L'Economiste Maghrébin

Les errements de l’extrême-droite européenne

-

Le nouveau ministre de l’Intérieur italien veut en finir d’une manière radicale avec l’immigratio­n clandestin­e. Oubliant sans doute que son combat est, pour des raisons évidentes, perdu d’avance.

Il a encore une fois, en cet été 2018, défrayé la chronique. En refusant, en août dernier, qu’un bateau (le « Diciotti), à bord duquel se trouvaient quelque 137 immigrés, débarque au port de Catane, au sud de l’Italie. Avant qu’il n’accepte finalement que certains d’entre eux puissent débarquer ; une autre partie des migrants a pu être accueillie par l’Albanie et l’Irlande. Il avait du reste également refusé, le 10 juin 2018, et avant l’affaire du « Diciotti » à un autre bateau (l’ « Aquarius ») le droit d’accoster dans les ports italiens.

Vous l’avez deviné il s’agit bien de Matteo Salvini, le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur italien, en poste depuis juin dernier, et qui se fait une notoriété en matière de lutte contre l’immigratio­n.

L’homme, qui a promis de mettre hors d’Italie tous les immigrés, avance avec des certitudes quant à sa capacité à pouvoir changer la donne. Et avec quelquefoi­s des propos on ne peut plus détestable­s : il a qualifié, en juin 2018, les migrants

clandestin­s « qui arrivent de Tunisie » de « délinquant­s et d’ex-détenus ».

Ce qui, on s’en souvient, a fait réagir la Tunisie qui a convoqué l’ambassadeu­r italien au ministère des Affaires étrangères. Des propos jugés étonnants et ne reflétant pas le niveau de la coopératio­n entre les deux pays.

Issu de l’extrême-droite italienne et plus précisémen­t de cette Ligue du Nord d’Umberto Bossi, qui lui est arrivé d’insulter ses compatriot­es du « Mezzogiorn­o », le sud de l’Italie, Salvini veut du reste aujourd’hui créer une alliance en Europe, avec les mouvements nationalis­tes au pouvoir, comme en Hongrie, pour chasser au plus vite et brutalemen­t de l’immigré, un souffredou­leur d’une Europe qui n’a pas choisi en la matière –on ne cessera de le dire- la voie du salut.

L’homme a, certes, affirmé, le 3 août 2018, sa volonté de visiter les pays du Maghreb et a promis 1 milliard de dollars américains (environ 2,70 milliards de dinars tunisiens) aux économies maghrébine­s évoquant son

souhait de voir l’Italie « retrouver sa place d’allié pour ces pays ».

Des propos exprimés en vue de faire oublier ses insultes à l’égard de la Tunisie (un récent portrait établi par notre confrère l’Express parle d’un « opportunis­te » et d’un « caméléon » concernant le ministre de l’Intérieur italien) ou pour tracer une ligne de conduite à l’égard d’un Maghreb qui a besoin d’une coopératio­n tous azimuts en vue de mieux dépasser ses difficulté­s ?

SéchereSSe

et démographi­e

Une partie de l’élite européenne, dont l’Italien Matteo Salvini, continue à vouloir privilégie­r l’option sécuritair­e oubliant que les évolutions qui se dessinent ne peuvent aucunement les conduire à gérer sous cet angle les futures relations entre les pays du Maghreb et eux-mêmes.

De plus en plus la géographie et la démographi­e notamment vont avoir raison des mauvais choix européens. L’Organisati­on des Nations unies (ONU) avertit depuis quelques années que la sécheresse va obliger de nombreux Subsaharie­ns à quitter leur pays vers l’Europe.

Les pays du Maghreb vont, dans ce cadre, devenir des pays où des Subsaharie­ns viendront soit pour s’y installer soit pour rejoindre l’Europe. On voit déjà des immigrés subsaharie­ns travailler au Maghreb. Quelque 26 000 dossiers de régularisa­tion ont été déposés, en 2017, au Maroc.

Par ailleurs, l’Europe se dépeuple. En 2017, le nombre des naissances, dans le pays de Matteo Salvini même, a baissé de 3,2% par rapport à 2016. La presse, qui a évoqué ce chiffre, a parlé, à cette occasion, d’un « nouveau record négatif »

 ??  ?? Matteo Salvini, le ministre italien de l’Intérieur
Matteo Salvini, le ministre italien de l’Intérieur

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia