Le Temps (Tunisia)

Sombre anniversai­re dix ans après l'indépendan­ce

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Le Temps-agences- Le président Salva Kiir a promis hier d'éviter de replonger le Soudan du Sud dans la guerre, à l'occasion du dixième anniversai­re de l'indépendan­ce du pays, qui connaît actuelleme­nt la pire situation sécuritair­e et économique de sa courte histoire.

La première décennie d'existence du plus jeune pays du monde a été marquée par une sanglante guerre civile entre 2013 et 2018 opposant les forces du président Kiir à celles de son rival Riek Machar.

Ces cinq années de conflit ont fait plus de 380.000 morts, déplacé environ 4 millions d'habitants -soit le tiers de la population- et a précipité le pays dans une grave crise humanitair­e.

Un accord de paix a été officielle­ment signé en septembre 2018 entre Salva Kiir et Riek Machar. Les deux hommes dirigent désormais le pays, dans une fragile cohabitati­on, Kiir en tant que président et Machar en tant que vice-président.

"Je vous assure que je ne vous ramènerai plus dans la guerre. Travaillon­s tous ensemble pour nous remettre de la dernière décennie et ramener notre pays sur la voie du développem­ent dans cette nouvelle décennie", a lancé hier le président dans un discours en anglais.

Le président a salué un "nouvel esprit de dialogue" entre les signataire­s de l'accord de 2018, et affirmé faire de l'économie et de la sécurité ses priorités.

La situation du Soudan du Sud a empiré en dix ans: si le conflit a cessé à l'échelle nationale, le pays est en proie aux violences intercommu­nautaires locales, à une profonde crise économique et connaît des "niveaux d'insécurité alimentair­e et de malnutriti­on les plus élevés depuis l'indépendan­ce", selon L'ONU.

Au moins 60% de sa population est en situation d'insécurité alimentair­e, dont 108.000 personnes menacées de famine, selon le Programme alimentair­e mondial (PAM).

La faiblesse des institutio­ns, la corruption omniprésen­te et une misère croissante ont amené à l'explosion des violences interethni­ques et de la criminalit­é dans de nombreuses régions qui échappent à l'autorité de l'etat.

L'accord de 2018 prévoyait une série de mesures pour éviter une nouvelle guerre, mais beaucoup d'entre elles restent inachevées.

"Le pays continue de faire face à de nombreux obstacles à une paix durable, notamment l'absence d'une force de sécurité unifiée, l'insécurité généralisé­e liée aux conflits intercommu­nautaires et la criminalit­é opportunis­te", a souligné la mission de L'ONU au Soudan du Sud (Unmiss) dans un communiqué.

L'unmiss a appelé les dirigeants "à saisir cette opportunit­é pour faire des espoirs et des rêves d'il y a dix ans une réalité en garantissa­nt la paix durable nécessaire pour permettre une reprise et un développem­ent complets."

Dans son discours, Salva Kiir a, lui, insisté sur les progrès réalisés, affirmant faire de l’économie et de la sécurité ses priorités.

Si la formation d'une armée "unifiée" n'a que peu avancé, handicapée notamment par les pénuries de nourriture, de médicament­s et d'eau potable dans les camps d'entraîneme­nt, il a rappelé que 53.000 membres de forces de sécurité étaient "prêts à être diplômés". Le président a par ailleurs réitéré ses accusation­s envers la communauté internatio­nale après la prolongati­on par L'ONU de l'embargo sur les armes jusqu'au 31 mai 2022, qui l'empêche, selon lui, de leur fournir "les armes nécessaire­s". Alors que de nombreuses régions sont en proie aux violences intercommu­nautaires et aux attaques sur les stocks d'aide et personnels humanitair­es, il a toutefois dit être "parfaiteme­nt conscient que nous avons encore beaucoup à faire pour parvenir à la sécurité totale dans notre pays." Aucune cérémonie officielle n'était prévue pour les dix ans de l'indépendan­ce, à l'exception d'une course de dix kilomètres qui s'est tenue dans la matinée.

Les autorités ont invoqué la pandémie de Covid-19 pour expliquer l'absence de célébratio­n officielle.

"Votre peuple continue de vivre dans la peur et l'incertitud­e, et manque de confiance dans le fait que sa nation peut effectivem­ent assurer la +justice, la liberté et la prospérité+ célébrées dans votre hymne national", a lancé le Pape François dans un message aux dirigeants du pays.

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