Le Temps (Tunisia)

Qui est Li Qiang, ce fidèle de Xi Jimping, propulsé premier ministre chinois ?

- (avec agences et médias)

En Chine, à l’occasion de la clôture lundi de la session parlementa­ire annuelle en Chine, le nouveau Premier ministre chinois Li Qiang a fait ses débuts publics lors d’une conférence de presse, où il a cherché notamment à rassurer les milieux d’affaires privés. Flèche au passage contre ceux qui, aux États-unis, prônent une rupture avec la Chine. « Selon les données chinoises, les échanges entre la Chine et les États-unis ont atteint 760 milliards de dollars l’an passé, c’est un record dans l’histoire. La Chine et les États-unis doivent coopérer. Si nous coopérons, nous pouvons accomplir de grandes choses. L’encercleme­nt et la répression ne sont pas une solution », affirme notamment Li Qiang. Qui est Li Qiang, réputé être un proche de Xi Jimping ? Quel est son parcours ? Et quelles sont les enjeux et perspectiv­es de son mandat ? Point d’orgue.

La tenue de la dernière session parlementa­ire annuelle marque le début d’un nouveau mandat inédit pour Xi Jinping, et le départ du Premier ministre Li Keqiang qui avait été nommé à ce poste le 15 mars 2013. C’est Li Qiang, un proche de Xi Jinping, membre du comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois, qui lui succède. Au sein du parti communiste chinois, les rôles sont ainsi distribués, c’est au Premier ministre de s’occuper de l’économie. Visage souriant, index volontaire plusieurs fois pointé vers le mur de caméras, Li Qiang a répondu aux questions des journalist­es, sans notes et affirmant à, au moins trois reprises, sa confiance dans les fondamenta­ux de la deuxième économie du monde encore convalesce­nte après les années Covid : son marché XXL, le dynamisme de ses entreprise­s notamment à l’export. Avant le dernier congrès du Parti communiste chinois, en octobre dernier, peu de gens en dehors de Chine avaient entendu parler de Li Qiang, et se doutaient encore moins qu'il allait devenir le deuxième homme le plus puissant de l'appareil d'état. Propulsé numéro deux du politburo, la promotion de ce responsabl­e sans expérience au niveau du gouverneme­nt central a de quoi surprendre. À 63 ans, Li Qiang est un politique de carrière qui a gravi les échelons comme cadre local dans sa province natale, jusqu'à devenir en 2005 secrétaire du comité du Parti communiste du Zhejiang. Il est alors directemen­t sous les ordres de Xi Jinping, à l'époque secrétaire général de cette province côtière, avec qui il noue des liens étroits. Li Qiang devient gouverneur du Zhejiang fin 2012 avant d'être promu en 2016 à la tête de la province du Jiangsu pour combler le vide politique provoqué par un scandale de corruption. Un an plus tard, il devient secrétaire général de Shanghai.

À la tête de la capitale économique du pays, Li Qiang multiplie les politiques pro-business et conforte une réputation de pragmatiqu­e aux approches libérales, déjà développée lors de ses années à la tête du Zhejiang où il ne cachait pas son soutien à l'économie privée et aux hommes d'affaires. « Il était un ardent défenseur d'une plus grande ouverture du marché aux investisse­urs étrangers et a exhorté la bureaucrat­ie locale à créer un environnem­ent propice aux affaires lorsqu'il était à la tête de Shanghai », explique Wang Feng, président du groupe de services financiers Ye Lang Capital, au South China Morning Post.

L'agence Reuters rappelle que Li a poussé à une plus grande intégratio­n économique de la région du delta du Yangtsé et a supervisé l'expansion de la zone de libre-échange du centre financier qui abrite désormais l'usine chinoise de Tesla ainsi qu'un grand nombre d'entreprise­s de semi-conducteur­s. Il a joué un rôle clé dans l'arrivée du constructe­ur automobile américain à Shanghai, sa première usine en dehors des États-unis. Mais s'il est vu dans certains milieux comme un profil plutôt libéral, prêt à contourner les règles, la BBC s'interroge : va-t-il poursuivre dans cette direction, ne craignant pas de prendre des initiative­s parce qu'il a le soutien de Xi, ou abandonner son approche pragmatiqu­e pour rentrer dans le rang, à l'ombre d'un président qui veut remettre l'état au centre de l'économie chinoise ? Or, sur ce sujet prioritair­e, les dossiers ne manquent pas. Le Premier ministre devra s'atteler à relancer une machine grippée par la pandémie de Covid, la crise de l'immobilier, un ralentisse­ment de la demande extérieure, la vague de protection­nisme à travers le monde, une population vieillissa­nte et une main d'oeuvre en recul... Un défi de taille, même pour celui qui est présenté comme un gestionnai­re efficace. D'autant que se pose la question de la marge de manoeuvre dont il disposera réellement, Xi Jinping s'étant réappropri­é certaines prérogativ­es du Premier ministre.

Son prédécesse­ur Li Keqiang en a fait les frais, avec ses projets de réformes entravés par l'autorité grandissan­te du président. Des désaccords qui l'ont poussé vers la sortie et ne devraient plus être un problème avec le nouveau numéro deux. Les analystes voient dans cette nomination un choix stratégiqu­e de la part du leader chinois : consolider sa mainmise sur l'appareil d'état en évinçant les contradict­eurs pour les remplacer par des proches. Et ce malgré les critiques dont il a fait l'objet dans la gestion du confinemen­t de Shanghai l'année dernière. La mise sous cloche très stricte de la ville la plus peuplée de Chine durant deux mois avait provoqué des difficulté­s d'approvisio­nnement en nourriture et en soins médicaux essentiels pour ses 25 millions d'habitants. Une situation qui avait provoqué la colère des Shanghaien­s, sur les réseaux sociaux, mais aussi parfois dans la rue. Pendant le verrouilla­ge de la mégalopole, Li était apparu à plusieurs reprises dans les médias d'état, visitant des complexes résidentie­ls et des hôpitaux en martelant la ligne du parti avec sa politique « zéro-covid ».

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