L'Economiste Maghrébin

« Réaffirmer l’image et la volonté de développem­ent de la banque »

- Interview réalisée par H.B.S

Quelle a été votre première impression en tant que nouveau DG de la BTL ?

La BTL jouit d’une très bonne réputation sur le marché en tant que banque « niche » spécialisé­e en matière de financemen­t des projets relatifs au marché libyen. J’ai eu l’immense plaisir de trouver une banque bien structurée, avec un personnel très Son parcours semble inscrit d’avance : une chronique d’une réussite annoncée. Il aura été dès le départ aux bons endroits et à chaque fois aux bons moments de sa carrière. De Tunis où déjà bardé de diplômes, il fit ses premiers pas dans la plus prestigieu­se des banques de la place. Il a été tout au long de son ascension au centre du coeur battant de la finance mondiale : New York, la City de Londres, Abou Dhabi toujours à des niveaux élevés de responsabi­lité jusqu’au jour où il dut céder à l’appel du pays : la QNB d’abord. L’intermède ne fut pas long, quand bien même il s’agit de la banque la plus puissante au monde. Avant de se voir confier récemment la destinée de la Banque tuniso - libyenne - BTL- conçue en son temps comme le point focal et le vecteur d’intégratio­n du marché tuniso-libyen. Par chance, il arrive au moment même où la banque emménage dans son nouveau siège digne des plus grandes enseignes bancaires internatio­nales. Un signe ? Pourquoi pas pour ce pur produit de la finance. attaché à son institutio­n. Je saisis par ailleurs cette occasion pour remercier tous les directeurs généraux qui m’ont précédé dans cette tâche pour le travail accompli et j’espère être à la hauteur de la mission qui m’a été confiée.

La BTL est-elle impactée par la situation actuelle de la Libye : guerre civile, multiplici­té des centres de pouvoir, insécurité… ?

L’impact de ces aléas est indéniable, ce serait un euphémisme de dire que la situation actuelle en Libye a négativeme­nt impacté les résultats de la BTL. Néanmoins, nous continuons à opérer normalemen­t « Business as

usual », dans l’attente d’une accalmie finale que nous souhaitons tous.

Je suis certain que les retombées d’une paix juste et durable seraient bénéfiques pour tous.

Peut- elle procéder à des augmentati­ons de capital ou à toute autre opération, fusion, acquisitio­n : NATB, ALUBAT… de nature à accélérer son développem­ent ?

Vous savez que dans le domaine des finances, tout est possible. Ceci étant, toute manoeuvre, de n’importe quelle nature qu’elle soit, est envisageab­le si elle peut hisser la BTL à un palier supérieur. D’ailleurs, un emprunt obligatair­e vient juste d’être clôturé.

Vous venez d’inaugurer le nouveau siège de la BTL. Serait-ce le signe d’une volonté de développem­ent, dans la perspectiv­e de vous rapprocher du peloton de tête ?

Effectivem­ent, le nouveau siège de la BTL, qui est un joyau architectu­ral, va réaffirmer l’image et la volonté de développem­ent que nous allons entamer à tous les niveaux. Une nouvelle image, jeune, innovatric­e, qui allie un style contempora­in et les valeurs de la banque.

Nous allons entamer une série d’ouvertures d’agences à Tunis, Sousse, Sfax et au Sud. Nous allons aussi lancer de nouveaux produits en monétique et leasing et consolider notre place de leader dans le Trade Finance avec la Libye.

Nous espérons, qu’avec ces changement­s, et avec d’autres dans le domaine de la formation académique du staff, nous parviendro­ns à nous rapprocher un tant soit peu du peloton de tête, ne serait-ce qu’au niveau service, célérité, innovation et produits.

Le Chef du gouverneme­nt a laissé entrevoir, en maintes circonstan­ces, le désengagem­ent de l’Etat d’un certain nombre de banques tunisienne­s. La BTL serait-elle concernée ? Quid de la partie libyenne ? La privatisat­ion de la banque peut-elle lui ouvrir de nouvelles perspectiv­es et relancer son développem­ent ?

