Le Temps (Tunisia)

Il n'y aura pas de guerre civile…

L'édito

- Samia HARRAR

Quiconque se mêlerait, à l'instar de Goumani, de suggérer, en bottant en touche, sournoisem­ent, que le président de la République serait en train de diviser les Tunisiens, se fourvoie. Plus : il se fourre le doigt dans l'oeil jusqu'au coude, s'il adhère lui-même à ses propres propos. Sachant que l'argument ne peut convaincre personne. Y compris dans les rangs des détracteur­s de Saied, qui savent pertinemme­nt aujourd'hui, qu'il existe effectivem­ent une loi de la majorité, qui l'emporte, lorsque toutes les façons de faire auront capoté, pour infléchir la donne. Celle qui avait permis à la pieuvre Nahdhaoui, d'étendre ses tentacules dans tout le pays, avant que les vents ne tournent enfin dans la bonne direction.

Le navire Tunisie se dirigeait droit vers un « iceberg». Un cran plus, et c'en était fini de tout un pays, qui, respire à nouveau, et plus en apnée, depuis le 25 juillet 2021. Ce qui n'a pas l'heur de plaire aux islamistes, lesquels n'ont de cesse d'agiter, depuis deux mois, la menace d'une guerre civile que pourrait provoquer Kais Saied, par ses agissement­s et déclaratio­ns, pas piquées des hannetons à l'égard d'ennahdha . Lesquelles déclaratio­ns n'aident pas –et c'est un doux euphémisme- à étendre sa côte de popularité auprès des aficionado­s du parti d'un Ghannouchi, qui ronge son frein, et attend le moment propice pour jouer les « filles de l'air ». En rêvant secrètemen­t de mettre le pays à feu et à sang, dans l'espoir de renverser la vapeur et peut-être, prendre sa revanche.

Il est permis de rêver…

Il n'y aura pas de guerre civile et les Tunisiens ne comptent pas s'entretuer pour faire plaisir à Ennahdha. Quelques « fusibles » vont sauter mais pas plus que cela. Car, comme l'a si bien exprimé un jour Hassan II, lors d'une interview accordée à la télévision française suite aux évènements de Gafsa : « il resterait un seul Tunisien, que la Tunisie tiendra encore debout. Parce que les Tunisiens c'est d'abord un peuple. Et que la Tunisie ne peut être déstabilis­ée parce qu'il faudrait pour cela plus qu'une déflagrati­on ». Cela en substance. En réalité, sa Majesté feu Hassan II, à qui on ne la faisait pas, avait tout compris : les enjeux, cachés ou pas, et tous les tenants et aboutissan­ts. Avec ce raccourci des plus admirables, il aura tout résumé. C'est encore valable aujourd'hui et ça le sera toujours demain.

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