Les véhicules électriques ne sont plus un choix, c'est devenu une obligation
Outre leur rôle dans la préservation de l’environnement par la réduction des émissions de gaz à effet de serre, les véhicules électriques contribuent considérablement à l’atténuation de la dépendance des transports routiers aux hydrocarbures. Reste qu’elles sont beaucoup plus chères que les véhicules thermiques, ce qui freine un peu leur commercialisation dans des pays comme le nôtre.
Qu’en est-il de l’avenir de la locomotion électrique dans notre pays ? Réponses avec Fethi Hanchi, directeur de l’Utilisation rationnelle de l’énergie à l’ANME.
WMC : Le monde s’oriente de plus en plus vers les énergies propres avec le transport hybride ou tout électrique, qu’en est-il de la Tunisie ?
Fethi Hanchi : Les véhicules électriques en Tunisie ne sont plus un choix, ils sont une nécessité. Nous avons d’ores et déjà mis en place une feuille de route pour promouvoir la mobilité électrique tous véhicules confondus, qu’il s’agisse de voitures, de scooters ou de bus. Tous les fabricants internationaux ont programmé l’élimination progressive des véhicules thermiques conventionnels. Nombreux sont parmi eux qui s’alignent derrière le moteur électrique à batterie, clairement positionné comme une des technologies du futur.
La pression de l’opinion publique européenne pour la création de zones propres (zéro émission) a eu pour conséquence une large métamorphose du tissu industriel automobile. Le véhicule électrique s’impose comme une solution stratégique et grâce à une gestion intelligente d’une énergie propre, nous pourrions nousmêmes développer les transports propres.
Précisons que l’Union européenne a fixé un objectif de réduction de 40 % des émissions de CO2 d’ici 2030 et c’est le principal marché de la Tunisie pour ce qui est des composants automobiles.
Ce que nous ambitionnons pour notre pays est qu’il se positionne dans ces nouvelles orientations et pas seulement en tant que marché consommateur mais surtout en tant que fabricant et fournisseur de composants en direction de l’Europe et pourquoi pas d’autres marchés. les coûts et les impacts du véhicule électrique se trouvent majoritairement à la fabrication, alors que les coûts et les impacts du véhicule thermique se trouvent majoritairement à l’usage
Comment comptez-vous y arriver ?
La première décision à prendre est celle de constituer une Task force composée des concernés directement par cette problématique. Je cite les départements du Transport, des Finances, du Commerce, de l’Industrie ainsi que les institutions sous tutelle telles la STEG et la SNDP. La Task Force doit comprendre également l’UTICA à travers la Chambre des concessionnaires et des fabricants automobiles.
N’oubliez pas que nous avons des fabricants nationaux comme Wallys et nous ambitionnons d’en avoir d’autres et d’attirer des constructeurs automobiles internationaux.
La Task force doit élaborer rapidement une stratégie et un plan d’action opérationnel pour faire de la Tunisie un site de référence en matière de fabrication de composants automobiles pour les voitures électriques.
Pour rappel, le nombre des composants destinés à un véhicule à moteur thermique est de loin plus élevé, 2700, que ceux nécessaires à la voiture électrique exigeant uniquement 200 composants. Le rendement mécanique d’un moteur à combustion thermique varie entre 35 % (essence) et 40 % (diesel), celui d'un moteur électrique atteint les 90 %. Les seules pertes que les experts relèvent sont liées aux frottements, c’est vous dire ! Cela ne signifie pas que dans le contexte actuel de notre pays, c’est l’idéal car derrière l’expansion de l’usage des voitures électriques, il y a toute une logistique à
mettre en oeuvre.
Quels sont les obstacles qui bloquent l’introduction des véhicules électriques dans notre pays ?
Le cadre réglementaire et le cadre fiscal. Pour le premier, il va falloir faire adopter un projet de loi par l’ARP, alors que pour le deuxième, cela dépend du ministère des Finances. D’où l’importance de la constitution d’une Task Force qui réunit acteurs publics et privés.
La Tunisie doit disposer d’un cadre procédural pour l’importation des véhicules électriques relativement chers par rapport aux véhicules thermiques et surtaxées. Le problème ne se pose pas en termes de réglementations douanières mais plutôt au niveau du régime de puissance fiscale et des avantages fiscaux. Je pense que nous ne sommes pas loin d’une loi ou d’un cadre réglementaire pour régir l’activité et l’importation de ces véhicules et du développement d’un écosystème autour de ce moyen de locomotion écologique