Le Temps (Tunisia)

Comme un train qui déraille…

- Samia HARRAR

Pourquoi a-t-il troqué un habit contre un autre? C’est fort dommage pour lui. Mais, n’est-ce pas, c’est peut-être un peu tard pour espérer qu’il se réveille.

Il s’est perdu un jour, à l’orée d’une révolution qui a eu lieu, ou pas, peu ou prou, dans les dédales de ruelles qui ne conduisent nulle part. Perdu à luimême, d’abord, et à toutes les valeurs des Lumières, qu’il défendait avant de devenir, comme par (dés)enchanteme­nt, le défenseur des causes obscures et rances, qui ont conduit à ce que la Tunisie connaisse sa pente la plus abrupte, avant qu’elle ne se ressaisiss­e, sauvée par le gong…

Moncef Marzouki ne se contente plus d’appeler à ce que les Tunisiens sortent manifester dans la rue, contre les mesures exeptionne­lles décrétées par Kais Saied. Il le fait maintenant à partir de Paris. En appellant la France à refuser désormais toute aide à la Tunisie, pour contrecarr­er tous les projets du président de la République. Pour lui mettre les bâtons dans les roues en somme, afin de plaire, non pas seulement à Marzouki mais aussi, mais surtout, aux islamistes.

Gravissime…

Qu’est-ce qui se passe dans sa tête? On ne sait pas ou, on ne le sait que trop, puisqu’aujourd’hui, c’est sans équivoque, que Moncef Marzouki aggrave son propre cas et s’enfonce une épine dans le pied. Sans comprendre qu’en perdant la mesure, et le sens de la mesure, c‘est tout son passé de militant pour les Droits Humains qu’il compromet, d’une façon définitive.

La véritable démocratie ne se joue pas sur ce terrain-là: il est miné. Et il serait absurde de croire, qu’un pays comme la France, malgré les quelques voix discordant­es, qui se verraient bien participie­r, à leur niveau, à un “lynchage “en règle, susceptibl­e de compromett­re le devenir d’un pays, qui sort à peine la tête de l’eau, et ramasse ses forces pour se remettre d’aplomb, puisse accepter de jouer ce jeu-là, dont l’effet “boomerang” se fait toujours sentir, à plus ou moins brève échéance pour tous ceux qui auront commis un jour, l’erreur d’y consentir.

Des Tunisiens vont sortir dans la rue aujourd’hui: c‘est leur droit. Pour manifester. C’est leur droit le plus fondamenta­l s’ils manifesten­t pacifiquem­ent.

Qu’ils soient contre ou pour Kais Saied ne pose pas de problème en soi. Encore une fois: c’est la règle du jeu. Sauf que les dés ne doivent pas être truqués d’emblée, ni servir de “détonateur” pour annoncer des festivités d’un tout autre ordre. Car c’est-là que réside le danger, et il n’est pas si minime qu’il ne faille pas le relever. Extrême vigilance…

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