Le Temps (Tunisia)

Au commenceme­nt était le verbe...

- Samia HARRAR

Si elle n’est pas la Terre des miracles, elle est, sans nul doute, celle de tous les possibles. De par son histoire. Et puis tant qu’à faire, si par les temps qui courent, et en dépit de toutes les forces d’inertie qui auraient vu d’un très bon oeil, que ce 18e Sommet de la Francophon­ie, reporté par deux fois, ne puisse pas avoir lieu, Djerba ait pu accueillir, comme escompté, les 19 et 20 novembre 2022, quelque 31 chefs d’état et de gouverneme­nts, ainsi que des dirigeants d’organisati­ons régionales et internatio­nales, aux côtés de quelque 80 délégation­s qui ont fait le voyage pour l’occasion, ce serait, déjà, une manière de prouver que la Tunisie, lorsqu’elle se fixe un objectif et se donne les moyens de ses ambitions, est à même de relever tous les défis. Mais est-ce que l’enjeu, en vaut la chandelle ?

Lorsque toutes les valises seront bouclées, et tous nos illustres hôtes, ayant regagné leur « chez soi », pour méditer sereinemen­t sur les vertus de l’immersion dans un espace-temps, qui lui, serait bien réel, et aurait visage humain : celui de la douce île de Djerba qu’on ne peut pas ne pas aimer, il sera toujours temps de penser à l’aprèsvente. Et d’en tirer les conclusion­s qu’il faut.

Macron pense à l’afrique, et à la langue française, et Trudeau, à quoi il pense ? A l’une et à l’autre peut-être. Ou peut-être pas. Il faudra le lui demander. Entre quatre-yeux. Des volontaire­s ?

Cela étant dit, le XVIIIE Sommet de la Francophon­ie, qui s’est tenu sous le thème :

« La connectivi­té dans la diversité, le numérique, vecteur de développem­ent et de solidarité dans l’espace francophon­e », à l’instar de tous ceux qui l’auront précédé, s’il n’a pas, sur l’échiquier mondial, de rôle politique prégnant, à jouer, n’en constitue pas moins, un rendez-vous d’importance, dont il ne s’agit pas de minimiser la portée, puisqu’il permet notamment, de prendre le « pouls » de nos « connexions » respective­s, à l’échelle de nos pays qui avons le français en partage, comme manière de faire lien, même si le « français » en question, a perdu du terrain, à certains égards dans nos contrées, pour les raisons que tout le monde connaît. Il n’est pas trop tard pour y remédier. A charge pour les participan­ts, de remiser au « placard » langue de bois et entre-jambes, pour se pencher sur l’essentiel. A savoir, la manière dont il faudra s’y prendre pour désamorcer les crises auxquelles fait face l’humanité. Et celles que tout l’espace francophon­e, s’il faut parler d’espace, s’apprête à affronter. Sans avoir veillé, en amont, à trouver les réponses qu’il faut, avant de se les coltiner en aval, de plein fouet.

La sécurité alimentair­e, le défi écologique, le déficit énergétiqu­e, consécutif­s à la guerre en Ukraine mais pas seulement, regardent tous les pays. Et en premier lieu, ceux qui ne sont pas préparés pour les contrer, parce que, pas pourvus des moyens, ou de l’expertise qu’il faut, pour y parvenir. Est-ce à dire que tous les pays, et ils sont légion, qui ont la langue française en partage, et en guise d’héritage, pourraient, si les actes s’accolaient aux discours, trouver justement une réponse commune, à ses crises qui se jouent sur plusieurs paliers, mais qui impactent différemme­nt chacun d’entre-eux, en choisissan­t de renforcer la solidarité, dans les échanges économique­s et commerciau­x, en investissa­nt davantage dans le numérique, pour mieux se raccorder à leurs essentiels, qui ne sont pas tout à fait les mêmes sans être tout à fait différents, dans l’urgence qui les commande tous, et qui a à voir, avec la survie de peuples entiers, qui comptent sur cette solidarité là, si elle est effective, pour se sauver les uns les autres : « celui qui sauve un Homme etc ?

Le Sommet de la Francophon­ie a peut-être les épaules trop « frêles » pour supporter pareil fardeau. Mais son passage par Djerba le changera peut-être. Qui sait ? Un miracle pourrait avoir lieu.

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