Signes encourageants de reprise
Selon deux sources d’information, le rapport sur les “Résultats provisoires de l’exécution du Budget de l’Etat à fin juin 2018” et celui de la mission du FMI, qui a séjourné à Tunis du 15 au 31 août dernier pour discuter du décaissement de la 5ème tranche
Il ressort du document sur les “Résultats provisoires de l’exécution du Budget de l’Etat à fin juin 2018”, publié par le ministère des Finances sur son site web officiel, que le déficit budgétaire s’est réduit presque de moitié durant les six premiers mois de l’année 2018, pour se situer au niveau de 1,7 milliard de dinars, contre 3 milliards de dinars en juin 2017 grâce à l’accroissement du volume des recettes fiscales, particulièrement des impôts indirects.
Ainsi, les taxes et les impôts, décidés dans la LF pour 2018, et qui ont grevé la bourse du citoyen, ont permis d’alléger le déficit budgétaire.
Amélioration des recettes fiscales
Cette maîtrise du déficit, ajoute le même document, a été favorisée par l’amélioration du niveau des recettes fiscales (12,2 milliards de dinars durant le 1er semestre 2018, contre 10,5 milliards de dinars en juin 2017), en raison notamment de l’augmentation des impôts indirects (7,4 milliards de dinars en juin 2018 contre 6 milliards de dinars en 2017).
Le département des Finances fait état d’une amélioration des recettes drainées par la TVA (passant de 2,8 milliards de dinars à 3,4 milliards de dinars durant la période juin 2017-juin 2018), par les droits de consommation (de 1,1 milliard de dinars à 1,3 milliard de dinars) et par d’autres taxes (1,7 milliard de dinars à 2,1 milliards de dinars).
Le ministère souligne également une hausse des recettes non fiscales (1,4 milliard de dinars contre 0,7 milliard de dinars), grâce à l’augmentation des recettes drainées, dans le cadre des revenus des participations et des entreprises publiques (505,5 MDT en juin 2018 contre 18,6 MDT en juin 2017), de l’amélioration des redevances sur le gazoduc acheminant le gaz algérien vers l’Italie via la Tunisie (187,2 MDT contre 141,8 MDT), de la hausse des revenus de commercialisation des carburants (277 MDT contre 199 MDT), et de l’augmentation d’autres recettes non fiscales (419 MDT contre 257 MDT).
Ainsi, suite à cette amélioration des recettes, le recours aux ressources d’emprunt a considérablement régressé au cours de cette période, passant de 4,8 milliards de dinars en juin 2017 à 3,6 milliards de dinars en juin 2018, et particulièrement les emprunts extérieurs (2 milliards de dinars durant le premier semestre de l’année courante contre 3 milliards de dinars au cours de la même période de l’année écoulée).
Le déficit budgétaire est, aussi, dû à la hausse des dépenses hors principal de la dette (15,3 milliards de dinars en juin 2018 contre 14,3 milliards de dinars en juin 2017) en raison, notamment, de la hausse du service de la dette (1,6 milliard de dinars
contre 1,2 milliard de dinars durant la période juin 2017-juin 2018) et de l’accroissement du volume des prêts (0,8 milliard de dinars contre 0,4 milliard de dinars).
Accroissement des dépenses de développement
De même, le département des Finances a fait état de l’accroissement des dépenses de développement pour atteindre 2,8 milliards de dinars, contre 2,5 milliards de dinars durant le premier semestre 2017.
Pour ce qui est des dépenses de gestion, elles ont presque stagné au niveau de 10 milliards de dinars, durant la période juin 2017-juin 2018.
A noter que l’encours de la dette extérieure de la Tunisie (2,2 milliards de dinars) est composé à hauteur de 47% en euro, de 28,1% en dollar, de 11,3% en yen et de 13,7% en d’autres devises.