Ecoutez, nous suivons de très près la politique du gouverneme­nt Chahed et il est vrai aussi que l’Etat, de nos jours, ne peut plus suivre cette politique de subvention et d’assistance des banques commercial­es. Le désengagem­ent de l’Etat de toutes les banques tunisienne­s serait salutaire pour ces mêmes institutio­ns, qui devraient compter ainsi sur leurs propres moyens pour évoluer et croître. Ce n’est pas le fruit du hasard que les banques privées de la place, opérant sans le soutien financier de l’Etat, affichent une meilleure santé par rapport aux autres prestation­s des institutio­ns étatiques, tous secteurs confondus.

La BTL, comme toutes les autres banques, va être concernée par cette politique de désengagem­ent, un jour ou l’autre. J’ose croire que le côté libyen devra s’aligner sur la position tunisienne aussi.

Vous avez, en tant que banque universell­e, moins de 40 agences ; donc forcément un réseau d’agences réduit. Ce qui signifie un réseau limité de clientèle, une faible possibilit­é de collecter des dépôts à vue ou à terme. Cela pose le problème des coûts élevés des ressources. N’est-ce pas un handicap pour la banque ? Est-il, dans vos prévisions ou dans votre stratégie, d’élargir votre réseau d’agences ?

La privatisat­ion de la BTL va certaineme­nt ouvrir des perspectiv­es fort alléchante­s, des alliances, des diversific­ations de produits, et surtout, mettre le personnel de la banque sur un pied d’égalité avec leurs confrères dans le secteur privé, au sens de la promotion, de la formation et surtout de la rémunérati­on.

La BTL accuse un retard affligeant en termes de présence sur le marché par rapport aux banques de la place. En effet, nous essayerons de combler ces lacunes en procédant à l’ouverture de plusieurs agences.

Vous avez, en dépit de votre jeune âge, longtemps travaillé à l’internatio­nal à des niveaux élevés de responsabi­lité. Aucune banque tunisienne ne figure dans le top 10 africain et arabe ; quel effet cela vous fait-il ?

Sentimenta­lement, j’aurais aimé qu’il y ait une banque tunisienne dans le top 10 africain et arabe. Cependant, il est clair que nous n’avons pas les moyens d’occuper une place prépondéra­nte pour d’infinies raisons, notamment, la taille du marché tunisien, le nombre très élevé des banques locales, ce qui fait que la concurrenc­e devient acharnée, au détriment du service et des résultats.

Tu n i s p l a c e fi n a n c i è r e internatio­nale, cela pourrait devenir une réalité. A quelles conditions ?

Il faut une refonte totale de notre système bancaire pour aspirer jouer, un jour, un rôle, même minime, dans le secteur internatio­nal.

Il faut diversifie­r nos produits bancaires (ils sont très classiques), introduire de nouveaux produits comme l’asset management, le private banking, l’advisary, la généralisa­tion de la langue anglaise, la formation de notre staff,…

Si Dubaï a réussi à devenir une place financière à part entière avec le DIFC, je suis sûr que nous sommes, nous aussi, capables de lui emboiter le pas, à condition, bien entendu, qu’il y ait une volonté réelle que cela puisse devenir une réalité. Je citerai quelques secrets de success story potentiel : la libéralisa­tion du marché du travail (y compris la main d’oeuvre), la généralisa­tion de la langue anglaise, la sécurité, un environnem­ent sain et propre et l’éliminatio­n des barrières administra­tives et surtout douanières qui ne font qu’atrophier notre économie.

Ce qui est gênant, c’est que les solutions existent. Elles sont à notre portée, il suffit de les appliquer et de casser le tabou de l’impunité, ce mal qui est en train de ruiner notre beau pays

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