…Et s’il s’agissait d’une pieuvre appelée « Etat profond » ?
Les institutions de l’etat « filtrées » comme le dit Saied ? Qu’a voulu insinuer le Président de la République en déclarant lors de sa leur tendances politiques et les clans auxquels ils appartiennent, y compris rencontre avec la cheffe du gouvernement Ne
D’aucuns affirmant qu’il vise les opposants qui du reste, étaient déjà là avant son avènement et qui se sont petit à petit révélés notamment depuis l’action d’une lutte sans merci contre la corruption, les malversations et le terrorisme, qu’il a commencé à mener dès l’annonce de l’etat d’exception, le gel de l’ancien parlement et la suspension des députés. D’autres soutenant qu’il s’agit surtout de ceux qui, ont commencé à nouer des relations avec des parties opposées à Kais Saied, avant le mouvement du 25 juillet et ont continué sur leur lancée tout en gardant la main sur certaines institutions de l’etat. C’était le cas de l’ancien chef du gouvernement Hichem Mechichi , qui bien que choisi par le chef de l’etat, conformément à la constitution de 2014, a joué la carte du mouvement Ennahdha et a commencé dès le jour de son investiture à gagner leur sympathie. Mais il a été très vite trahi par son double jeu qui était gros comme une maison. C’est le cas aussi d’un certain maire qui se croyait le seul maître à bord en déplorant le fait qu’il ne soit pas avisé à temps de la visite dans « sa ville » de Kais Saied venu à la mosquée accomplir la prière du vendredi, ou encore du gouverneur qui a refusé de permettre de célébrer la fête de l’évacuation du 15 octobre 1963, jour qui a marqué le départ des dernières forces étrangères restées en Tunisie après l’indépendance.
Le ver est dans le fruit
Cela n’est que la partie émergée de l’iceberg, car le ver est dans le fruit depuis longtemps. Kais Saied a déploré « le nombre non négligeable de ces éléments qui se sont infiltrés dans les institutions de l’etat en vue d’en bloquer la marche normale ». Or le blocage viendrait du fait que certains ne se conforment pas à la loi dans l’exercice de leurs fonctions et ce, par moult dépassements allant du copinage jusqu’à la corruption, le détournement de fonds ou le blanchiment d’argent.
Est-ce ceux-là que visent particulièrement le Président de la République ? Pour certains ce sont tous les actes contraires à la loi commis au sein des institutions qui sont concernés. Cependant que pour d’autres ce sont surtout les opposants au régime qui dans l’apparence se proclament des principes de droits et des libertés. C’est le cas de certains syndicats de la fonction publique chez qui des dépassements, voire des détournements de fonds ont été constatés, à l’instar du syndicat des greffiers de la justice ou certains syndicats des forces de l’ordre. Mais ce n’est pas une raison pour généraliser. Le droit syndical étant un droit constitutionnel, et la défense des droits par un fonctionnaire membre d’un syndicat professionnel ne peut être considérée comme un dépassement. Sauf que dans l’exercice de sa fonction il doit être neutre abstraction faite de toute appartenance politique.
Or il y a toujours eu des considérations d’appartenances politiques, et c’est ce qui a longtemps nui au pays. Durant l’ancien régime, ceux qui étaient affiliés, du parti au pouvoir, ou même les simples sympathisants, avaient un régime de faveur. Ils pouvaient par exemple accéder facilement à un emploi, les malversations et la corruption y aidant. Ceux qui étaient considérés comme des opposants, étaient dans une mauvaise posture, notamment au sein de la fonction publique. Sans parler de ceux qui osaient dénoncer les injustices et les pratiques des deux poids deux mesures. On se rappellera toujours de ce qu’ont enduré ceux parmi des fonctionnaires qui défendaient leurs droits et ceux de leurs collègues. Rien qu’à citer le cas du juge feu Mokhtar Yahiaoui qui a subi les pires des exactions car il a osé attirer l’attention du président de la République à l’époque, dans une lettre ouverte, sur les pratiques honteuses et les différentes infractions à la loi et qui revendiquait le rétablissement d’un Etat de droit.
Si bien qu’il faut faire la part des choses entre la neutralité d’un fonctionnaire au cours de l’exercice de sa fonction et son attitude en tant que citoyen ou représentant d’une structure syndicale ou judiciaire.
Certes et comme l’a affirmé le Président de la République la neutralité constitue le principe primordial sur lequel «
Appartenances politiques et régimes de faveur La part des choses
repose le fonctionnement des services publics, loin de toute appartenance politique ». Cependant et selon la plupart des observateurs, un fonctionnaire tel qu’un juge par exemple a le droit de s’exprimer pour dénoncer des injustices et des atteintes aux droits et aux libertés, en dehors de l’exercice de sa profession.
C’est ce qui devrait être dans tous les secteurs publics de l’etat. Autant un fonctionnaire est tenu d’être neutre dans l’exercice de sa fonction, autant il ne doit pas être persécuté à cause de ses appartenances politiques. A moins qu’il n’ait commis des dépassements ou des infractions à la loi. C’est là un principe intangible, dont le respect est nécessaire pour la pérennité de l’etat de droit.