Le projet de loi anti-immigration sous le feu des critiques
Le dernier projet de Londres en matière d’immigration illégale se heurte aux droits humains. Face à la volonté britannique d’empêcher les migrants arrivant par la Manche de demander l’asile au Royaume-uni et de les expulser « en quelques semaines », le Haut-commissaire de L’ONU aux droits de l’homme s’est dit mercredi « profondément inquiet ». « Une telle interdiction générale empêchant les personnes de demander l’asile et d’autres formes de protection internationale au Royaume-uni serait en contradiction avec les obligations du Royaume-uni en matière de droits humains et de droit des réfugiés », a affirmé Volker Türk dans une déclaration écrite. « La législation soulève également plusieurs problèmes spécifiques en termes de droits humains, notamment la violation du droit à un examen individuel et l’interdiction du refoulement et des expulsions collectives, ainsi que la détention arbitraire des immigrants », a-t-il ajouté. Dans la foulée, le gouvernement conservateur est monté au front mercredi pour défendre son projet de loi controversé sur l'immigration illégale face aux nombreuses critiques, dont celle de l'ex-footballeur Gary Lineker, désormais présentateur star de la BBC, qui a fait un parallèle avec l'allemagne nazie. Des députés conservateurs ont réclamé des sanctions de la BBC contre l'ancien international anglais, l'accusant d'être allé trop loin. Interrogée sur la BBC, la ministre de l'intérieur, déjà critiquée pour de précédents propos sur les migrants, s'est dit « évidemment déçue qu'il puisse comparer nos mesures à celles de l'allemagne des années 1930 ». « Je ne pense pas que ce soit une manière appropriée de mener le débat », a-t-elle ajouté. « Nous n'enfreignons pas la loi. Nous sommes confiants sur le fait que les mesures que nous avons annoncé hier (mardi) respectent nos obligations légales internationales », a-t-elle aussi déclaré sur Sky News. Avec ce projet de loi, le gouvernement britannique veut tenter de lutter contre la forte augmentation des arrivées de migrants illégaux par la Manche sur de petites embarcations, l'une des principales promesses du Premier ministre Rishi Sunak. Il prévoit l'expulsion rapide des migrants arrivés par ce biais et leur interdit de demander l'asile, et ultérieurement, de s'installer au Royaume-uni ou de demander la nationalité britannique. Il facilite aussi la détention des migrants jusqu'à leur expulsion vers un pays tiers jugé sûr.
A Le texte a été vivement critiqué par les associations d’aide aux réfugiés, qui estiment qu’il est contraire au droit international. Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés a accusé le gouvernement britannique de vouloir « mettre fin au droit d’asile » dans le pays. Volker Türk s’est dit « profondément préoccupé par cette législation qui permettrait aux autorités britanniques de détenir et d’expulser toutes les personnes qui entrent au Royaume-uni en utilisant de petites embarcations pour traverser la Manche, de leur interdire d’entrer à nouveau au Royaume-uni et de demander la citoyenneté britannique ». « Toutes les personnes contraintes de quitter leur pays d’origine en quête de sécurité et de dignité à l’étranger ont droit au plein respect de leurs droits humains, quel que soit leur statut migratoire ou leur mode d’arrivée », a souligné le Haut-commissaire.