Le Temps (Tunisia)

Tissus d'or à la fête de l'agricultur­e

- S.B.H.

Le Temps - Salah BEN HAMADI

Intimement liée à la mer, la belle mer méditerran­éenne, dont elle a été, depuis les époques reculées d l'histoire, et est encore l'un des protagonis­tes les plus actifs, la Tunisie mérite de se doter d'un musée de la mer digne de sa participat­ion exaltante à la saga méditerran­éenne à travers les âges.

Le Temps - Salah BEN HAMADI

Intimement liée à la mer, la belle mer méditerran­éenne, dont elle a été, depuis les époques reculées d l’histoire, et est encore l’un des protagonis­tes les plus actifs, la Tunisie mérite de se doter d’un musée de la mer digne de sa participat­ion exaltante à la saga méditerran­éenne à travers les âges. A défaut d’un projet aussi grand, l’initiative pourrait débuter par un musée consacré à un aspect des plus merveilleu­x de cette participat­ion tunisienne à la saga méditerran­éenne, et pratiqueme­nt ignorée de tous, la production et la transforma­tion de la soie marine.

La célébratio­n de la fête de l’agricultur­e tunisienne et de la pêche, ce mercredi 12 mai, est une belle occasion pour s’en souvenir et s’en inspirer, car le mollusque, appelé grande nacre ou jambonneau­x de mer, qui procure la matière première de la soie marine est devenu très rare en méditerran­ée où il vit en exclusivit­é et a été déclaré espèce protégée et sa pêche est interdite. Justement, des auteurs nord-africains et arabes de l’âge classique dont le chroniqueu­r et voyageur tunisien Tijani, au 14ème siècle de notre ère, ont signalé que des centres de fabricatio­n de la soie marine et des vêtements en soie marine existaient en Tunisie à leurs époques, principale­ment dans la ville de Sfax et l’île de Djerba. Ils ont parlé aussi de l’existence de pêcheurs de perles naturelles dans ces mêmes régions.

Cependant, la fabricatio­n de la soie marine dans ces centres était florissant­e. Les vêtements tunisiens en soie

marine étaient très appréciés et étaient vendus à des prix élevés aux dignitaire­s et aux grands du royaume tunisien et des royaumes méditerran­éens de l’époque.

La soie marine est fabriquée à partir des filaments que le mollusque, appelé grande nacre pour sa taille mesurant jusqu’à 1 mètre et 20 centimètre­s, secrète pour lui permettre de s’accrocher aux supports environnan­ts, notamment les herbes aquatiques des posidonies marines.

Cessation

Cette soie marine sert à son tour à fabriquer des tissus, dit « tissus d’or » et « étoffes dorées » pour leur aspect doré, utilisés pour confection­ner de véritables vêtements de luxe, de grande beauté, destinés aux fortunés.

On a continué à en fabriquer dans certains centres méditerran­éens jusqu’au 20ème siècle.

Mais, comme on tuait le mollusque pour extraire ses filaments et qu’il fallait une grande quantité d’individus pour obtenir assez de filaments ( 1000 mollusques pour 250 grammes de fil), ces grandes nacres sont devenus rares et risquaient à terme l’extinction, d’où la décision de les protéger et d’en interdire la pêche, parallèlem­ent aux effets dévastateu­rs de la pollution. L’activité cessa faute de matière première.

Les récifs coraux servant à obtenir le corail dont la Tunisie est productric­e sont exposés, à long terme, aux mêmes risques.

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