«Sept controverses en Islam, parlons-en»
Universitaire et écrivaine tunisienne, Olfa Youssef est une islamologue qui s‘est intéressée en tant que linguiste d’abord à la terminologie coranique et les différentes acceptions que négligent les obscurantistes qui font des interprétations superficielles et à la lettre, du Saint Coran pourtant riche de sens. C’est en effet sur l’interprétation du Coran qu’a porté la thèse de doctorat de Olfa Youssef. Etant de confession musulmane, elle appelle à une ouverture vers toutes les confessions qu’il s’agisse de la confession juive, chrétienne, bouddhiste ou agnostique.
Parmi ces nombreux écrits, dans ce livre, elle adopte une démarche scientifique (linguistique, psychanalytique et historique) appliquée au Coran et aux Dits du Prophète Mahomed, Olfa Youssef propose une relecture novatrice de l'islam en choisissant des sujets actuels qui animent les sociétés arabes. En revendiquant le droit à l'interprétation des textes sacrés en tant que femme, Olfa Youssef, met à l'épreuve les règles islamiques traditionnelles patriarcales qui codifient l'héritage, la polygamie, l'homosexualité… Composé de chapitres thématiques accessibles au grand public, l'ouvrage vise à montrer qu'une égalité de traitement entre hommes et femmes est possible dans le monde arabo-musulman.
Port du voile, consommation d’alcool, polygamie, mariage de la musulmane avec le non-musulman, châtiment des voleurs, peine capitale et homosexualité. Sept dialogues confrontent deux interprétations opposées du Coran sur ces thèmes hautement polémiques. Olfa Youssef, spécialiste de linguistique et de la pensée islamique, engagée contre l’intégrisme, nous présente ici une lecture ouverte et sans tabou des Textes sacrés. À rebours des tentations d’obscurantisme, un appel à dépasser les idées figées et les conditionnements collectifs ?
Dans l’une de ses interviews à un média de la place elle a raconté comment ses lectures sur la psychanalyse l’ont amenée à mieux vivre sa foi : « Ayant été amenée à lire quelques ouvrages de psychanalyse, je franchis, plutôt par curiosité, le seuil de la porte, et me voilà embarquée pour le périple de ma vie, et le périple psychanalytique de se muer en périple spirituel. Les contes de ma grandmère, ma crise religieuse, mes questionnements existentiels, la pluralité des sens coraniques de ma thèse s’agençaient comme les pièces d’un puzzle. Plus que de comprendre, je sentis que même si le sens originel du Coran est dans les tablettes d’écriture, inaccessible à l’homme, que même si le sens essentiel de la vie ne peut être objet de représenté, que même si nous sommes amenés comme humains à toujours rater le signe objet, à toujours vivre le clivage entre le mot et la chose, on se doit, malgré cela, mais peut-être à cause de cela, d’accepter cette perte originelle, et de continuer à faire, à avoir la foi, à désirer l’absolu, ne l’atteignant jamais, mais donnant sens à notre vie à travers ce désir. L’expérience des limites, telle est pour moi l’essence de la foi. Et pour celui qui fait l’expérience de l’humilité (je parle bien d’expérience et non de concept intellectuel), les aléas de la vie se dotent d’un sens nouveau. Expérimentant le leurre de l’image, le regard de l’autre s’estompe, et tant les éloges que les critiques peinent à atteindre leur objectif. Aussi, mes 8 années de gestion administrative en tant que directrice générale de l’institut supérieur des cadres de l’enfance (2003-2009) et de la Bibliothèque nationale tunisienne (20092011) furent d’un apport certain sur le plan de l’expérience, mais mon cheminement personnel fit que je n’hésitais point à m’opposer à bon nombre de pressions assez courantes en Tunisie ».