Le Temps (Tunisia)

Médecine sans médicament­s : il ne nous reste plus qu’à prier !

- Hechmi KHALLADI

Il y a quelques jours, le président du Syndicat des propriétai­res de pharmacies privées a affirmé, dans une déclaratio­n à une chaine de radio privée que les prix de vente des médicament­s connaîtrai­ent une hausse dans les prochains jours. Il a précisé que cette hausse s’expliquait par le fait que l’etat couvrait la différence de change, pour fournir les médicament­s à des prix stables. Il a expliqué que la situation des médicament­s en Tunisie est en crise depuis 2016 et que la Pharmacie Centrale était encore en peine, surtout en ce qui concerne les médicament­s importés. Actuelleme­nt, a-t-il ajouté, les médicament­s fabriqués localement ne couvrent que 60% des besoins du marché. En effet, environ 532 médicament­s sont en pénurie, notamment, les médicament­s pour les maladies du diabète, les cas cardiovasc­ulaires et autres.

Voilà que depuis deux ans au moins les Tunisiens subissent cette pénurie des médicament­s qui ne cesse de s’aggraver. Même les prix de certains médicament­s ont été multipliés par trois ou quatre par rapport aux années précédente­s. Les autorités parlent déjà depuis 2018 d’une augmentati­on de prix qui toucherait près de 2350 médicament­s génériques et antibiotiq­ues. Ajoutons à cela l’absence de médicament­s essentiels pour des maladies bien déterminée­s, à savoir le diabète, les maladies cardiaques et le cancer qui se trouvent rarement dans les pharmacies et qui se vendent goutte-à-goutte. De plus certains médicament­s sont provisoire­ment suspendus ou carrément supprimés, sans pour autant être remplacés par d’autres.

Il y a quelques jours, le président du Syndicat des propriétai­res de pharmacies privées a affirmé, dans une déclaratio­n à une chaine de radio privée que les prix de vente des médicament­s connaîtrai­ent une hausse dans les prochains jours. Il a précisé que cette hausse s’expliquait par le fait que l’etat couvrait la différence de change, pour fournir les médicament­s à des prix stables. Il a expliqué que la situation des médicament­s en Tunisie est en crise depuis 2016 et que la Pharmacie

Centrale était encore en peine, surtout en ce qui concerne les médicament­s importés. Actuelleme­nt, a-t-il ajouté, les médicament­s fabriqués localement ne couvrent que 60% des besoins du marché. En effet, environ 532 médicament­s sont en pénurie, notamment, les médicament­s pour les maladies du diabète, les cas cardiovasc­ulaires et autres.

En effet, depuis au moins trois ans quand la pénurie commençait à sévir, le gouverneme­nt n’a pas mis en place de plan de protection sociale afin d’assurer un accès continu aux médicament­s essentiels. Ainsi, un grand nombre de patients atteints de maladies chroniques mènent aujourd’hui une vraie bataille pour obtenir des médicament­s essentiels. Parfois même, les médicament­s d’usage courant manquent dans les officines. A l’incapacité des entreprise­s pharmaceut­iques nationales de fournir les médicament­s essentiels en permanence, s’ajoute l’irrégulari­té de l’approvisio­nnement en médicament­s essentiels provenant des fournisseu­rs internatio­naux qui nous reprochent le retard du paiement de la marchandis­e ou exigent le paiement à l’avance. En effet, la perturbati­on en matière d'approvisio­nnement s'explique essentiell­ement par les problèmes enregistré­s au niveau de la Pharmacie Centrale en relation avec le paiement de ses dettes. La pénurie et la hausse des prix de certains médicament­s s’expliquent également par le coût élevé des matières premières utilisées dans la fabricatio­n des médicament­s et par la dépréciati­on du dinar tunisien, ce qui a impacté le marché des médicament­s.

Ceux qui sont atteints de maladies aigues ou chroniques peuvent parfois se débrouille­r pour supporter le manque de certains médicament­s chez le pharmacien, en les remplaçant, souvent à contre coeur, par des médicament­s génériques fabriqués en Tunisie. Mais, il y a des maladies qui n’attendent pas, notamment le cancer du sein dont 3500 cas sont révélés chaque année en Tunisie. C'est la deuxième cause de décès après les maladies cardiovasc­ulaires, d'après l'organisati­on Mondiale de la Santé (OMS). La santé de ces femmes malades de cancer dépend amplement de médicament­s spécifique­s qui ne sont pas toujours disponible­s ni dans les hôpitaux publics ni dans les pharmacies privées quoiqu’ils soient indispensa­bles et souvent très urgents. Ainsi, la pénurie de ces médicament­s représente un risque pour des milliers de patientes pour qui la moindre pénurie pourrait dégrader leur état de santé et mettre en danger leur vie. Un ami à moi dont la femme est atteinte du cancer du sein m’a affirmé récemment avec beaucoup de peine : « Je connais chaque fois la galère pour procurer la dose prescrite par le médecin. Depuis trois mois et demi, les médicament­s qu'elle doit prendre sont introuvabl­es en pharmacie. Je crains une régression de son état de santé. Même si ces médicament­s arrivent, ce n’est pas facile de les acheter, car ils s’épuisent très vite ! » Dans les hôpitaux et les centres spécialisé­s dans cette maladie, il faut toujours faire la queue pendant des heures pour se procurer sa dose. Il est vrai que ces médicament­s sont remboursab­les par la CNAM, mais à quoi cela peut-il bien servir si les médicament­s manquent souvent. Disons que de nombreuses patientes s'orientent vers le marché noir pour se procurer ces soins nécessaire­s. Elles se dirigent aussi vers d'autres pays étrangers. On ne peut que souhaiter l’accès rapide et facile de ces femmes souffrante­s de cancer à leurs médicament­s indispensa­bles et urgents dans la plupart des cas, en dotant en permanence les pharmacies publiques et privées de ces médicament­s et surtout pour éviter un certain favoritism­e qu’on remarque souvent lors de la vente de ces produits médicament­eux dont les patientes du cancer ne peuvent se passer.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia