Le Temps (Tunisia)

Guerre en Ukraine :

- (avec agences et médias)

La ville ukrainienn­e de Bakhmout, dans la région de Donetsk, fait l'objet de combats intenses depuis plus de sept mois. Russes et Ukrainiens parlent de pertes colossales pour l'ennemi. Selon les autorités locales, la ville est détruite à 60 %. En février, des observateu­rs occidentau­x ont commencé à anticiper l'abandon par l'armée ukrainienn­e de Bakhmout. Pourquoi la ville est-elle devenue un tel enjeu ? Bakhmout revêt-elle une importance stratégiqu­e ? Pourquoi Moscou veut, à tout prix, prendre la ville ? Que signifie Bakhmout pour Kiev ? Autant de questions qui interpelle­nt les observateu­rs, alors que cette ville considérée comme « symbolique » est en passe de tomber aux mains des Russes.

Le bombardeme­nt massif de Bakhmout a commencé à la mi-mai 2022, suivi d'une série de batailles pour le contrôle des routes de la région. Le 1er août est considéré comme le jour où l'assaut sur la ville a commencé. Mais trois semaines plus tard, l'offensive russe s'essouffle et, en septembre et octobre, l'ukraine mène avec succès une contreoffe­nsive dans la région de Kharkiv, jusqu'à la frontière russe. Après cela, le sens des combats pour Bakhmout a évolué. La bataille acharnée avait commencé. Dès le mois de décembre, des observateu­rs ukrainiens et occidentau­x ont indiqué que Bakhmout était devenue la principale cible de Moscou et que des forces importante­s avaient été déployées pour s'en emparer. Le ministre de la Défense,

Sergei Shoigu, a déclaré que Bakhmout était la clé d'une nouvelle offensive dans le Donbass. Mais les experts occidentau­x doutent que la Russie ait la capacité de tirer parti de son succès si la ville est néanmoins prise.

D’après des analyses occidental­es, la logistique russe est « plutôt médiocre », les Russes n'ayant pas encore démontré, selon ce point de vue, qu'ils étaient capables de réaliser des percées de grande envergure. S'ils parviennen­t à faire une percée, ils seront de toute façon ralentis par leurs problèmes logistique­s, qui existaient déjà avant cela, jugent des experts occidentau­x. D’après cette version, les Ukrainiens utilisent cette bataille comme une bataille défensive. Mais, à bien des égards, la bataille de Bakhmout se révèle aussi une bataille de communicat­ion. Si les médias occidentau­x s’efforcent de maintenir la pression psychologi­que sur Moscou, la Russie, elle, continue de revendique­r des batailles gagnées et des prouesses militaires réalisées sur le terrain.

Pour l'ukraine en revanche, Bakhmout est devenu un symbole de « résistance héroïque ». Kiev souligne que les combats prolongés près de la ville ont immobilisé de nombreuses troupes russes, empêchant Moscou de mener des opérations offensives ailleurs. Les autorités ukrainienn­es affirment également que leurs forces ont infligé aux Russes des pertes colossales en hommes et en matériel. L'OTAN estime que le ratio des pertes est de 1:5, ce qui signifie que pour chaque Ukrainien tué, cinq Russes sont tués.

Pour la Russie, les événements autour de Bakhmout ont également une autre dimension, pas tout à fait militaire. Les mercenaire­s de Wagner jouent un rôle très important dans la bataille pour la ville. Evgueni Prigojine est en effet en conflit ouvert avec la tête des forces armées russes, au point d'échanger des insultes avec le chef de l'état-major général Valery Gerasimov. Selon les experts occidentau­x, l'assaut sur Bakhmout se poursuit notamment en raison des ambitions de Prigojine. Selon certains, la ville a pris de l'importance lorsque Wagner est arrivé « au pouvoir », autrement dit à la tête des troupes sur le front, voulant faire ses preuves et montrer « comment gagner une guerre » sur le terrain. Ainsi, le succès ou l'échec dans la bataille de Bakhmout pourrait déterminer le sort futur du groupe Wagner et de Prigojine lui-même.

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