Des imams s’opposent à la laïcité dans le projet de nouvelle Constitution
• Ils réclament qu'elle soit remplacée par l'expression « État multiconfessionnel »
Le projet « final » de Constitution remis fin février au président de la transition malienne fait encore débat, souligne Africanews. Mardi, la Ligue Malienne des Imams et Savants pour la Solidarité Islamique a rejeté ce document. La ligue s'oppose à la notion de laïcité dans le texte et exige qu'elle soit remplacée par l'expression « État multiconfessionnel ». « La Ligue Malienne des Imams et Savants pour la Solidarité Islamique (LIMAMA), agissant pour Allah (SWT), Seydina Mohammad (SWS), l'islam et notre patrie, le Mali, exhorte solennellement tous les musulmans patriotes, à voter contre le projet de constitution dans sa forme actuelle lors du référendum », a déclaré Bayela Amadou Ba, Secrétaire Administratif du bureau de la LIMAMA.
Le projet de constitution explique pourtant que la laïcité ne s'oppose pas à la religion et aux croyances. Mais elle vise à promouvoir le vivre ensemble. « La laïcité, dont la définition est à géométrie variable, est un artifice que les gouvernants utilisent à leur guise pour verrouiller les religions », explique Bayela Amadou Ba. Le référendum constitutionnel doit avoir lieu en principe au Mali le 19 mars. Ces chefs religieux ont déjà demandé à leurs fidèles de voter contre. Tout indique que l’échéance ne sera pas respectée, bien que la junte n’ait encore jamais admis publiquement le report de ce qui constituerait le premier jalon validé par le vote sur la voie d’élections en février 2024 et d’un retour des civils au pouvoir.
Cette Constitution est un élément clé du vaste chantier de réformes invoqué par les militaires pour justifier de continuer à diriger jusqu’en 2024 ce pays confronté à la propagation djihadiste et à une profonde crise multiforme. La version présentée comme finale de la Constitution, remise le 27 février au chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, affirme l’« attachement à la forme républicaine et à la laïcité de l’etat ». « La laïcité ne s’oppose pas à la religion et aux croyances. Elle a pour objectif de promouvoir et conforter le vivreensemble fondé sur la tolérance, le dialogue et la compréhension mutuelle », précise-t-elle. La population malienne est musulmane dans son immense majorité.