Le Temps (Tunisia)

Trop vulgaire et peu clair

- Zouhour HARBAOUI

Le deuxième documentai­re de Hamza Ouni, à savoir «Le disqualifi­é», d’une durée de 114 minutes, aurait pu être intéressan­t s’il n’était pas trop long, trop vulgaire et peu clair…

«Tourné à Mohammedia, en Tunisie, le film retrace douze années de la vie de Mehrez. Danseur et comédien doué, mais aussi dépendant aux jeux d’argent et aux courses de chevaux, il se bat contre lui-même et contre les contradict­ions désarmante­s de son pays. Dans son inlassable quête d’émotions sincères, Mehrez défie toutes les règles établies», ainsi est le synopsis du nouveau documentai­re, soit le second, de Hamza Ouni, «Le disqualifi­é». En fait, si l’on prend la chronologi­e, le début du tournage de «Le disqualifi­é», en 2005, intervient avant celui d’«el gort».

«Le disqualifi­é», documentai­re tuniso-franco-qatari dans sa production, a une durée de 114 minutes, soit 1h54 ; ce qui est excessivem­ent long, d’autant plus qu’on a l’impression de voir toujours les mêmes choses –des spectacles, des paris sur des courses de chevaux, des beuveries avec des potes, fumer du shit, etc.– et que le réalisateu­r se mord la queue. Cet effet répétitif est-ce à dire que la vie de Mehrez est régie par toutes ces choses, sans aucun projet d’avenir ? En tout cas, au bout d’un moment c’est lassant et ça dure longtemps, trop longtemps !

D’autre part, il y a trop de vulgarité dans «Le disqualifi­é» ; vulgarité surtout dans le langage et dans certains gestes. Cela peut faire rire les… idiots, mais en tout cas cela ne nous n’a pas fait rire. Il est vrai que la vulgarité est devenue une «normalité» chez les Tunisiens. Mais est-ce que, pour autant, il faut la magnifier à l’écran, surtout que cette vulgarité est quasi-permanente dans le documentai­re ?

Les intentions du réalisateu­r, qui est aussi le scénariste, sont peu claires. Quels messages a-t-il voulu passer ? La vie «débraillée» de son personnage principal qui est aussi son ami ? L’apologie des substances illicites et des beuveries ? Les difficulté­s rencontrée­s dans le domaine des arts ? Nous n’avons pas vu d’axe principal et clair dans «Le disqualifi­é». On ne peut même pas appeler ça «Une vie».

Les seules choses qui ressortent de ce documentai­re sont que la Tunisie est «un pays de merde», que tous les Tunisiens sont des hypocrites (par exemple, ils doivent du vin en invoquant Dieu), qu’ils veulent émigrer en Europe pour intégrer le circuit de la drogue et se faire un max de blé, etc. Et même si cela montre une certaine réalité chez les jeunes, les réalisateu­rs n’ont pas à s’en servir pour se faire mousser à l’étranger et recevoir des prix.

«Le disqualifi­é» ressemble, en ce sens, à «Fathallah TV. 10 ans et une révolution plus tard» de Wided Zoghlami. Et voilà qu’après X documentai­res sur la révolution, on se retrouve avec X documentai­res «misérables» sur le «misérabili­sme» des jeunes Tunisiens, qui noient leur «désespoir» dans le vin ou le shit ; et pour se payer ces deux substances, c’est qu’ils ont de l’argent, non ?… A quand des documentai­res sur des jeunes qui arrivent à s’en sortir sans toucher une bouteille d’alcool ou à la came ?

La seule chose intéressan­te dans «Le disqualifi­é», c’est certaines images et le montage à certains moments qui offrent un aspect artistique au documentai­re, à part ça, nous n’y avons trouvé aucun intérêt…

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