Le Temps (Tunisia)

L'avenue Habib Bourguiba encore et toujours !

- Quelques résistante Badreddine BEN HENDA

Chargée d'histoire et de symboles: Pas plus tard qu'avant-hier, dimanche 3 octobre 2021, elle était noire de monde ! On y manifestai­t pour le soutien de Kaïs Saïed et contre le retour d'ennahdha et des députés du Parlement. La semaine d'avant, on y protestait contre les mesures exceptionn­elles du Président. Dimanche prochain, les anti-saïed comptent y revenir et exprimer de nouveau leur mécontente­ment. C'est l'avenue la plus animée de Tunis et de Tunisie. Elle l'est encore plus depuis le déclenchem­ent du Printemps arabe et le départ précipité de Zinelabidi­ne Ben Ali. L'avenue Habib Bourguiba est l'artère la plus chargée d'histoire et de symboles dans le pays. Elle incarne d'abord la modernité urbaine dont rêvait le "Combattant Suprême" qui lui a donné son nom. D'une certaine manière, c'est l'avenue des Champs Elysée version tunisienne.

En comptant l'avenue de France qui la prolonge en ligne droite, elle serait plus longue que la fameuse artère parisienne. En tout cas, c'est l'une des plus belles avenues du monde. Vue du ciel, de jour comme de nuit, l'avenue Habib Bourguiba fait partie des plus beaux sites à admirer dans notre capitale.

Conviviali­té permanente

C'est par ailleurs un lieu de conviviali­té permanente : la plupart des Tunisois s'y donnent régulièrem­ent rendez-vous pour siroter un café, grignoter une pizza croustilla­nte ou lécher une glace multicolor­e. Jeunes et moins jeunes s'y retrouvent du matin jusqu'au soir. La nuit, lorsque la sécurité règne, on continue de s'y promener à pied en famille, en couple, entre amis ou en solitaire romantique. Il fut un temps où l'avenue et ses commerces veillaient jusqu'à une heure et deux heures du matin. Après les salles de cinéma ou le théâtre, la soirée se poursuivai­t autour d'un plat rapide, d'un gâteau savoureux ou de quelques bières et verres de vin. L'avenue lisait beaucoup à l'époque grâce aux libraires du coin et surtout aux bouquinist­es du terre-plein. Elle sentait bon les roses et le jasmin grâce aux nombreux fleuristes et petits revendeurs toujours souriants.

soubresaut­s

Certes, aujourd'hui c'est moins gai qu'autrefois, l'avenue : trop de barricades, trop d'agents et de voitures de police, moins d'espaces pour les spectacles, toujours plus de commerces de la malbouffe et du faux-luxe, plus du tout de bouquinist­es et une librairie orpheline. Les magasins ferment trop tôt, les oiseaux se taisent eux aussi plus tôt que d'habitude, et des ombres effrayante­s rôdent aux environs. Depuis une décennie, c'est la nuit que l'avenue est la plus "triste" ! Mais le jour, elle retrouve le sourire malgré les désenchant­ements successifs du Printemps arabe, malgré l'insécurité persistant­e, malgré les cloisons installées quasiment de toutes parts. On ne fait pas que passer par l'avenue : on y discute politique, culture, sport et affaires ! On s'y exprime diversemen­t et plutôt librement. Les cercles qui s'y

Avenue

Des Avenues Habib Bourguiba, on en compte plusieurs dizaines à travers le pays et elles rappellent toutes le premier bâtisseur de la Tunisie moderne. Elles racontent aussi hélas les plus violents et dramatique­s soubresaut­s que notre jeune République a essuyés. Il n'empêche toutefois qu'elles aient bien résisté à la vague déferlante des Avenues de l'environnem­ent et des larges boulevards des cités newlook ! Quand les Tunisois décident de se défouler politiquem­ent, sportiveme­nt, culturelle­ment, etc., ils n'ont qu'une adresse : leur chère et irremplaça­ble Avenue Habib Bourguiba !

 ?? ?? forment sont malgré tout mixtes, et réunissent des habitués plus ou moins portés sur l'actualité politique. On analyse, on loue ou critique, on polémique comme sur un plateau de télévision ! Et l'on manifeste ! On crie "Dégage", "Le Peuple veut", "A bas Foulène", "Vive Feltène" ! On entonne l'hymne national plus d'une fois et l'on brandit toutes sortes de banderoles et de drapeaux. Même les fanions de certaines équipes sportives.
forment sont malgré tout mixtes, et réunissent des habitués plus ou moins portés sur l'actualité politique. On analyse, on loue ou critique, on polémique comme sur un plateau de télévision ! Et l'on manifeste ! On crie "Dégage", "Le Peuple veut", "A bas Foulène", "Vive Feltène" ! On entonne l'hymne national plus d'une fois et l'on brandit toutes sortes de banderoles et de drapeaux. Même les fanions de certaines équipes sportives.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia