La peinture qui coule de source
La galerie Kalysté, à la Soukra, présente depuis le 18 juin et jusqu’au 8 juillet une nouvelle exposition du plasticien et grand maître tunisien résident en France Ahmed Hajri sous le titre de : « Le tourbillon de la vie. » De belles et heureuses retrouvailles.
Un plaisir toujours immense de rencontrer et l’artiste et son oeuvre. Ahmed Hajri est un artiste peintre singulier, mondialement reconnu, humble, modeste et qui honore la Tunisie. Il revient à la galerie Kalysté, après y avoir exposé en décembre 2018 sous l’intitulé de : « Le fil d’une vie. » Un nouveau rendez-vous, concocté par Synda Ben Khélil, maîtresse et animatrice des lieux, est proposé aux amateurs d’art contemporain. Notre artiste raconte et continue de raconter la vie telle que vécue et la vie telle que rêvée en insistant, cette fois-ci, sur son tourbillon pour dire la tourmente, le vertige et le tumulte. Avec plus de trente tableaux mis à vue en différents formats, Ahmed Hajri se plait toujours à nous prendre au dépourvu à l’acrylique, à l’aquarelle et aux dessins au fusain en transcendant le déjà vue et en nous surprenant davantage. Nous acceptons, volontiers, sa « folle » créativité, celle-là même qui exprime le réel et l’irréel et le rêve par onirisme interposé. Ahmed Hajri exprime tout simplement la vie, n’y ajoutant aucune retouche avec parfois son amère réalité. Avec une peinture où les personnages flottent dans l’air, cela ressemblerait à la peinture de
Chagall, mais c’est du Hajri, tout court. On reste jubilatoire. Et parmi les tableaux exposés, « Sortie de bain » est parmi les plus intrigants, dans la mesure où le lieu où se trouve une femme est peu indiqué. Elle tire une longue serviette dont elle ne sait point d’où elle vient. Une situation qui nous pousse à nous poser des questions sur le processus de création chez le plasticien. Le peintre Ahmed Hajri nous a indiqué à ce propos que, quand il peint, il se laisse emporter par les idées qui l’habitent et surgissent au gré du moment. Il ne sait plus parfois et par ailleurs, ce qu’il réalise sur la toile. Cela paraît étrange et grandiose. L’artiste va même se demander s’il a lui-même réalisé le travail, ou pas. Ainsi, la peinture d’ahmed Hajri coule de source, telles les paroles qui naissent instantanément chez le poète.