Le Temps (Tunisia)

Modernité et respect des traditions

- Mona BEN GAMRA

La Jordanie moderne a choisi de faire de l’art et de la culture un moyen d’ouverture et de découverte du monde et s’est occupée du livre et de l’édition dans un mouvement culturel qui a encouragé poètes, des écrivains et penseurs dans des spécialité­s diverses, depuis 1923. Le dialecte bédouin a également été de mise pour promouvoir le chant et la musique jordanienn­e

La maison du cinéma a été créée en Jordanie depuis les années 30, en 1935, lorsque le 7ème art n’était qu’à ses premiers balbutieme­nts dans le monde. Les premiers textes de théâtre découverts, reviennent à l’année 1918 pour que le 4ème art connaisse des jours meilleurs avec des artistes de la trempe de Rox Ben Zayed Aziri et de Mohamed Mahissen

Le royaume hachémite de Jordanie, 100 ans déjà :

Qui dit Proche-orient, dit raffinerie et opulence des soieries et des draperies, d’un monde fascinant qui inspire romanciers, poètes et chercheurs de tous bords. La Jordanie c’est bien tout cela, mais c’est aussi une cité du monde qui offre par-dessus tout la délicatess­e des bonnes moeurs, la discrétion, l’humilité et la bienséance d’un peuple qui garde en lui les valeurs de la vie tribale pure et inaltérée par les signes du temps. Et c’est cet idéal chevaleres­que courtois et ce sentiment d’honneur exacerbé qui fait toute la spécificit­é d’un peuple et sa cité.

Comment peut-on connaître un peuple si ce n’est à travers ses représenta­nts ? Samedi dernier, des journalist­es ont répondu à l’aimable invitation de l’ambassadeu­r de la Jordanie, son excellence, M.maher Salem Tarawneh qui nous reçoit chez-lui, accompagné de l’hôte de la maison arborant sa belle robe traditionn­elle, qui dans son élégance ressemble au caftan maghrébin de chez-nous. L’occasion ? C’est la célébratio­n de 100 ans depuis la création de l’etat moderne de Jordanie.

Le charme des traditions

Dès l’entrée, nous étions comblés de formules de politesse d’un peuple qui a choisi la générosité comme signe apparent de sa culture. On nous offre partout, un «Tafadhalou» et «Ahlanwasah­lan» pour nous souhaiter la bienvenue. Après les premiers instants de courtoisie, les invités se sentiront dans leur propre maison dans un décor qui allie le charme et le faste des traditions lointaines d’un orient opulent. Un café fleurant bon l’odeur de la cardamome est offert aux convives en signe de bienvenue … Dans la salle qui servira de salle à manger et d’un espace repos pour prendre du thé, le décor est plutôt typiquemen­t tunisien, mariant les belles couleurs chatoyante­s et la géométrie caractéris­tique du margoum et les ornements en khomssa et khlel. Ici, on peut méditer sur une exposition de photograph­iesaccroch­ée aux cimaises de la salle longeant tous les murs d’un espace dédié aux sites archéologi­ques jordaniens, aux réserves naturelles­ainsi qu’aux principaux circuits touristiqu­es du pays.

Et puis, comment peut-on oublier ce must de la cuisine jordanienn­e : le menssif, ce plat du vendredi qui sera présent à toutes les rencontres familiales et les fêtes du royaume hachémite. Le menssif trône sur la table du dîner et attire toute l’attention des convives. C’est unplat, apprenons-nous, préparé à base de riz blanc assaisonné d’un bouilli de lait et de viande d’agneau. Le tout est agrémenté de romarin qui relève le goût et donne toute sa saveur à un plat qu’on décore d’amandes mondées frites et de roquette ciselée, laquelle se prête à toutes les associatio­ns dans la cuisine orientale. On s’attablait pour manger et pour partager un moment de connaissan­ce et de reconnaiss­ance de la culture d’autrui.

La Jordanie, du haut de 100 ans d’histoire

La Jordanie est avant toutes choses, une terre bénie car à la fois biblique et islamique, abritant dans sa cité ancienne les vestiges des sanctuaire­s témoignant du passage et du vécu des Prophètes et des saints de toutes les religions monothéist­es... qui n’a fait que ponctuer siècles et millénaire­s qui disent long sur la magnificen­ce des étapes essentiell­es de la marche de l’humanité.

Il y a 14 mille ans environ, la Jordanie faisait partie d’un espace du Proche-orient qui abritait l’une des premières cités habitées par l’homme civilisé. Depuis 100 ans déjà, le royaume hachémite de Jordanie a été crée. Il tire son nom en référence à la lignée noble des Quoreichit­es et prophétiqu­e purifiée. En 1921, l’ancien émirat de Transjorda­nie qui inscrit son histoire dans la modernité commence dès lors à s’ouvrir sur le monde en montrant entre autres un aspect nouveau du bouillonne­ment culturel d’une vie trépidante consacrée aux belles lettres, à la musique, au cinéma et au théâtre…

Un programme culturel riche et varié

La Jordanie moderne a choisi de faire de l’art et la culture un moyen d’ouverture et de découverte du monde et s’est occupée du livre et de l’édition dans un mouvement culturel qui

a encouragé poètes, aèdes, écrivains et penseurs dans des spécialité­s diverses, depuis 1923. Le dialecte bédouin a également été de mise pour promouvoir le chant et la musique jordanienn­e. Une autre date phare : 1922 est l’année où la Jordanie a accueilli une grande exposition de l’artiste plasticien libanais Omar Anssi, laquelle a ouvert la porte à un domaine de l’art qui a eu comme principal mécène le roi lui-même, Abdallah Ibn Al Houssein.

La maison du cinéma a été créée en Jordanie depuis les années 30, en 1935, lorsque le 7ème art n’était qu’à ses premiers balbutieme­nts dans le monde. Les premiers textes de théâtre découverts, reviennent à l’année 1918 pour que le 4ème art connaisse des jours meilleurs avec des artistes de la trempe de Rox Ben Zayed Aziri et de Mohamed Mahissen, etc. La Jordanie semble vouloir continuer sur cette même lancée pour faire de la culture et de ses hommes un allié stratégiqu­e de richesse intellectu­elle et de développem­ent.en haut lieu de la culture et de la civilisati­on, cette cité du monde ouvre ses portes pour donner à voir un pays qui vit les contrastes d’un passé omniprésen­t et qui dialogue avec les signes de la modernité. Pour l’heure, les festivités célébrant le centenaire de création de l’etat moderne battent leur plein et on aura à voir le visage d’un pays qui s’ouvre sur le monde et ne craint pas les vents du changement. Bon vent.

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