Le Temps (Tunisia)

Le seuil critique

Violence dans les stades :

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Les actes commis par les supporters de l’etoile Sportive du Sahel, qui étaient à deux doigts d’agresser les joueurs de l’esperance Sportive de Tunis sur l’aire de jeu, est un nouveau pas dans la violence dans nos stades, malheureus­ement franchi et qui aurait pu se terminer par un drame. Ce qu’on a pu voir, avanthier jeudi, est le moins qu’on puisse dire choquant et la rivalité entre l’etoile et l’esperance ne justifie aucunement ce qui s’est passé après le but de Mohamed Ali Ben Hamouda. Le joueur n’a pas fait de bras d’honneur ni encore moins adressé un « majeur », ni aucun autre geste déplacé à l’encontre des supporters étoilés dans les gradins. Et sa façon de fêter son but n’est pas un prétexte pour envahir le terrain et encore moins pour utiliser des objets divers pour agresser tous les joueurs de l’esperance sur la pelouse, qui doit être considérée comme un terrain neutre et protégé. De toute manière, rien ne peut et ne doit justifier la violence.

Quand on justifie l’injustifia­ble

Ce qui inquiète le plus dans ce phénomène de violence, devenu récurrent dans nos stades, c’est le fait d’entendre des explicatio­ns pour le moins bizarre de la bouche de gens censé donner le bon exemple. Expliquer ce qu’il s’est passé à Sousse par la manière de Mohamed Ali Ben Hamouda de fêter son but est incompréhe­nsible et indigne. On a pu entendre des gens, supposés donner l’exemple, expliquer ces incidents et ces actes intolérabl­es qui ont eu lieu à Sousse en affirmant que le public étoilé a été provoqué par le joueur espérantis­te. Alors qu’il fallait mieux condamner et, surtout, éviter de justifier l’injustifia­ble. Autrement, les violeurs ne seront plus à blâmer quand la personne agressée porte un décolleté.

Des arbitres marionnett­es

Parmi les responsabl­es de cette violence banalisée dans nos stades, on citera les arbitres, devenus des outils, des marionnett­es manipulés et désignées pour mener à bon port les projets d’une fédération qui ne fait plus l’unanimité autour d’elle. Nidhal Letaïef n’a fait que respecter les directives du commissair­e du match, Houssine Ouled Ahmed qui, à son tour, n’a fait que respecter les directives de ses employeurs. On attend certaineme­nt mort d’homme pour arrêter un match.

Scénario attendu

Ce qui s’est passé à Sousse était attendu. Et ce n’est pas la manière employée par Mohamed Ali Ben Hamouda pour fêter son but qui a déclenché autant d’hostilités er de haine. Les choses devaient se dérouler ainsi. Certains supporters avaient besoin d’un prétexte pour faire ce qu’ils ont fait. Ceci étant, ils ne pouvaient rêver mieux avec la venue de l’esperance Sportive de Tunis à Sousse. On rappellera que ce n’est pas la première fois que cela arrive car, en Ligue des champions, un match entre l’esperance et l’etoile a été arrêté après envahissem­ent du terrain. Ce jour là, l’ex-président de l’etoile, Ridha Charfeddin­e s’est assis sur le banc de l’esperance pour le protéger et pour qu’on arrête de le canarder de projectile­s en tous genres.

Comment combattre le phénomène ?

Pour combattre la violence dans les stades, l’exemple de ce qui a été fait en Angleterre est à suivre. Le hooliganis­me chez les Britanniqu­es a coûté cher en vies humaines. Après la Coupe du monde de1998, et avec les incidents de Marseille, les responsabl­es du football anglais ont pris des décisions drastiques sans avoir à attendre d’autres pertes en vies humaines. Il faut dire que les images du Heysel sont encore gravées dans nos mémoires. Et pour mettre fin à ce fléau, on a agi. Ainsi, sur le plan législatif, on a appliqué le principe de tolérance zéro, jusque chez les mineurs. Les grilles autour du terrain ont été supprimées er, en parallèle, le fait de pénétrer sur le terrain, ou d’entonner des chants racistes, ou encore de lancer un objet sur la pelouse entraine désormais l’exclusion et l’interdicti­on pure et simple d’accéder aux stades à l’égard des fauteurs de troubles. Le texte prévoit notamment une peine maximale de 10 ans de prison pour une action violente dans l’enceinte d’un stade. Si on venait à appliquer ces lois, on serait moins enclin à jeter une bouteille d’eau minérale sur un adversaire. Des fois, on le fait pour le plaisir. En Tunisie, c’est devenu un sport national à cause de l’impunité et du manque d’autorité qui règnent.

Mourad AYARI

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