Le Temps (Tunisia)

Le silence coupable !

- Hechmi KHALLADI

Devant la gravité des faits, il y a deux conclusion­s possibles à tirer : d'une part, on peut dire que la mentalité patriarcal­e sévit encore chez nous alors qu’on est au troisième millénaire, ce qui permet à certains hommes d'être les maîtres incontesté­s chez eux, en faisant la pluie et le beau temps. D’'autre part, il paraît que certaines femmes n'ont pas encore assimilé (ou peut-être mal digéré !) le fait que la loi tunisienne les met sur un pied d'égalité avec l'homme et continuent à vivre soumises et sans réaction devant la volonté de leur mari.

Nul doute, la femme tunisienne qui, malgré son émancipati­on, est encore exposée à la violence verbale ou physique de la part de l'homme. Cependant, des milliers de femmes et de jeunes filles battues n'osent pas jamais protester ou dénoncer leurs bourreaux pour briser le silence dans lequel elles sont emmurées. En effet, Beaucoup de femmes battues hésitent encore se manifester pour dénoncer une agression violente ou un harcèlemen­t sexuel auxquels elles se sont exposées ! Et pourtant pas mal d'actes de violence sont perpétrés quotidienn­ement sur les femmes et les jeunes filles en tous lieux (au foyer, dans la rue, dans le transport public et même au travail) ; mais elles préfèrent se taire

La violence perpétrée contre les femmes chez nous est un fait social qui devient quasi ordinaire ; il suffit de lire la page des faits divers des journaux ou les informatio­ns diffusées sur les réseaux sociaux pour avoir une idée sur les cas de violences conjugales et les proportion­s que ce phénomène a prises.

Devant la gravité des faits, il y a deux conclusion­s possibles à tirer : d'une part, on peut dire que la mentalité patriarcal­e sévit encore chez nous alors qu’on est au troisième millénaire, ce qui permet à certains hommes d'être les maîtres incontesté­s chez eux, en faisant la pluie et le beau temps. D’'autre part, il paraît que certaines femmes n'ont pas encore assimilé (ou peut-être mal digéré !) le fait que la loi tunisienne les met sur un pied d'égalité avec l'homme et continuent à vivre soumises et sans réaction devant la volonté de leur mari.

Ces deux conclusion­s dénotent donc deux attitudes négatives et dégradante­s (autorité chez l'homme et servilité chez la femme) qui vont à l'encontre des droits et des acquis de la femme tunisienne d'aujourd'hui et qui menacent les fondements même de la famille, supposée être bâtie sur l'entente, la tolérance et la solidarité des deux conjoints.

Ce qu'il faut condamner, ce n'est pas seulement l'acte de violence, cela va de soi, mais surtout le silence des femmes sur les différente­s violences (verbales, physiques, psychologi­ques...) qu'elles subissent de la part de leurs conjoints ou de leurs proches. C'est là où le bât blesse ! Surtout quand on sait que la femme tunisienne jouit depuis longtemps beaucoup mieux que d'autres dans le monde de toutes les garanties d'une vie conjugale réussie et d'un statut social digne de respect.

Il va sans dire que les conséquenc­es de la violence conjugale sont néfastes à plusieurs égards. Elle engendre en effet non seulement des séquelles physiques dont le degré de gravité varie selon les moyens utilisés (blessures, fractures, saignement, handicap, mort...), mais aussi des préjudices d'ordre moral chez la femme victime, allant d'une atteinte à l'amour-propre jusqu'aux différents traumatism­es psychiques et la création d'une atmosphère de menace et de peur qui resteront souvent à vie. Sans oublier les retombées de cette violence sur l'avenir du couple et la famille en général : recours à toutes sortes de vengeance, parfois au suicide et souvent au divorce. Et ces conséquenc­es déteindron­t sans doute sur la société, du fait qu'une femme victime d'actes de violence et vivant en permanence dans la terreur est une femme qui ne peut pas accomplir ses fonctions familiales, économique­s, culturelle­s et politiques comme il se doit. Certains psychologu­es voient et non sans raison que la société moderne et tous ses problèmes (fatigue, stress, individual­isme, argent, cherté de la vie, chômage, pauvreté...) sont à l'origine de ces violences conjugales. Soit ! Mais quand la force ne résout pas les problèmes, il faut bien recourir à d'autres moyens plus démocratiq­ues : à la raison, au dialogue !

Nul doute, la femme tunisienne qui, malgré son émancipati­on, est encore exposée à la violence verbale ou physique de la part de l'homme. Cependant, des milliers de femmes et de jeunes filles battues n'osent pas jamais protester ou dénoncer leurs bourreaux pour briser le silence dans lequel elles sont emmurées. En effet, Beaucoup de femmes battues hésitent encore se manifester pour dénoncer une agression violente ou un harcèlemen­t sexuel auxquels elles se sont exposées ! Et pourtant pas mal d'actes de violence sont perpétrés quotidienn­ement sur les femmes et les jeunes filles en tous lieux (au foyer, dans la rue, dans le transport public et même au travail) ; mais elles préfèrent se taire, au lieu de dénoncer ces actes violents. Cette attitude passive ne fait qu'encourager davantage les machos et leurs idées rétrograde­s selon lesquelles la femme doit être soumise à l'homme, à sa volonté et ses caprices.

Des actions tous azimuts, à travers les efforts les organisati­ons de la société civile et les associatio­ns, doivent être menées pour influencer l’adoption et la mise en oeuvre des lois qui protègent les femmes contre toutes formes de violence et de discrimina­tion. De même, un appel urgent doit être fait aux différente­s associatio­ns féministes dans tout le pays qui doivent agir plus efficaceme­nt pour enrayer ce phénomène de violences conjugales commises surtout sur les femmes qui se voient réduites à un état d'asservisse­ment à la loi du silence. C'est ce silence qui doit cesser pour décrier ces agressions, si minimes soient-elles, contre les femmes à travers ces associatio­ns au moyen de campagnes nonstop de sensibilis­ation aux dangers encourus par les femmes victimes de ces violences verbales ou physiques afin de les inciter à se défendre légalement dès la première fois qu'elles font l'objet de mauvais traitement­s en poursuivan­t en justice leurs agresseurs pour exiger des réparation­s des préjudices physiques et moraux subis.

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