L'Economiste Maghrébin

Tunis Investment Forum Transforme­r l’essai

Projet de la loi de finances 2018 De sérieuses lacunes à combler impérative­ment

- Mohamed Gontara

Côté officiel, l’événement ne peut que faire avancer une Tunisie qui entend profiter de toutes les opportunit­és qui s’offrent à elle pour augmenter le flux des investisse­ments, notamment étrangers. Le pays, inutile de le préciser, devra sortir au plus vite de sa crise qui est, entre autres - tout est complément­aire en économie - une crise d’investisse­ment.

Le chef du gouverneme­nt, Youssef Chahed, a été, à ce niveau, on ne peut plus clair. Donnant le coup d’envoi de Tunis Investment Forum (9 et 10 novembre 2017), il a mis en évidence la ferme volonté du gouverneme­nt de relancer l’économie tunisienne. Avec au programme, quatre dimensions fondamenta­les : « l’institutio­n, l’export, les régions et les nouvelles technologi­es ». De quoi assurer une mutation qui puisse aller dans le sens d’une plus grande croissance.

Lerendez- vousde « Tunis Investment Forum », qui a vu, selon ses organisate­urs, la participat­ion

du ministère du Développem­ent, de l’Investisse­ment et de la Coopératio­n internatio­nale et la FIPA (Agence de promotion des investisse­ments extérieurs), de 1200 investisse­urs, dont quelque 400 étrangers venant de quelque 40 pays, ambitionne de placer de nouveau la Tunisie sur la carte des investisse­ments dans le monde.

Organisé sur le thème « Nouvelle

Le rendez-vous de « Tunis Investment Forum », qui a vu, selon ses organisate­urs, la participat­ion du ministère du Développem­ent, de l’Investisse­ment et la Coopératio­n internatio­nale et la FIPA (Agence de promotion des investisse­ments extérieurs), de 1200 investisse­urs, dont quelque 400 étrangers venant de quelque 40 pays, ambitionne de placer de nouveau la Tunisie sur la carte des investisse­ments dans le monde.

Tunisie, nouvelle vision économique », le Tunis Investment Forum a été l’occasion, au cours des débats et rencontres qu’il a générés, de présenter les réformes engagées et à engager pour revisiter l’économie tunisienne et la mettre à l’heure, notamment, d’une nécessaire ouverture.

Mais également de présenter les nouvelles opportunit­és d’affaires qui ne peuvent que faciliter le positionne­ment de la Tunisie, qui peut assurer un lien entre l’Afrique et l’Europe. Et même bien-au-delà.

Les responsabl­es tunisiens n’ont pas manqué de présenter les chantiers en matière de restructur­ations et de réformes profondes en vue d’attirer les investisse­ments étrangers.

Toujours côté discours, ils n’ont pas manqué, au cours de cette 17ème édition du Forum, de dire que la Tunisie entend s’orienter de plus en plus vers des secteurs à haute valeur ajoutée, comme le secteur automobile, le secteur pharmaceut­ique, le secteur aéronautiq­ue, le secteur des technologi­es de la communicat­ion et le secteur des énergies renouvelab­les.

Par ailleurs, des ambitions sont nourries - et des réformes envisagées - pour revigorer un secteur financier qui a besoin de voir se développer les sociétés d’investisse­ment, notamment celles à capital risque, qui manquent dans le paysage financier tunisien.

Parallèlem­ent à cela, la Tunisie entend s’engager dans une réforme en vue de venir à bout de tous les blocages au niveau de l’initiative privée. Il a été, à ce sujet, question de combattre notamment la bureaucrat­ie bien évidente dans ce domaine.

L’évocation des promesses d’investisse­ments de l’ordre de 19 milliards de dinars au cours de la rencontre de 2016 « Tunisia 2020 », qui n’ont pu être concrétisé­es en raison - on ne s’en cache pas - de blocages, a été quasi permanente.

Des blocages inhérents à un vécu tunisien qui nécessite beaucoup d’efforts de la part de l’Etat tunisien qui n’ignore pas, du reste, que le pays ne va pas toujours au rythme souhaité.

Les investisse­urs étrangers n’ont pas manqué d’évoquer le classement de Doing Business qui place la Tunisie au 88ème rang mondial. Avec un recul de 11 places par rapport à 2017 (77ème rang).

Des ambitions sont nourries - et des réformes envisagées - pour revigorer un secteur financier qui a besoin de voir se développer les sociétés d’investisse­ment, notamment celles à capital risque, qui manquent dans le paysage financier tunisien.

Il suf fi t d’obser ver, da ns c e classement 2018, l’indice de la facilité de faire des affaires pour s’assurer que la Tunisie ne réalise pas au fil du temps que des prouesses : 46ème rang en 2013, 50ème rang en 2014, 51ème rang en 2015 et 60ème rang en 2016.

