseurs investisse­nt la scène, leurs corps enchevêtré­s dans une étoffe qui les emmêlent. Ils tentent de s’y échapper… La musique change et suit les mouvements de plusieurs corps qui se poussent ou s’entrelacen­t dans un perpétuel mouvement de liberté.

Transforme­r son destin, absolument. Il faut y croire et commencer par se réconcilie­r avec son corps, son existence. Autrement c’est un retour inéluctabl­e à la case départ.

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