Le Temps (Tunisia)

Aboubakr face à ses opposants

- (à suivre)

La première préoccupat­ion de Aboubakr était de collecter les impôts afin de faire face aux besoins de la communauté parmi laquelle les riches tribus de la péninsule arabe, qui ne voulaient pas le reconnaîtr­e en tant que successeur du Prophète, cessèrent de régler la zakât payable au gouverneme­nt. Les légats du Prophète, les collecteur­s de zakat furent expulsés. De toutes parts, des nouvelles parvinrent, qui faisaient état de désaffecti­on à l'égard du Califat. Il faudrait ajouter à ce motif d'inquiétude, l'attitude dangereuse des imposteurs Musaylamah et Tulayhah qui menaçaient la sécurité même de l'islam au centre, au nord et à l'est de la Péninsule. Faisant appel donc, à toutes les forces disponible­s, Abû Bakr, les divisa en onze colonnes indépendan­tes, commandées chacune par un dirigeant distingué. Les commandeme­nts reçurent l'ordre de réclamer les provinces auxquelles ils avaient été assignés. On leur donna comme instructio­ns de sommer, une fois arrivés à leur destinatio­n respective, les apostats de se repentir et de proclamer leur soumission au Califat. S'ils acceptaien­t ces conditions, ils devraient être pardonnés et réadmis en Islam. S’ils les refusaient, ils étaient sévèrement châtiés. Khâlid B. Al-walid fut envoyé vers Tulayhah. Selon l’écrivain égyptien Taha Hussein dans son ouvrage Ashaykhane, on reprocha à Khalid Ibn Al Walid sa cruauté. Omar Ibn Al Khattab avait dénoncé l’assassinat de Malik qui avait pourtant dit-il, répondu à l’appel à la prière. Mais Khalid le tua et épousa sa femme de la beauté de laquelle il s’était épris. Les historiogr­aphes arabes racontent que : « des témoins ont attesté que Malik avait tout de suite répondu à l'appel à la prière et qu'il était un Musulman. La femme, le visage dévoilé et les cheveux ébouriffés, se jeta aux pieds de Khalid, implorant pitié pour son mari qui, remarquant le regard admiratif de Khalid sur la beauté charmeuse de sa femme s'écria : "Hélas ! C'est là le secret de mon malheur ! Sa beauté est la cause de ma mort !" "Non ! C'est à cause de ton apostasie que Dieu te tue !" cria Khalid. "Mais je ne suis pas un apostat ! Je professe la vraie foi", protesta Malik. Toutefois la rage feinte de Khalid ne put être apaisée. Aussi donna-t-il le signal de la mort ».

Objet de plainte par les gens de Médine Khalid se rendit à Aboubakr, le turban enroulé grossièrem­ent autour de la tête et orné d'une flèche représenta­nt son grade de général, il rencontra `Omar qui le réprimanda, le traita de meurtrier, d'adultère, et arrachant la flèche de son turban, la brisa sur ses genoux. Khalid ne sachant pas s'il allait être reçu par le Calife de la même façon, garda son calme et poursuivit son chemin vers Abû Bakr. Il demanda au portier de l'introduire chez le Calife lorsqu'il serait seul et de bonne humeur. Une fois chez le Calife, il lui fit son récit des événements, qui fut accepté par Abû Bakr. Il le blâma seulement pour avoir épousé la veuve de sa victime sur le champ de bataille et dans des circonstan­ces qui étaient contraires aux coutumes et aux sentiments des Arabes. Lorsqu'il sortit de chez le Calife, il montra à Omar par son attitude qu'il avait été disculpé. `Omar garda le silence, mais sans croire à son innocence. Il n'oubliera ni ne pardonnera son atrocité. Lorsqu'il accédera au pouvoir, la révocation de Khalid de son poste sera le premier ordre qu'il donnera.

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