Le Temps (Tunisia)

On donne des prix à n’importe qui ! C’est le système Ben Ali !

- Zouhour HARBAOUI

COMMÈRE.TN

Je rigole quand je vois à qui l’on rend hommage à travers certains de nos festivals. Cela me rappelle le système Ben Ali puisqu’on donne des prix à n’importe qui !

Vous voulez recevoir un prix, rien de plus simple : faites semblant de travailler pour la culture et l’art dans notre pays, alors que vous oeuvrez pour votre propre poire, et prostituer la Tunisie dans les pays du Golfe, vous ferez d’une pierre deux coups. En effet, vous aurez les honneurs chez nous, et du fric d’ailleurs plein les poches.

Je me permets un petit flash-back en me rappelant que, pendant les années Ben Ali, lors de la journée de la Culture, on récompensa­it les lèchebotte­s, ou ceux qui étaient, d’une manière ou d’une autre et même indirectem­ent, avec le parti unique. Je me souviens d’une journalist­e qui bossait pour «Le Renouveau» (organe de presse du parti) qui avait reçu un prix pour la culture alors qu’elle écrivait en… économie ! Il y a de quoi en être étonné, non, d’autant plus que cette journalist­e en a été la première surprise ! ? Mais que pouvait-elle faire, à part se taire ?

Franchemen­t, il valait mieux ne pas recevoir de prix à cette époque, puisque, après la révolution de 2011, ceux qui avaient été récompensé­s se sont vus traités comme des traîtres à la patrie, comme des vendus, etc.

Aujourd’hui, plus de dix années après, en culture, on continue à utiliser le système Ben Ali : donner des prix à n’importe qui, aux moins méritants, parce que finalement et à bien regarder leurs historique­s, on s’aperçoit qu’ils ont joué au timbre-poste, collant les uns et les autres pour essayer d’être connus. Ce sont des pique-assiettes, mangeant à tous les râteliers. Pour s’en débarrasse­r, on leur a proposé des postes qu’ils n’auraient, dans un autre monde, pas dû obtenir. Mais, on est en Tunisie où tout ce qui est magouille est permis. Au bout du compte, ce sont des vauriens (dans le sens qu’ils ne valent rien, mais, quelque part, dans le sens de voyous aussi, puisqu’ils font payer très cher les personnes qu’ils ont, soi-disant, «aidées», même «aidées» d’une once ; les pauvres, elles pensent leur être redevables à vie) que l’on récompense ! Et ils sont récompensé­s pourquoi ? Parce que ce sont de vieux croûtons et qu’il faut récompense­r les vieux croûtons, même s’ils n’ont rien fait de probant pour la culture et l’art ? Ou parce qu’ils ont reçu un ou deux prix pour, par exemple, une pièce de théâtre, de toute leur carrière ou pseudo-carrière ? Ou par pur copinage improducti­f ou forcé ?

Avant de donner des prix à n’importe qui, faudrait peut-être apporter des preuves de leurs apports à la culture et à l’art de la Tunisie. Ce n’est pas en allant déclamer des poèmes (il y a en qui se prennent vraiment pour Aboul Kacem Chebbi, alors qu’ils sont beaucoup plus «aboul le fric»), ou faire de la lèche aux «vrais Arabes» (parce que, pour ces derniers, je ne le répèterais jamais assez, nous ne sommes pas de vrais Arabes, mais la lie de leur lie !) que l’on apporte quelque chose à la culture et à l’art de notre pays, intra-muros ou extramuros. Ils exportent une image négative des artistes tunisiens auprès des émirs du pétrole, et «prostituen­t», par là-même, la représenta­tion de notre pays, déjà mal en point et bien entamée, chez «les Zéros», les «Kachtas ou Rabtas». Combien de temps pour qu’ils comprennen­t qu’obtenir un prix n’est pas une reconnaiss­ance en soi, parce qu’avec ou sans ce prix, ils ne sont rien du tout ? Combien de temps pour comprendre qu’il faut enterrer le système Ben Ali –qui a vraiment la vie dure chez nous ? Combien de temps pour que la culture et l’art chez nous soient débarrassé­s des parasites en tout genre ? Et à cause de ces n’importe qui, qui font n’importe quoi, la culture et l’art vont très mal chez nous. Ils sont pires que la Covid-19, variant omicron !

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