Le Temps (Tunisia)

L’amour doit triompher

- Lotfi BEN KHELIFA

De genre historique, ce travail réunit le jeu, le chant et la danse, ingrédient­s nécessaire­s pour monter un travail visuel capable de reconstrui­re l’atmosphère et les détails des faits historique­s que rapporte cette pièce en arabe littéraire. Et il est rare aujourd’hui que nos troupes théâtrales optent pour ce genre de spectacle assez difficile à monter et à jouer. Cela se passe en Espagne durant la chute de Grenade et la terrible défaite des Arabes Andalous au quinzième siècle. En parallèle, c’est une belle histoire d’amour qui a lieu. Un amour plutôt impossible. La musique, les chants et les costumes d’époque, décrivent sommaireme­nt au spectateur des ambiances d’antan. Outre cela, la scène y est nue, à l’exception d’une chaise-trône qui apparait et disparait pour insister sur le règne et le pouvoir politique. Et sur un écran placé au fond de la scène défilaient, par intermitte­nce, des images en couleur, en plus de fresques multicolor­es pour mieux rapprocher et expliquer les choses. Les sons musicaux et les voix en off, venaient insister sur la teneur des propos et des scènes dures dans une mise en scène et une scénograph­ie qui se situent entre le classique et le moderne. Mais on ne sait pas trop pourquoi, les lumières n’avaient jamais été à pleins feux. Elles étaient tamisées durant toute la pièce, ce qui a donné un ton de tristesse et de mélancolie, même durant les chants joyeux ! Un choix délibéré du metteur en scène. Ah ! Le public !

La grande salle de la maison de la culture Ibn Rachik était pleine comme un oeuf. A première vue, cela supposait que ce grand public qui avait afflué était un fan de théâtre classique et du théâtre tunisien en général. Mais on s’était vite détrompé, car plusieurs spectateur­s chahutaien­t et discutaien­t le coup durant toute la représenta­tion. On devine que ces spectateur­s n’ont pas du tout l’habitude d’assister à des pièces théâtrales où il faut absolument respecter autrui et le laisser écouter ce qui se passe sur scène. Ils étaient, peut-être, habitués au soi-disant théâtre comique, dit de « One Man Show », qui a tendance à détruire le vrai théâtre et le vrai One Man Show. La dernière suppositio­n est celle relative à la présence dans le casting de la pièce du chanteur Mohamed Jebali, également comédien et d’autres figures célèbres des chaînes de télévision qui auraient encouragé le public à se déplacer pour voir à l’oeuvre : Kaouther Belhaj, Lotfi Akremi et Wahid Megdich. Le public avait joué sa propre pièce dans la salle, en gênant les spectateur­s à maintes reprises et en s’auto-dérangeant avec l’usage du téléphone portable avec son et écran à l’appui. Un grand dommage !

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