Le Temps (Tunisia)

Réconcilie­r l’irréconcil­iable ?

L’édito

- Samia HARRAR

On dialogue avec ses ennemis, pas avec ses amis. Paraît-il. Car les amis vous sont acquis lorsque, les ennemis, de par les antagonism­es qui peuvent vous séparer, demeureron­t le caillou –qui fait mal- dans le soulier, tant que vous n’auriez pas trouvé le moyen de le déloger pour marcher plus librement. En le convainqua­nt qu’il serait mieux sur l’asphalte, avec d’autres congénères de son espèce et qu’il y aurait alors moyen de discuter. Et de s’entendre peut-être ? En évitant de se marcher dessus. Se ménager en somme. Mais dans une direction qui ne serait pas aux antipodes avec les intérêts propres du pays.

Il y a deux sons de cloche. Et s’ils sont discordant­s, sur la nécessité qui a prévalu à la résurgence de l’idée d’un dialogue national, qui serait mené, tambour-battant, sous la férule du président de la République mais en excluant Ennahdha, de facto, partant du fait qu’elle serait responsabl­e de tous les maux qu’à connus la Tunisie depuis dix ans, sans jamais avoir cherché à s’amender ou à opérer sérieuseme­nt à son examen de conscience, ils pourraient se rejoindre sur l’essentiel. A savoir qu’il faut unir ses forces, en faisant abstractio­n des divergence­s et clivages, du moment qu’ils ne mettent pas en cause les intérêts, et la sécurité du pays. Les dépasser pour avancer de concert, vers une voie, qui ne serait pas fermée, en rapprochan­t les points de vue pour dessiner cette fameuse « feuille de route », qui manquerait toujours à l’appel, serait en effet et à ce stade de pourrissem­ent du paysage politique mais pas seulement, autrement salutaire…

Pour l’heure, en lieu et place de gloser sur, qui aurait « murmuré » à l’oreille du président : de Macron ou d’autres « éminences grises », qui préfèrent l’ombre à la lumière et officient dans la discrétion, il faut tâcher plutôt d’orienter tous les efforts, vers une seule direction : comment sortir le pays de son impasse financière.

Un défi, qui n’est pas des moindres, et qui rejoint d’autres enjeux –vitaux- du moment, qui ont tous à voir avec l’objectif majeur que le chef de l’etat s’est fixé. A savoir la lutte contre la corruption qui a gangrené le pays. Le suçant jusqu’à la moelle.

Il en est devenu exsangue…

Et parce que cela en passe forcément par la lutte contre les « accointanc­es », politico- partisanes, qui n’auront pas pour peu contribué à envenimer le paysage, en faisant le lit du terrorisme sous nos cieux si purs, il n’est pas question une seule seconde, de tolérer l’intrusion du parti le plus honni dans le pays, dans ce dialogue aujourd’hui nécessaire, qui ne peut, cependant pas, réunir autour de la même table, les patriotes. Et les ennemis de la patrie.

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