Cuisine et Vins de France

Un trio talentueux à Coretta aux Batignolle­s, à Paris

En dix petits mois, le trio aussi inattendu que talentueux du “Coretta”, à Paris, a prouvé qu’il tenait le bon cap.

- Texte : Emmanuel Rubin - photo : Jean-Luc Barde

Dans un milieu où les egos s’affrontent plus qu’ils ne se complètent, ceux du Coretta, l’une des nouvelles tables montantes de la capitale, ne jurent que par la règle de trois. Pour la photo, ils nous demandent de poser en trio.Tous pour un ou rien du tout. Ainsi va cette table à six mains, montée dans un bout des Batignolle­s sur deux niveaux d’architectu­re moderniste, propice à faire écho à la ligne claire d’une cuisine de bon sens et de sentiment. Ainsi vont Jean-François Pantaleon, Mathieu Marcant et Beatriz Rodrigues. Le premier, aussi sûr de ses classes (Apicius, Meurice, L’Affable) que de sa classe à twister les classiques. Le second, en salle, du genre à porter une assiette comme on porte une idée, capable, du tac au tact, de détailler le comment d’un veau et anguille au bouillon de raifort, le dessous d’une étiquette et, si vous le demandez, pourquoi il est tombé amoureux de la numéro 3.

Carrière à l’accéléré

Mexicaine débarquée en France il y a quinze ans parce que son père, restaurate­ur pas très chaud à l’idée de voir sa fille embrasser la carrière, l’y envoie avec l’assurance qu’elle reviendra fissa après avoir tâté de la dure école des casseroles cocardière­s. Faux présage mais vraie révélation puisqu’en guise de retour, Beatriz s’est offert une carrière à l’accéléré : Ecole Bocuse à Lyon, passage par les “hauts fourneaux”de Pierre Orsi et d’Alain Senderens, chef adjointe d’une vingtaine de bonshommes à La Grande Cascade du bois de Boulogne avant de lancer une première adresse à Paris (l’excellent Neva avec Mathieu, son mari) et de dédoubler, cette saison, avec ce Coretta. Pourquoi ce nom ? En hommage à Coretta Scott King, militante des droits civiques, épouse de Martin Luther King dont le parc jouxtant le restaurant a pris le nom. Une façon comme une autre pour Beatriz Gonzales de se raconter sans se dire. Car, sous la pudeur, la chef est de ces tempéramen­ts révélant un volontaris­me à tous crins. Une manière de jeune madone des fourneaux, cinglante à ciseler un ceviche de couteaux et tomates, à métisser une tête de veau de verde de cilantro (une mayonnaise coriandre et cébette) et à prouver qu’il est parfois bon de contrarier son papa. Menus à 33 € et 39 €.

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et ont imprimé leur marque aux Batignolle­s.
(au premier plan), et ont imprimé leur marque aux Batignolle­s.

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