Car - et il faut le reconnaîtr­e - une dégradatio­n apparente est observée en matière de procédures et de rendu des services assurés pour les investisse­urs. Est-ce un hasard qu’à neuf jours (31 octobre 2017) de l’organisati­on de Tunis Investment Forum tombe cet indice qui, pour rappel, constitue un outil de la Banque mondiale pour mesurer dans dix domaines assez significat­ifs l’environnem­ent des affaires : création d’entreprise­s, obtention de permis de construire, transfert de propriété, obtention de prêts, protection des investisse­urs,… ?

Le 31 octobre paraissait, par ailleurs, un rapport de la Carnegie Endowment for Internatio­nal Peace, qui peignait la corruption sous des jours on ne peut plus nuisibles pour l’image du pays. En la qualifiant de « force déstabilis­atrice qui infecte l’économie, la politique, mais aussi la sécurité du pays dans tous ses aspects » (sic). Et en ajoutant que celle-ci était bien présente pendant l’ère Ben Ali, mais elle était assez bien contrôlée, contrairem­ent aux dernières années, où elle est devenue « endémique », impliquant toutes les franges de la société tunisienne.

Faut-il rappeler également que pas plus tard que le 27 avril 2017, le directeur du cabinet présidenti­el, Salim Azzabi, soutenait devant les députés de l’Assemblée des représenta­nts du

La Tunisie s’oriente de plus en plus vers des secteurs à haute valeur ajoutée, comme le secteur automobile, le secteur pharmaceut­ique, le secteur aéronautiq­ue, le secteur des technologi­es de la communicat­ion et le secteur des énergies renouvelab­les.

La Tunisie entend s’engager dans une réforme en vue de venir à bout de tous les blocages au niveau de l’initiative privée. Il a été, à ce sujet, question de combattre notamment la bureaucrat­ie bien évidente dans ce domaine.

peuple (ARP), que la productivi­té, dans nos administra­tions, a baissé de 50% depuis 2010 ?

Dans le même ordre d’idées, et toujours pour rappel, la contributi­on globale des facteurs (travail et capital) à la croissance économique a baissé entre 2011 et 2017 de 18%, nous indique l’Institut tunisien de la compétitiv­ité et des études qualitativ­es (ITCEQ). Qui ajoute que la productivi­té globale des facteurs est passée de 1% entre 2007-2010 à -0,3% entre 2011-2017.

Et comme tout se complète toujours en économie, quid de la possibilit­é pour l’Etat, à l’heure où le débat est bien lancé sur le projet de la loi des finances 2018, de trouver une équation bien salutaire entre la nécessaire collecte des deniers fiscaux nécessaire­s au budget de l’Etat et la toute aussi nécessaire collecte de ces deniers auprès de ceux qui ne payent pas ou pas assez leurs impôts ?

Quid d’une inflation qui ne cesse d’enfler et que le pays n’arrive pas à endiguer et qui ne peut s’expliquer que par la seule détériorat­ion du dinar ou encore du manque d’effort de production, mais par aussi par les mécanismes d’un marché dans lequel certains agissent comme ils le souhaitent, faisant fi de tout.

En témo i gne la déc is ion du gouverneme­nt du 8 novembre 2017 de geler ou de baisser le prix de certains produits.

Peut-on croire, un instant, qu’un investisse­ur étranger puisse investir sans analyser de très près ces indicateur­s et autres informatio­ns que lui renvoie le marché ? Difficile. Parler donc d’investisse­ments, d’accord. Mais, comment oublier que la Tunisie a beaucoup à faire et qu’il s’agit de dire toute la vérité ?

C’est que, et malgré une bonne évolution des Investisse­ments directs étrangers (IDE) au cours des neuf premiers mois de 2017, l’essentiel de l’effort d’investisse­ment continue à se faire dans le Grand Tunis et le Nordest (75%). Deux gouvernora­ts (Kébili et Tataouine) ne bénéficien­t pas d’IDE.

Des IDE provenant pour l’essentiel encore (72,15%) des pays européens.

L’objet de Tunisia Invest Forum est précisémen­t de s’ouvrir sur d’autres pays émetteurs d’IDE, notamment les émergents et les monarchies du Golfe. Quand ce ne serait que pour cela, cette manifestat­ion d’envergure internatio­nale est nécessaire et utile. L’organisati­on est certes irréprocha­ble, le choix des invités ne l’est pas moins. Reste maintenant à transforme­r l’essai

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Le Chef du Gouverneme­nt avec les lauréats qui se sont distingués parmi les investisse­urs étrangers

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