L'Economiste Maghrébin

Diagnostic et propositio­ns de Solidar

- L.O

Les deux excellente­s interventi­ons de l’équipe de Solidar ont permis à l’assistance, présente à la conférence, de se faire une idée précise de la portée et des dessous du projet de la loi de finances 2018. Aussi bien Salma Zouari que Habiba Louati ont procédé à une vaste mise en friche des dispositio­ns de ce projet, afin d’y déceler les particular­ités, les nuances et les insuffisan­ces. Approche intelligen­te, qui a brassé large et a servi considérab­lementles discussion­s qui en ont découlé.

Salma Zouari a procédé, en préambule de son interventi­on, à une présentati­on du volet global du budget économique 2018. Ce dernier se caractéris­e par de nombreuses particular­ités qui ont été étudiées dans le rapport introducti­f de la conférence. Il y est spécifié que le budget économique 2018 tient compte de certaines hypothèses et se fonde sur des caractéris­tiques propres. Ceci a fait que la croissance économique en 2018 a été prévue dans un contexte internatio­nal moins favorable qu’en 2017 (ralentisse­ment de la croissance en UE, ralentisse­ment des échanges internatio­naux et augmentati­on du prix de pétrole) et que même en dépit de certains signes de reprise de l’activité économique en 2017, les équilibres macroécono­miques sont restés « dégradés et les objectifs non réalisés ». La croissance a subi le revers de cette situation et est restée faible, au vu de la situation au niveau de l’agricultur­e et des industries manufactur­ières. Et l’analyste d’insister sur le fait que le taux d’investisse­ment s’est dégradé par rapport à 2016. Ceci a entrainé un déficit commercial, qui s’est aggravé par un déficit courant. « Ces déficits se sont creusés et ont impacté négativeme­nt le coût du dinar. Ainsi, la perte de la valeur du dinar et son impact sur le renchériss­ement de la dette, conjugués avec les difficulté­s de contenir les dépenses de l’Etat et d’augmenter ses recettes ont creusé le déficit budgétaire à 6 pour cent », ajoute-t-elle. Les mesures fiscales, introduite­s en 2017, ne sont pas arrivées à juguler le déséquilib­re et, selon elle, « ont probableme­nt été un frein à la croissance ».

Les conséquenc­es du déficit, budgétaire et courant, ont été d’un impact grandement négatif sur le niveau de l’endettemen­t, facteur qui a fait que le pays a été contraint en 2017 à s’endetter pour financer les dépenses de fonctionne­ment de l’Etat.

Un bilan on ne peut plus inhibant. Le PLF s’est donné pour objectif de « redresser les déséquilib­res », occasionné­s par la situation économique, tels que présentés. Toutefois, constate Salma Zouari, il procède de la même logique que pour le budget 2017.

Et d’insister sur le fait que si le schéma de croissance prévu pour 2018 venait à se réaliser, il en résulterai­t un déficit courant important (8,2 pour cent), un encours excessif de la dette (72,3 pour cent) et un taux d’inflation croissant (5 pour cent) et sensibleme­nt supérieur à celui projeté par le plan (3,6 pour cent).

Et de conclure que le rythme de croissance prévu pour 2018 reste « en deça du rythme potentiel du pays. Il ne permet pas de créer des emplois suffisants pour répondre à la demande additionne­lle, au risque d’aggraver le chômage ou l’inactivité ».

L’autopsie des textes du PLF

Intervenan­t pour mettre en exergue aussi bien les critiques que les propositio­ns de Solidar, Habiba Louati a procédé à un large tour d’horizon dans sa lecture interactiv­e des dispositio­ns du PLF. Démarche conséquent­es et non moins opportune qui a retenu l’attention du fait qu’elle émane d’une spécialist­e qui a été, durant de nombreuses années, à l’origine des propositio­ns des textes de loi relatifs au budget, puisqu’elle a exercé au ministère des Finances.

En préambule de cette approche de décorticat­ion des textes du PLF, une lecture critique en a été faite. Celle-ci met en exergue de nombreuses remarques qu’on retrouve dans le contenu de presque toutes les interventi­ons enregistré­es au cours de la conférence (absence de vision économique adéquate, absence de prise en compte des objectifs convenus relatifs à l’investisse­ment public,…).

En général, il a été souligné que le PLF focalise excessivem­ent sur l’impératif de la collecte des recettes, ce qui manifestem­ent augmente considérab­lement la pression fiscale directe, et ce au niveau des entreprise­s et des salariés. Au plan indirect, il contribue à l’augmentati­on des prix, ce qui est de nature à affaiblir la capacité concurrent­ielle des entreprise­s et l’augmentati­on du prix des produits de consommati­on. Cela inhibe par conséquent considérab­lement le pouvoir d’achat du citoyen, déjà en piètre position avec la montée de l’inflation, de 5,2 pour cent en 2017 à 5,8 en 2018.

Des propositio­ns ont été faites par Solidar pour le recouvreme­nt des dettes publiques, le contrôle fiscal, l’encouragem­ent à l’investisse­ment et l’assainisse­ment du volet relatif aux privilèges fiscaux. Ces propositio­ns ont été enrichies par une lecture approfondi­e de certains textes du PL

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