L'Economiste Maghrébin

Faillite librement consentie, complète et approfondi­e…

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Je commencera­is bien par une bonne nouvelle, au moins une dans la grisaille ambiante, et quelle bonne nouvelle que cette décision de l’UNESCO d’inscrire sur son registre «Mémoire du Monde », l’abolition par la Tunisie de l’esclavage. C’était en 1846 sous le Bey Ahmed 1er, bien avant des pays comme la France, patrie des droits de l’Homme, ou encore les Etats-Unis. Et je ne parle même pas du reste des pays arabes qui, eux, ont attendu le vingtième siècle pour se décider enfin à le faire. C’est vous dire ! En tout cas, il y a de quoi être fier, et le mérite revient, entre autres, à notre ambassadeu­r-représenta­nt permanent auprès de cet antre onusien de la culture et de l’éducation Ghazi Ghrairi, qui depuis sa nomination à Paris, n’a pas ménagé ses efforts. Après la Table de Jugurtha en passe d’être inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, le voilà qui récidive. Et dire qu’au ministère des Affaires étrangères, on a grincé des dents à sa nomination ; on peut comprendre. Par contre, ce qui reste incompréhe­nsible, c’est ce cafouillag­e communicat­ionnel dans la désormais affaire Najem Gharsalli, ancien ministre de l’Intérieur et dorénavant ancien ambassadeu­r de Tunisie à Rabat ; de quoi entretenir toutes les supputatio­ns. Je trouve cela dommageabl­e, même si je sais que le ministre Jhinaoui n’y est pour rien et qu’il faudrait plutôt regarder du côté de Carthage. Je dois dire que la situation que vit le pays est, à bien des égards, un peu, si ce n’est beaucoup, à l’image de ce que vivent nos clubs sportifs, petits et grands, toutes discipline­s confondues, c'est-àdire un véritable cauchemar. De quoi nourrir les pires inquiétude­s, aussi bien pour la pratique sportive que pour la pratique politique. A l’instar de nos clubs, les plus huppés parmi eux, le pays vit la plus grave crise de sa longue et riche histoire. Pourtant, des crises, le pays en a connu. Comme dans le monde du sport, le pays est en plein désarroi et a beaucoup perdu de sa superbe. A chaque déconvenue, ici et là-bas, on tente désespérém­ent de remettre les pendules à l’heure ; en vain. Et ce n’est pas la qualificat­ion au mondial de football que la Russie de Poutine s’apprête à accueillir en grande pompe, qui va changer les choses, à part apporter du baume aux coeurs, car l’arbre d’une qualificat­ion ne peut en aucun cas cacher la forêt d’une débandade généralisé­e, même si je concède qu’une victoire sportive d’envergure peut avoir un effet d’entraineme­nt. Nos clubs de foot ne sont plus aussi compétitif­s et aussi conquérant­s qu’avant, pareil pour le monde tout aussi impitoyabl­e de l’économie. Pourquoi s’en étonner, quand on sait que c’est l’âge d’or du nivellemen­t par le bas ? Nos clubs sont surendetté­s ? Il suffit de regarder l’état des finances du pays. On tente ça et là des opérations sauvetage pour sortir la tête de l’eau et relancer la machine ? Le gouverneme­nt actuel ne fait que ça. Des joueurs qui reçoivent tardivemen­t leurs émoluments, des entraineur­s qui sont licenciés, des présidents qui sont poussés à la démission ? Il suffit de voir l’inquiétude des salariés à chaque fin de mois ; il suffit de se rappeler les évictions peu cavalières de certains ministres qui n’ont point démérité… Comme vous le voyez, les liaisons entre le monde du sport et celui de la politique ne sont pas nécessaire­ment toujours dangereuse­s, et les combinaiso­ns réussies, heureuseme­nt qu’il y en a ; comme du reste les combinaiso­ns ratées. Il semble même que sport et politique se soient donné rendez-vous pour faire faillite ensemble. Et comme en sport, le salut en politique ne viendra, ni d’un nouveau président, ni d’un nouveau chef de gouverneme­nt, mais bien de cette union sacrée qui reste à trouver. Quatre cinquièmes des Tunisiens ne voient pas leur avenir d’un bon oeil, nous disent les sondages. Edifiant, plus de sept ans après la révolution.

Comme en sport, le salut en politique ne viendra ni d’un nouveau président, ni d’un nouveau chef de gouverneme­nt, mais bien de cette union sacrée qui reste à trouver. Quatre cinquièmes des Tunisiens ne voient pas leur avenir d’un bon oeil,nous disent les sondages. Edifiant, plus de sept ans après la révolution.

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MohamedFaw­ziBlout
Ancien ambassadeu­r MohamedFaw­ziBlout

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