Le Temps (Tunisia)

Le déshonneur sous le dôme du Bardo

- Samia HARRAR

Il serait faux de penser, une seule seconde, qu’ils espèrent encore, la jouer à rallonge, et rebondir. Plus fort qu’ils ne l’ont jamais été. Avant le 25 juillet.

En réalité, ils n’y croient pas eux-mêmes, ou du moins, ils savent que leurs chances de s’en sortir avec les « honneurs », se sont amenuisés considérab­lement depuis.

Avec les honneurs, cela veut surtout dire, qu’ils aient encore toute latitude, d’officier, sous le dôme du Bardo, comme si de rien n’était, et comme au réveil d’un long cauchemar, dissipé par la clarté du jour qui naît.

Leur pire cauchemar s’appelle Kaïs Saïed. Et ils n’en reviennent toujours pas. D’avoir dérapé, euxmêmes, sur les « peaux de banane » qui lui étaient, en réalité, destinées. Et qu’ils n’auront pas manqué, dès le premier jour de son investitur­e, de semer sur son chemin.

Il se trouve qu’aujourd’hui, et parce qu’ils se savent acculés, ils n’ont plus d’autre choix que jouer leur va-tout. Leur dernière partition.

Elle n’a rien de glorieux…

Ce qu’ils ont trouvé de meilleur et qui frôle le ridicule : forcer l’accès du Parlement. Et ils seraient, quelque 88 signataire­s, parmi les députés, à vouloir outrepasse­r toutes les mesures d’urgence, décrétées par le président de la République, pour siéger à L’ARP et y tenir conciliabu­les. Avec Ghannouchi au « perchoir » comme de bien entendu.

Ils comptent s’y prendre comment ? Lancer une « razzia » en appelant à « grossir les rangs », pour déloger l’armée et y régner en maîtres des lieux ? Ghannouchi n’est plus le « Seigneur du château ». Et il ne peut donner le change qu’à sa propre personne. Alors du coup, il n’hésite pas, parce que son « instinct de survie » le lui dicte, à y aller avec ses « gros sabots » dans l’espoir de provoquer quelque petit ou grand, mélodrame, qui ferait pleurer dans les chaumières, afin de rameuter à sa cause, toutes les « brebis égarées » en quête de repentance. Qui seraient prêtes, éventuelle­ment, à allumer un feu d’artifice dans le ciel, pour faire diversion, tandis que se rallument les lampions de la fête sous la coupole de L’ARP.

Il faut le comprendre aussi ; ainsi que son parti éponyme. Toute cette ambiance de surchauffe, qui permet de masquer le vide, doit lui manquer atrocement ! Il avait alors tout le loisir, peinard, de vaquer tranquille­ment à ses petites affaires, avec la bonne conscience du devoir accompli.

Ce temps-là est révolu. Le Parlement est aujourd’hui inviolable. Le pays aussi.

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