Pour mémoire, la LF 2018 tablait sur un déficit de l’ordre de 5 milliards de dinars (4,9% du PIB), pour toute l’année en cours, alors que le déficit pour 2017 avait été fixé à 5,977 milliards de dinars (LF complémentaire pour 2017).
Des signaux encourageants certes…
Pour sa part, le rapport de la mission du FMI fait état d’indices positifs de reprise. On y lit notamment : « Certains signaux encourageants indiquent que la reprise économique est en bonne voie. L’économie tunisienne a connu une croissance de 2,6% (en glissement annuel) au premier semestre de cette année, avec une bonne performance des secteurs de l’agriculture, du tourisme et des services. Le nombre de touristes ayant visité la Tunisie depuis le début de l’année est le plus élevé depuis 2010. L’engagement des autorités à réduire les déséquilibres budgétaires porte également ses fruits. L’exécution du budget sur les six premiers mois de 2018 est conforme à l’objectif de réduire significativement le déficit pour cette année ».
Le FMI est persuadé que l’engagement à contenir les déficits contribuera à réduire la dette publique élevée de la Tunisie qui pèse sur l’économie et les générations futures.
La mission du FMI n’a pas manqué néanmoins de relever certaines insuffisances. Elle écrit dans son rapport : « Bien qu’en croissance, l’économie tunisienne reste trop dépendante de la consommation et des importations. L’investissement a encore été faible cette année. Le chômage chez les jeunes et les femmes, particulièrement les diplômés, reste très élevé. Des réformes économiques supplémentaires, notamment pour renforcer la gouvernance, et l’intensification de la lutte contre la corruption, sont nécessaires pour surmonter les réticences des investisseurs et rétablir la confiance. Ces efforts contribueront à libérer le potentiel du secteur privé et à générer plus d’opportunités et d’emplois pour tous les Tunisiens.
Des insuffisances demeurent …
Et la mission d’ajouter :« Les déséquilibres économiques de longue date continuent de poser des risques importants pour l’économie tunisienne. L’inflation a récemment connu une légère baisse, mais à 7,5 %, elle reste considérablement plus élevée que les années précédentes. La monnaie et le crédit ont continué à augmenter rapidement et le dinar s’est davantage déprécié, ce qui créera probablement de nouvelles pressions inflationnistes dans les mois à venir. En outre, l’amélioration attendue du déficit de la balance courante prend plus de temps que prévu : les importations sont encore trop élevées par rapport aux exportations et aux autres flux d’entrée de devises. Les réserves de change sont donc encore inférieures au niveau généralement observé dans les économies émergentes.
Les défis à relever
Le rapport relève, par ailleurs, les nouveaux défis à surmonter, notamment au niveau des échanges avec l’extérieur.
Au nombre de ces défis, il cite : « Les prix du pétrole sont nettement plus élevés que ce qui était prévu en début d’année et les marchés financiers internationaux sont devenus plus volatils. Les primes de risque pour un large éventail de marchés émergents ont augmenté.
Pour parvenir à relever ces défis, le FMI recommande de « rester sur la voie de la réduction du déficit budgétaire cette année et l’année prochaine pour stabiliser la dette et réduire la demande excessive d’importations, étant donné l’augmentation importante des prix internationaux du pétrole. Il faudra impérativement poursuivre la réforme des subventions (actuellement peu ciblées) de l’énergie, de gérer soigneusement la masse salariale publique ainsi que de redresser, sur des bases viables, la situation des caisses de sécurité sociale pour les secteurs public et privé. Ces mesures aideront à contenir les dépenses qui profitent de manière démesurée aux plus nantis. Elles mettront également davantage de ressources à la disposition des investissements publics, ce qui stimulera la croissance et l’emploi, au profit des jeunes et des chômeurs. L’équipe du FMI se félicite de l’intention du gouvernement d’accroître davantage les dépenses sociales, considérant qu’elles restent essentielles pour protéger les pauvres et les personnes vulnérables au cours de la période à venir »