Fuir la guerre et l'hiver
Bien que libérés des forces russes, les habitants de Kherson dans le sud de l'ukraine sont obligés de fuir. Après son retrait, Moscou a adopté une nouvelle stratégie : bombarder massivement les infrastructures civiles, pour rende la vie impossible. Avec l'arrivée de l'hiver, les personnes vulnérables ne peuvent plus survivre dans ces conditions. « Kherson peut devenir le second Marioupol. Nous devons évacuer autant de personnes que possible. Ici, il n'y a pas ni électricité ni eau. Les hôpitaux ont besoin d'aide, ils ont surtout besoin de médicaments. Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour que les civils trouvent refuge dans un endroit chaud », explique Viktor Mironov, un volontaire ukrainien. Même si l'électricité a été rétablie ce weekend, Kherson reste la cible de violents bombardements, qui ont notamment causé la mort de nombreux civils.
Les responsables ukrainiens ont dit lundi s'attendre à une nouvelle vague de bombardements russes cette semaine, les précédentes salves ayant visé des infrastructures critiques et provoqué des coupures massives d'eau et d'électricité, notamment dans la capitale Kiev. « Il est fort probable que le début de la semaine soit marqué par une telle attaque », a déclaré lundi la porteparole du commandement Sud de l'armée ukrainienne, Natalia Goumeniouk, soulignant qu'un navire russe porteur de missiles était apparu en mer Noire. « C'est un portemissiles de surface qui embarque huit missiles de type Kalibr. Cela indique que des préparatifs sont en cours », a-t-elle ajouté à la télévision ukrainienne. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a averti dans un discours vidéo dimanche soir que « la semaine qui commence peut être aussi difficile que la semaine passée », marquée par des bombardements russes qui ont provoqué des pannes de courant massives alors que les températures hivernales s'installent. Températures négatives et premiers flocons de neige ont déjà fait leur apparition à Kharkiv, dans l’est de l’ukraine. Alors que l’hiver s’annonce rude, le Conseil norvégien pour les réfugiés tente de venir en aide aux plus démunis. Le secrétaire général de l’organisation humanitaire, dont les équipes sont déployées dans plusieurs villes du pays, évoque une situation alarmante. « Nous sommes dans une course contre la montre et contre l'hiver, explique Jan Egeland. La plupart de ceux qui vivent près de la ligne de front n'ont reçu quasiment aucune aide ces derniers mois. La situation en Ukraine est terrible et elle est exacerbée par les attaques russes contre les infrastructures civiles. »
Alors que les frappes russes entraînent des coupures d’eau et d’électricité, de nombreux Ukrainiens n’auront pas d’autre choix que de quitter leur pays cet hiver, pour survivre. « L'europe doit se préparer à accueillir des centaines de milliers de nouveaux réfugiés cet hiver, estime Jan Egeland. De la Norvège au nord, aux pays du sud de l'europe, il y aura des dizaines de milliers de nouvelles personnes qui arriveront. Mais la plupart des réfugiés, bien sûr, se dirigeront vers la Pologne, la Hongrie, la Roumanie et la Moldavie. » L’organisation humanitaire demande également un accès sécurisé aux zones de guerre pour venir en aide aux personnes âgées restées sur place, par volonté ou par contrainte.