Le Temps (Tunisia)

Nafâa Ghozzi, Directeur des ventes et marketing au Riadh Palms de Sousse

- Entretiens conduits par Badreddine BEN HENDA

« Les crises, ça nous connaît ! Nous en avons connu plusieurs pendant la Guerre du Golfe, en 2008, après la fameuse révolution du jasmin et après l'attentat sanglant de 2015 sur la plage de l'hôtel Impérial Marhaba dans la station de Port El Kantaoui. Mais la pire de toutes nos crises c'est celles que nous vivons depuis deux ans maintenant suite à la pandémie du Covid-19.

Par rapport à 2019, notre année de référence et la meilleure après 2010, nous enregistro­ns une baisse désespéran­te. Avant la pandémie, et plus précisémen­t l'été 2019, nous carburions à 100 % et nos 1800 lits étaient tous occupés. Nos aéroports accueillai­ent au moins 15 avions de touristes par jour. Aujourd'hui, le record est d'à peine 6 à 7 vols. Même pendant la saison morte, en hiver, on se maintenait à 40 et 50 % de nos rentrées. En 2020 et 2021, on accueille à peine 400 à 500 clients en été (dont quelques dizaines d'étrangers) et 100, parfois 50 seulement en hiver.

En 2020, même notre clientèle algérienne et libyenne a très fortement diminué. Le marché local, même s'il est important, n'arrive pas à combler les manques que nous accusons. La durée moyenne du séjour des Tunisiens est de 2 à 3 nuitées par an. Ce qui représente peu de choses pour nos hôtels dont 80 % restent ouverts toute l'année.

Comment, au Riadh Palms, nous résistons à la terrible crise de ces deux dernières années ? Il n'y a pas de secret dans notre relative réussite, car je dois l'avouer, nos dépenses dépassent toujours nos rentrées d'argent. Mais nous nous maintenons à un bon niveau grâce surtout à la partie business, au tourisme d'affaires, si vous voulez. Nous sommes ici bien équipés pour ce genre d'activités liées aux événements d'entreprise­s (séminaires, meetings, convention­s, conférence­s, ou encore teams buildings). Notre hôtel est l'un des rares à réserver de petites et de grandes salles de réunions, et à proposer le type d'animation qui doit accompagne­r ces rencontres profession­nelles. De plus, le Riadh Palms est très proche du centre-ville tout en donnant directemen­t sur la mer. C'est très agréable pour travailler ! Pour vous dire la vérité, c'est surtout en hiver que le tourisme profession­nel nous permet de survivre.

Mais nous équilibron­s notre budget grâce aussi à l'aide des banques, aux subvention­s de l'etat, à mes bonnes relations auprès des Tours opérateurs et à la bonne gestion économique de la crise. Je dirige une équipe qui sait désormais comment économiser les coûts sans trop altérer la qualité de nos services. Vous avez-vous-même constaté de visu que nous proposons en quantité et en qualité satisfaisa­ntes des produits et des services diversifié­s dignes des quatre étoiles qu'arbore toujours aussi fièrement notre unité. D'autres hôtels ont subi déclasseme­nt sur déclasseme­nt pendant ces dernières années. Il y en a même qui n'ont pas pu résister à cette trop longue période de disette : ils sont maintenant fermés et en piteux état de délabremen­t, ici à Sousse comme sur tout le littoral tunisien.

Sur un autre plan, je dois vous avouer qu'au niveau du personnel, nous avons été contraints d'engager des travailleu­rs très jeunes qui nous reviennent moins cher. A cause de la crise, les plus "vieux" ont décroché d'eux-mêmes et pour la plupart se sont reconverti­s à d'autres métiers. En ce moment, nous gardons encore quelques employés et fonctionna­ires aguerris qui nous sont très utiles dans la formation des jeunes. Espérons que c'est bientôt la fin de la crise et que l'heure est à l'optimisme aujourd'hui. En septembre et en octobre, nous accueillon­s d'habitude beaucoup d'allemands, de Belges et de Hollandais; mais en attendant que cette clientèle privilégié­e retrouve notre chemin, nous nous occupons comme il se doit de nos hôtes actuels, Russes et Polonais pour la plupart ! Avec l'espoir aussi que nos compatriot­es contribuer­ont un peu plus assidûment et plus généreusem­ent au sauvetage du secteur touristiqu­e de leur pays ».

Espérons que c'est bientôt la fin de la crise et que l'heure est à l'optimisme aujourd'hui. En septembre et en octobre, nous accueillon­s d'habitude beaucoup d'allemands, de Belges et de Hollandais; mais en attendant que cette clientèle privilégié­e retrouve notre chemin...

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